« Si on avait rien demandé, on serait toujours à 1 300 personnes à travailler sur site », jure Thomas (le prénom a été modifié). Ingénieur pour Euro Information, ce délégué du personnel se félicite du changement de position de la direction quant au télétravail en période de pandémie de coronavirus
« Vendredi 20 mars, les cadres souhaitaient encore garder 30% des effectifs sur site. Trois jours plus tard, nous avons obtenu l’engagement d’un maintien de 10% environ des travailleurs sur place. »
L’entreprise confirme cette réduction des personnels sur site. Elle rappelle que le mercredi 18 mars, un mail du président d’Euro Information indiquait « Nous sommes dès à présent en capacité d’assurer le télétravail pour 70% de nos salariés et visons encore une augmentation dans les prochains jours ».
Un droit d’alerte et un revirement
Ce revirement fait à suite à un droit d’alerte pour danger grave et imminent exercé par un délégué syndical CGT pour tous les salariés d’Euro Information la filiale informatique du Crédit mutuel. Dans une déclaration datée du 20 mars, le représentant du personnel fustige « l’insuffisance, le retard pris, la désorganisation, les directives disparates dans la mise en oeuvre des mesures sanitaires et l’absence de transparence à l’égard des situations avérées ou soupçonnés. »
« Un sentiment d’injustice et l’angoisse »
Dans l’explication de ce droit d’alerte, le délégué syndical CGT déplore aussi un manque de transparence de la direction face à l’épidémie : « La décision (initiale, ndlr) de laisser 30% des salariés venir travailler sur site a contribué à installer un sentiment d’injustice et amplifié l’angoisse de ces salariés obligés de se déplacer pour venir travailler sur site. »
Frank (le prénom a été modifié) faisait justement partie de ces salariés angoissés à l’idée de se rendre au travail dans la semaine du 16 mars. Aujourd’hui, l’informaticien se félicite d’avoir pris des congés suite au refus de son responsable de le laisser télétravailler : « 80% des gens de mon équipe sont malades… »
Un manque de transparence
Dans une lettre datée du 25 mars, l’Inspection du travail a rappelé la direction d’Euro Information à l’ordre sur les mesures prises pour la sécurité et a santé du personnel. Les dirigeants de la société ont ainsi été sommés d’indiquer « la liste des postes pour lesquels le télétravail a été mis en place » et « s’agissant des postes non-éligibles au télétravail, les mesures de prévention actuellement mises en oeuvre. »
Selon nos informations, le jeudi 26 mars, près de 10% des effectifs d’Euro Information travaillaient sur site. « Ce personnel fait notamment partie de l’équipe technique qui surveille les machines pour intervenir en cas de panne », explique un délégué du personnel. Mais pour Toma Grcic, délégué syndical CGT, la direction pourrait encore aller plus loin en laissant télétravailler les salariés « qui pourraient se rendre sur site en cinq à dix minutes en cas de défaillance des applications critiques qui peuvent bloquer le fonctionnement de la banque. »
Déléguée syndicale CGT du Crédit Mutuel au niveau national, Valérie Missillier estime que les efforts du groupe bancaire sont insuffisants dans d’autres villes :
« Le 26 mars, à Marseille, on avait 90 salariés sur 1000 du réseau en télétravail et 75 salariés sur 250 du siège en télétravail. À Lyon, sur une population totale de 1300 salariés, 146 sont en télétravail. On est très très loin de la situation optimale… »
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