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Strasbourg – Méditerranée, pilule de soleil et d’ouverture contre la sinistrose nationaliste de novembre

Un peu du soleil de la Méditerranée en novembre, dans une vingtaine de lieux à Strasbourg et alentours avec des concerts, des DJ sets, des rencontres, des débats et des projections… Le festival Strasbourg – Méditerranée propose une évasion du cocon nationaliste en près de 60 rendez-vous.

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Avec une soixantaine d’événements du 20 novembre au 4 décembre répartis sur une vingtaine de lieux à Strasbourg, la 12e édition du festival Strasbourg – Méditerranée parvient à maintenir l’ampleur des éditions précédentes, malgré les incertitudes liées à la situation sanitaire. C’est déjà une performance selon son directeur artistique, Salah Oudahar, qui doit déjà jongler avec les vexations administratives imposées aux artistes en provenance d’Afrique.

Taner Akyol en ouverture du festival Photo : Sebestian Dudey / doc remis

Pour sa soirée d’ouverture, samedi 20 novembre à Pôle Sud, Strasbourg – Méditerranée propose une création exceptionnelle, avec la reprise de l’Incredible Mektoub Orchestra, un groupe de musiciens issus des deux rives de la Méditerranée et porté par le festival depuis 2019. À noter dans cet ensemble, la présence de la subtile Mervé Salgar, une virtuose du tanbur, un instrument traditionnel turc, qui vit à Strasbourg. Les musiciens seront rejoints cette année par Taner Akyol, joueur turc de baglama, le luth à manche long, et par le violoncelliste turc Anil Eraslan.

Pizzica di Torchiarolo par l’Incredible Mektoub Orchestra (vidéo YouTube)

Des rencontres pour une contre-parole sur l’immigration

Cette création synthétise les ambitions du festival : bâtir des ponts culturels entre les peuples et les générations, et en montrer les joyaux qui émergent de ces rencontres. Au delà des concerts et des spectacles, Strasbourg – Méditerranée propose d’ailleurs de nombreux rendez-vous littéraires, débats, table-rondes à la librairie Kléber, à La Tache Noire ou au Munsterhof. Il y sera beaucoup question des migrations, des droits de l’Homme et d’identités chahutées. Ces rendez-vous, gratuits pour la plupart, font intervenir des philosophes, des chercheurs et des écrivains. Leurs paroles feront du bien à celles et ceux qui se déplaceront pour les écouter, dans un contexte où la parole médiatique est réservée aux polémistes d’extrême-droite et aux replis nationalistes… Ce généreux programme, disponible en ligne ou en PDF, est très dense.

Salah Oudahar est particulièrement fier d’accueillir des personnalités rares, comme Sophie Bessis, samedi 24 novembre à 17h à la librairie Kléber. Cette historienne et journaliste tunisienne vient de publier Je vous écris d’une autre rive. Lettre à Hannah Arendt (Ed. Elyzad) où elle questionne l’absence de l’Orient dans la philosophie allemande. Autres invités de marque lors de deux journées d’hommage, les ombres du poète palestinien Mahmoud Darwich vendredi 3 décembre et du compositeur grec Mikis Theodorakis, samedi 27 novembre. La Grèce, carrefour de l’Europe, sera l’un des temps forts du festival 2021.

Financé principalement par la Ville de Strasbourg (environ 135 000€ à plusieurs titres), le festival regrette de ne pouvoir inviter autant d’artistes de la rive sud de la Méditerranée qu’il le souhaiterait. Les subventions de l’État étant en baisse depuis 10 ans, celles du Département Alsace et de la Région Grand Est restant stables. Salah Oudahar cherche en outre à maintenir la plupart des rencontres et des débats gratuits. Pour ces raisons, le festival multiplie les partenariats et a quitté la salle de la Bourse qu’il occupait quasi-constamment et a trouvé asile à Pôle Sud cette année pour sa soirée d’ouverture.


#Strasbourg – Méditerranée

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