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Grâce aux situationnistes, vous aussi affirmez sans ciller que Mai 68 est né à Strasbourg

En 1966, un mouvement révolutionnaire fera imprimer à Strasbourg De la misère en milieu étudiant…, un pamphlet pré Mai 68. A l’occasion de son 50e anniversaire, projections, concerts, table-rondes et rencontres sont organisés à Strasbourg du 21 au 29 novembre, pour interroger l’héritage de l’élan révolutionnaire des Situationnistes.

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Beaucoup de Strasbourgeois ne savent pas qu’un manifeste important de l’Internationale situationniste a été publié à Strasbourg, ni même ce qui sont les Situationnistes ! Oui, c’est assez dingue et du coup, l’Université de Strasbourg a réuni une brochette de partenaires pour proposer un mini-festival autour de ce mouvement révolutionnaire qui prônait une société égalitaire et une autogestion généralisée.

Car c’est dans les couloirs de l’université de Strasbourg qu’a circulé il y a 50 ans le « manifeste situationniste », De la misère en milieu étudiant considérée sous ses aspects économiques, politiques, psychologiques, sexuels et notamment intellectuel et de quelques moyens pour y remédier, signé « par des membres de l’Internationale situationniste et des étudiants de Strasbourg ». De cet élan découleront ensuite Mai 68 et les œuvres de Guy Debord, et des mouvements culturels comme la musique punk.

Du 21 au 29 novembre, la Fédération Hiéro Strasbourg, la galerie de photographies Stimultania, les cinémas Star et l’Université de Strasbourg proposent une bonne dizaine de manifestations, allant de conférences sur les mouvements pré-Mai 68 au concert du groupe « expérimental transpop » Hyperculte, en passant par la projection du film Rock’n’Roll… Of Corse !

Il y a 50 ans, un pré-Mai 68 dans la capitale alsacienne

Eric Brun est sociologue l’Université Picardie Jules Verne et auteur d’une thèse sur « Guy Debord et l’Internationale Situationniste ». Il interviendra lors d’une conférence sur l’histoire politique et artistique du mouvement. Il explique l’importance de rappeler le foyer strasbourgeois de la « Trajectoire situationniste » :

« Sans le mouvement de Mai 68, on ne parlerait guère des Situationnistes aujourd’hui. Le contexte strasbourgeois a contribué à l’essor des idées situationnistes : un nombre croissant d’étudiants de plus en plus politisés, des réseaux favorables avec notamment le professeur Henri Lefebvre et ses étudiants… C’est vraiment en 1966, avec l’élan strasbourgeois, que s’est diffusé le « label situationniste », qui n’était auparavant répandu que dans des milieux confidentiels d’avant-garde, artistiques et intellectuels. »

Ce mouvement révolutionnaire est apparu à la fin des années 50 par un rapprochement de groupes issus de la pensée marxiste notamment, mais qui s’est également inscrit dans un dépassement de courants artistiques comme le dadaïsme, le surréalisme et le lettrisme. La semaine anniversaire doit, d’après les organisateurs, permettre d’appréhender la persistance de l’élan strasbourgeois situationniste, et interroger l’héritage du mouvement pour les générations actuelles, notamment dans sa dimension de « liberté de penser et d’agir innovante et créative ».

Le manifeste de l’internationale situationniste a été écrit à Strasbourg en 1966 (Photo wikimedia commons)

Quel héritage actuel?

Eric Brun rappelle le composition complexe des situationnistes, et alerte sur la notion d’influence actuelle :

« C’était quelque chose d’hybride, d’abord artistique puis révolutionnaire, mais qui est resté une référence dans l’art contemporain, puis dans certaines contre-cultures comme la scène punk mais aussi le milieu philosophique. Mais c’est toujours compliqué de parler de prolongements, car on risque de tomber dans des luttes d’héritage. On retrouve quelque chose des situationnistes dans des mouvements libertaires, et dans des collectifs de la mouvance autonome ou ceux de Notre-Dame-des Landes, mais ce n’est pas si simple. »

Il précise que sa conférence vise à rappeler l’histoire du mouvement :

« Il s’agit ici de restituer le contexte d’émergence de l’Internationale situationniste, car il est important de voir ce qui a existé comme position de contestation des sociétés capitalistes, et de voir aussi les dérives. Il s’agit de comprendre ce qu’ils voulaient dire, pour aussi s’en démarquer. »

Guy Debord était un écrivain situationniste (Photo Abode of Chaos/Visualhunt/cc)

Conférences, rencontres, mais aussi musique et cinéma

Alors pour se faire une idée du contexte, de l’histoire du mouvement et des réflexions actuelles, de nombreux événements culturels et rencontres sont proposés cette semaine dans tout Strasbourg :

  • Tables-rondes et conférences :

« De la misère en milieu étudiant… : héritage et actualité », Table-ronde des organisations étudiantes, animée par Jérémy Sinigaglia, Lundi 21 novembre, Salle Pasteur du Palais Universitaire, 18h-19h45

« Histoire et prolongements intellectuels, politiques et artistiques du mouvement situationniste », Conférence d’Eric Brun, Mardi 22 novembre, à l’Institut d’Etudes Politiques, amphithéâtre 324, 18h-20h

« Les mouvements rock pré-1968 », Conférence de Christophe Brault, Jeudi 24 novembre, Graffalgar, 18h-19h30

« La génération Punk 1975-1979 », Conférence de Christophe Brault, vendredi 25 novembre, 18h-19h30

« Fanzines musicaux et philosophie DIY », Conférence de Samuel Etienne, Dimanche 27 novembre, Syndicat Potentiel, 17-19h

  • Performances artistiques et projections :

« Transfer », Performance voix-guitare par Anne-James Chaton et Andy Moor, Lundi 21 novembre, Aula du Palais Universitaire, 21h

« Nous nous proposons d’inventer de nouveaux décors mouvants. », Performance des étudiants en Arts du spectacle, avec Christophe Greilsammer, en partenariat avec Le Maillon et la résidence Entre-Cabanes de la Cie Des châteaux en l’air, Mercredi 23 novembre, Aula du Palais Universitaire, 14h-17h

« Strasbourg / Plzeň : rendre l’appareil », Projections et lectures, en présence de Guillaume Chauvin, Mercredi 23 novembre, Maison de l’image, 17h30-19h

« Le cinéma de Guy Debord – In girum imus nocte et consumimur igni « , Projection-rencontre, animée par Jérôme Malien, Mercredi 23 novembre, Cinéma Star, 20h

Rock’n’roll… Of Corse! , Projection-rencontre et apéro-concert avec Henry Padovani, Jeudi 24 novembre, Cinéma Star, 20h

« De la mystification à l’action politique : aucun détour ne ment », Projection et table-ronde en présence de Guillaume Chauvin, Rémi Hubert, Alain Kaiser et Gérard Berréby. Suivie d’une discussion libre et festive. Vendredi 25 novembre, Stimultania, pôle de photographie/« Chauvin/Hubert/Paris Match, 19h30

Hyperculte, Concert – duo batterie/contrebasse/voix, Dimanche 27 novembre, Syndicat Potentiel, 19h

Du 23 au 29 novembre, projection en multi-séances de La société du spectacle et Rock’n’roll… Of Corse! au Cinéma Star.

Entrée libre sauf pour les projections cinémas.


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