Strasbourg-Méditerranée soulève et questionne la société française avec plus de 90 manifestations sur 37 lieux de diffusion, du samedi 25 novembre au 9 décembre. Myriam Chopin et Salah Oudahar, respectivement présidente et directeur artistiques du festival, détaillent comment ils ont construit le festival autour du thème des « utopies ». Pour Salah Oudahar, « la seule utopie digne de ce nom : faire reculer l’intolérance, la xénophobie ou encore l’indifférence à l’autre » :
« Nous voulons inscrire cette édition autour des frontières, de la thématique de l’hospitalité, sous le signe des libertés de circulation des hommes et des idées. Nous voulons élargir les frontières sous le signe de l’héritage partagé. L’utopie est un état d’esprit. Cela signifie avoir un esprit de résistance au renoncement, au fatalisme, être en quête d’émancipation. C’est aussi un combat pour l’égalité, la liberté, la paix, pour une société ouverte, plus juste, plus humaine. Les sujets récurrents porteront sur la crise des migrants. »
Myriam Chopin ajoute :
« Nous voulons montrer la variété de l’histoire de la Méditerranée, ses mémoires qui s’expriment à travers différentes formes artistiques. C’est à travers ces formes artistiques que l’on sait comment lutter contre les discriminations, les restrictions. C’est un moyen de dialoguer ensemble. »
Entre débat sur la Syrie, la Turquie et la Grèce, la programmation culturelle pluridisciplinaire cherche à rapprocher ces pays en crise. Salah Oudahar se remémore le festival de 2015 avec émotion :
« Il y a deux ans, le festival se déroulait tout juste pendant les attentats de Paris. Cette année, ces questions de crainte de l’autre, de la crise migratoire, de la fermeture de certaines frontières sont posées. Rapprocher certains pays qui sont aujourd’hui en crise, c’est un pari osé mais cela représente bien l’engagement de ce festival. Aujourd’hui cet engagement est partagé par la Ville de Strasbourg. »
Six à sept films seront projetés et sept expositions sont présentées dans le cadre du festival à Strasbourg. Plus de 90 événements se déroulent du 25 novembre au 9 décembre 2017 essentiellement à Strasbourg et dans l’Eurométropole, avec une évasion à Bischwiller. Le programme complet est disponible sur le site de Strasbourg – Méditerranée.
Coup de projecteur sur la Turquie en perdition autocratique
Myriam Chopin est fière d’accueillir Zülfü Livaneli, auteur, chanteur et homme politique turc qui fête ses 50 ans de carrière :
« C’est un auteur engagé qui s’est exprimé notamment sur la répression et la situation en Turquie. Directement cela donne le ton de l’engagement citoyen qu’a le festival. »
Le concert d’ouverture accueille les voix de Grèce et de Turquie d’Angélique Ionatos et de Katerina Fotinaki, puis le violoncelliste Erman Imayhan et le pianiste Henning Schmiedt. Salah Oudahar explique :
« Nous voulons faire dialoguer la Grèce et la Turquie, leurs Histoires. Un coup de projecteur sera donné à cette relation particulière entre les deux pays, son actualité tourmentée notamment en Méditerranée. »
Toujours dans les mêmes latitudes, le concert de clôture samedi 9 décembre reçoit le groupe turco-greco-français Pera et le groupe Tinariwen, né de la rébellion du peuple touareg des années 80. Les artistes proposent un mélange de musique arabe traditionnelle et de country. Pour Salah Oudahar, c’est un appel au voyage :
« Nous allons là en profondeur dans l’Afrique, en portant un regard sur les minorités. Tourag, berbère, en recherche de reconnaissance. »
Zebda revival en guest star
Notons également le grand retour du Grand Ensemble de la Méditerranée avec Aman Aman !, un concert mêlant danse et chansons populaires de Grèce, de Turquie, des Balkans, du Moyen-Orient, du Maghreb ou de l’Europe du Sud, dimanche 26 novembre à 17h30 à la cité de la Musique et de la danse.
Un autre concert important c’est celui mené par les frères Mouss & Hakim de Zebda qui partageront la scène avec Idir, Gari Grèu (Massilia Sound System) et Karimouche. Le concert se nomme Motivés! Est ce qu’on y croit encore ?, mardi 28 novembre à 20h30 à L’Illiade.
Sept expositions proposent une relecture des conflits passés ou contemporains et un questionnement sur l’accueil des réfugiés et des immigrés. Myriam Chopin conseille particulièrement Frontières à la médiathèque Olympe de Gouges :
« Pour cette exposition, le festival est en partenariat avec le Musée national de l’histoire de l’immigration. L’importance de la question des frontières est un problème d’actualité. Faut-il oui ou non les ouvrir ? C’est la question. »
En plein dans l’utopie.
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