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Avec Split, retour en force d’un maître du cinéma fantastique

Remis en selle par le prolifique producteur Jason Blum, M. Night Shyamalan revient avec Split à ce qui a fait la force de son cinéma : l’efficacité et la candeur, la sacralisation de l’innocence et un flirt prononcé avec le surnaturel.

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Dans Split au cinéma, Kevin (ou l’un de ses alter egos) enlève et séquestre trois jeunes filles dans une cave. Une psychiatre, en croisade pour la reconnaissance des troubles de la personnalité multiple, mène l’enquête. Le postulat apparaît tout à fait classique, mais ce qui intéresse le cinéaste, M. Night Shyamalan, c’est la schizophrénie délirante de son personnage principal.

Kevin devient tour à tour Dennis, Patricia ou Hedwig. Inspiré du célèbre cas de Billy Mulligan, le protagoniste de Split cohabite avec 23 personnalités et annonce la venue d’une 24ème, terrifiante synthèse de son être déviant.

La personnalité dominante (Copyright KARIM FRIHA)

Hauts et bas d’une carrière fulgurante

La carrière de Shyamalan a peut-être commencé trop fort, trop tôt. Porté aux nues dès son troisième film (Sixième sens en 1999), fréquemment comparé à Steven Spielberg pour son aisance à marier peur et émotion, le prodige a tenu ses promesses pendant quatre films, avant de s’effondrer en tentant de renier sa marque de fabrique. Le natif de Philadelphie (toutes ses œuvres prennent place dans la ville de l’amour fraternel) s’est cassé les dents en tentant un détour par la science-fiction et les machines pharaoniques des studios hollywoodiens.

L’affiche met le comédien à l’honneur (Copyright Universal Pictures)

C’est un producteur de films d’horreur fauchés mais populaires qui lui redonnera sa chance avec une œuvre minimaliste, un petit film de transition intitulé The Visit.

De l’intrigue au personnage à tiroirs

Split s’inscrit dans la continuité de l’âge d’or du cinéaste. Le scénariste-réalisateur affectionnait les intrigues à tiroirs, les twists, les revirements. Il s’offre là un personnage poupée-russe, pour d’infinies variations sur le thème de l’identité et de la peur. James McAvoy interprète avec un indéniable brio un personnage aussi grotesque que terrifiant, un monstre polymorphe, capable d’enjôler comme de briser.

Shyamalan est un auteur passionnant, avec des thématiques fortes. Et parmi celles-ci, il y a l’idée de faux-semblants, de mensonge. La caste du Village cachait son but premier, à savoir la préservation d’une communauté. L’homme de verre d’Incassable masquait ses intentions, semait la mort pour tromper la solitude. Les personnages ne sont pas ce qu’ils semblent être. Et en ce sens, le personnage principal de Split a des vertus orgiaques.

Ana Taylor Joy, à gauche, révélation du film The Witch en 2016 (Copyright Universal Pictures / John Baer)

Le retour de l’übermensch

Isolé dans la filmographie de son auteur, ce nouveau film a donc d’indéniables atouts. Thriller efficace, écrin pour un comédien brillant, Split remplit ses promesses.

Et il offre, le temps d’un plan, aux abords du générique final, des perspectives supplémentaires. Il est complexe d’en révéler plus sans gâcher la surprise du spectateur. Mais à la fin du film, après un encart rappelant le titre de l’œuvre, Shyamalan offre une scénette supplémentaire, un regard étendu sur sa propre mythologie et la confirmation d’une promesse vieille de 15 ans.

Split pourra alors être apprécié comme l’une de ces variations sur le thème, non du super-héros, mais de l’übermensch, le surhomme Nietzschéen. Cette révélation, ce clin d’œil, seront confirmés et alimentés par une œuvre postérieure, à n’en pas douter. Les aficionados du cinéaste seront donc rassurés quant à la vision étendue de l’auteur. Le maître du fantastique des années 2000 semble avoir encore beaucoup à offrir.


#cinéma

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