En février, les nouveaux agents en charge de contrôler le stationnement à Strasbourg ont vérifié 46 424 véhicules garés sur la voie publique à Strasbourg. Sur ces contrôles, 5 437 véhicules étaient en défaut de paiement et ont donc reçu l’un de ces fameux « forfait post-stationnement » (FPS) à 35€. Sur ces amendes d’un nouveau genre, seules 65 (1,29%) ont été contestées. Ces chiffres sont issus de Streeteo, une filiale d’Indigo, l’entreprise délégataire de la collecte et de la gestion du stationnement en ville à Strasbourg depuis janvier.
Pour la Ville de Strasbourg, la précision de ces chiffres montre bien que la concession du stationnement permet aux collectivités de bien mieux connaître l’usage qui est fait de leurs places de parking. Mais il y a encore des « marges de progression » comme disent pudiquement les experts. Par exemple, Streeteo semble incapable de communiquer le montant du chiffre d’affaires généré par le stationnement en voirie sur un mois… La Ville est dans la même incapacité… Tout juste assure-t-on que les recettes ont progressé de 10%.
« C’est trop tôt, » indique Pernelle Richardot, adjointe au maire de Strasbourg (PS), en charge du stationnement. Mardi lors d’un point d’étape avec les dirigeants de Streeteo et d’Indigo, elle précise :
« Depuis que nous avons mis en place ce dispositif, on constate que le taux de paiement du stationnement progresse, de 77% à 89%, et donc la rotation des places s’améliore. Des gens m’appellent pour me signaler qu’ils peuvent enfin se garer à Strasbourg ! Il est clair que les personnes qui doivent passer leur journée à Strasbourg doivent changer leurs habitudes et utiliser l’un des moyens à leur disposition, comme les parkings-relais, plutôt que les places en voirie. »
La moitié des agents pas encore assermentés
Pernelle Richardot tient à rappeler que les prix des tickets n’ont pas changé, sauf au-delà de deux heures en zone rouge, trois heures en zone orange. En outre, la situation à Strasbourg n’a donc rien à voir, promis juré, avec celle de Paris où des agents de Streeteo ont été pris en train de contrôler les véhicules alors qu’ils n’étaient pas assermentés, ce qui est interdit, voire carrément d’envoyer des FPS depuis des numéros de plaques d’immatriculations récupérées automatiquement… Non, à Strasbourg, tout est sous contrôle assure Pernelle Richardot :
« Nous avons avec Indigo une relation franche et directe, tous les mois nous faisons un point et nous vérifions que le travail des agents correspond bien au cadre de la délégation de service public. Je rappelle que, contrairement à Paris, nous n’avons pas fixé de prime d’objectifs à Streeteo. Quant aux FPS, s’ils sont encaissés par Streeteo, leur produit va dans les caisses de l’État. »
Reste que la situation de Streeteo à Strasbourg est encore quelque peu précaire. Outre les démissions en série parmi les premiers recrutements, dont les DNA s’étaient fait l’écho, l’entreprise n’est toujours pas en mesure d’atteindre le nombre de 21 agents en service, qu’elle avait promis dans sa candidature à la délégation. Selon Paul Coiffard, directeur général de Streeteo, l’équipe actuelle est composée de 19 personnes, dont deux chefs d’équipe. Mais parmi eux, seuls 9 agents sont assermentés, c’est à dire en mesure de contrôler le stationnement et d’éditer les FPS éventuellement. Les 10 autres ne peuvent que regarder ce que font leurs collègues, en attendant de passer devant le tribunal d’instance.
Streeteo estime que ses employés peuvent contrôler 40 à 60 véhicules par heure.
C’est peu pour contrôler les quelques 14 000 places en voirie de Strasbourg, d’autant que les agents doivent passer deux fois par jour en zone rouge, 1,5 fois en zone orange et une en zone verte. Heureusement pour eux, les agents sont aidés par deux véhicules dotés de caméras, qui permettent de lire et de répertorier les plaques d’immatriculation (LAPI : lecture assistée des plaques d’immatriculation) des véhicules garés sur la voie publique. Ces voitures LAPI ne sont pour l’instant pas utilisées pour le contrôle du stationnement, c’est interdit assure Paul Coiffard. Les informations collectées ne servent qu’à « produire de la donnée » sur l’occupation du domaine concédé, à des fins statistiques pour Streeteo et l’observatoire du stationnement de la Ville de Strasbourg.
Quant aux 35 agents de sécurité de la voie publique (ASVP), ils n’ont pas disparu ! Ils ont été redéployés autour des écoles pour sécuriser les accès et assurent toujours le contrôle des terrasses.
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