Lors du premier confinement, Emmanuel Dosda, journaliste et attaché de presse polyvalent, écoute le récent disque du duo Encore. Interpellé par l’originalité de cette musique, il la partage à Benjamin Cascherav, co-fondateur d’un réseau de musique underground : La Souterraine. De là nait l’idée de préparer une compilation musicale qui reflète à la fois la richesse et la diversité du bassin musical strasbourgeois. Joël Beyer et son label #14, dédiée à l’émergence musicale, ont également rejoint le projet, apportant plusieurs artistes supplémentaires. Strasbouge Encore a connu bien des moutures et des rebondissement en un an de préparation. Finalement, la liste sera fixée à 24 artistes, avec un critère : toutes les paroles se doivent d’être en français. Bien que la compilation soit subventionnée par la ville de Strasbourg, les concepteurs cherchent encore à finaliser le budget en vue d’éditer un disque. Mais elle sera quoi qu’il arrive largement distribuée en digital par La Souterraine.
Variétés au menu
Les projets de la compilation sont hautement hétéroclites et forment un patchwork de styles et de poésies singulières. Cette diversité est notamment due aux labels, qui travaillent depuis longtemps à favoriser les univers d’artistes atypiques. Le grand écart se retrouve également en terme de moyens et d’expériences. La compilation associe autant des musiciens installés que des groupes émergents. Sa sortie de est prévue fin juin 2021, mais les artistes sont peu à peu dévoilés et présentés en ligne.
Encore
Le duo qui donne son nom à cette compilation y occupe une part égale à ses camarades (un vingt-quatrième de place). Avec ses mélodies de synthé et ses percussions profondes, cette musique s’adresse au corps tout entier. Une écoute physique est nécessaire pour pleinement se saisir des morceaux. L’électro se retrouve dans des rythmes stroboscopiques, qui se superposent et finissent rapidement par brouiller les sens.
Claire Faravarjoo
Les scènes décrites dans nombre des morceaux de Claire Faravarjoo semblent tirées d’un monde révolu : des fêtes, des boites, des tendresses alcoolisés et toutes ces poésies nocturnes effacées par les confinements successifs. Cela explique sans doute la mélancolie qui se dégage parfois d’une musique pourtant entrainante. Les regrets qui planent dans la fumée ambiante agissent comme des loupes sur des petits riens, instants suspendus de solitude et de voix intérieures. Rue89 Strasbourg avait dressé en 2017 le portrait de ce groupe.
Soleils Bleus
À la pointe de l’expérimental confidentiel, le label des Soleils Bleus pratique sa musique avec la même ferveur qu’un cuisinier farfelu qui explore les marchés à la recherche d’ingrédients inédits. La curiosité assumée pour les sonorités déroutantes de ces farandoles improbables est la clé de cette musique, vécue comme une prise de risque constamment réactualisée.
Oceya
Pluridisciplinaire et femme-orchestre, Oceya crée ses musiques comme de vastes tableaux. C’est une immersion psychédélique en boucles hypnotiques dans des paysages dérangeants et périlleux. Mais chaque plongée possède une saveur unique qui rend curieux de goûter la prochaine. Si elle mobilise parfois des voix, traitées comme des instruments altérés par le magma coloré de ses compositions, Oceya offrira le seul morceau entièrement instrumental de la compilation.
Nebbiu
Le rap a aussi ses strasbourgeois. Nebbiu met ses textes au service de ses réflexions, et cherche à susciter la discussion. Chaque parole est lancée comme une main tendue. Il se rattache à une idée du rap comme un style narratif, qui est là pour raconter quelque chose d’intime et de singulier. Un conglomérat d’éléments disparates constitue cette musique, à l’image d’une identité façonnée par des ingrédients divers.
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