« Les avis favorables au projet se comptent sur les doigts de la main. » Cette phrase est écrite dans le rapport de la commission d’enquête publique du projet de confinement des déchets de Stocamine publié ce mardi 7 juillet sur le site de la préfecture du Haut-Rhin. L’État projette d’enfouir 42 000 tonnes de déchets industriels contaminés à l’arsenic, au cyanure ou encore à l’amiante dans cette décharge souterraine située à Wittelsheim, près de Mulhouse.
97,9% des 1 571 contributions à l’enquête étaient défavorables au projet. Parmi elles, 981 consistaient en la reprise d’une pétition contre Stocamine. Les opposants estiment que l’enfouissement est trop risqué puisque la décharge souterraine se trouve sous la plus grande nappe phréatique d’Europe occidentale, et que ce protocole amènera un jour à une pollution de la réserve d’eau potable. Mais la commission d’enquête a tout de même rendu un avis favorable au confinement, avec des réserves.
« L’état du site ne permet pas un déstockage »
Les commissaires enquêteurs, présidés par Thierry Tournier, ont reconnu que la meilleure solution serait « la suppression de la source de pollution », soit le déstockage des déchets que demandent les écologistes. Ils ont aussi souligné qu’ils « comprennent la défiance de la population » vu que le projet était présenté comme provisoire au départ.
Mais en se basant sur des observations réalisées par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) lors d’une visite le 10 février 2023, ils estiment que « l’état du site de stockage ne permet pas un déstockage des déchets dans un laps de temps compatible avec l’impérative nécessité de réaliser un confinement dans de bonnes conditions ».
Le BRGM a affirmé que les conditions n’étaient plus réunies pour un déstockage vu le niveau d’ennoyage des galeries et le résultat de « l’endoscopie des piliers », qui mettent en évidence une dégradation de la stabilité des ouvrages. C’est en partant du principe que le déstockage n’est plus faisable que les commissaires enquêteurs donnent un avis favorable et concluent que la meilleure solution est de limiter au maximum la source de pollution en réalisant le confinement.
De nombreuses réserves
Ils émettent tout de même des réserves et formulent six demandes dont « compléter le dispositif de mesure de l’ennoyage de la mine », « compléter les dispositions relatives aux restrictions d’usage » de l’eau et « à la mémoire du site ». En effet, Stocamine pourra polluer la nappe phréatique pendant des milliers d’années, ce qui nécessite que les générations futures connaissent cette source de pollution.
En se basant sur une modélisation mathématique de l’Ineris, l’État et les Mines de potasse d’Alsace (MDPA), gestionnaires de Stocamine, estiment que cette contamination sera très faible et ne menacera pas l’eau potable. Mais les opposants au projet, notamment des scientifiques, considèrent au contraire que de nombreuses lacunes persistent dans le dossier et prônent un déstockage le plus important possible des déchets pour préserver la nappe.
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