Si les consultations programmées ont toujours lieu, le service des urgences de la main basé au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Hautepierre ne fonctionnent plus en raison du manque de personnel. « Pendant presque deux mois, ils n’ont été que trois internes chaque jour. Cette situation doit durer jusque septembre. Or, pour qu’une ligne de garde tourne, il faut au moins six internes, » explique Clémence Guégan, présidente du syndicat autonome des internes d’Alsace (SAIA).
L’épuisement des internes dénoncés depuis plusieurs années
SOS Main repose sur le travail des internes. Indispensable au fonctionnement global de l’hôpital public, ces étudiants de médecine en fin de cycle dénoncent régulièrement leurs conditions de travail, en particulier les horaires interminables dépassant en moyenne 50 heures par semaine. En juin 2021, une consultation du Syndicat autonome des internes d’Alsace (SAIA) dressait un bilan inquiétant de l’état psychologique des médecins en formation. Un quart des répondants avait une forte probabilité de présenter une détresse psychologique.
La fermeture des urgences de SOS Main n’est pas un cas isolé aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). En juillet 2023, une vingtaine d’internes apprentis-chirurgiens ont cessé le travail plusieurs jours au Centre hospitalier de Strasbourg. Épuisés, ils ne pouvaient plus répondre aux trop nombreuses sollicitations des urgences.
Une fermeture partielle depuis le 2 mai
Dès la fin mai, les gardes de SOS Main ont été fermées une semaine sur deux, avec des redirections vers la clinique Rhéna depuis cette date. La présidente du syndicat d’internes évoque quatre arrêts maladies d’internes rien que pour le service de SOS Main. « Une interne a fait plus de 100 heures la semaine juste avant son arrêt de travail. Ce n’était plus possible », déclare Clémence Guégan.
Une enquête récente du syndicat d’internes Saia a révélé d’importants dégâts liés au surmenage permanent, comme l’explique Clémence Guegan :
« On a posé des questions et 70% des internes en orthopédie ont admis être déprimés. Tous étaient en grande souffrance avec notamment le sentiment de mal traiter leurs patients. L’un d’eux m’a demandé si “un suicide ferait enfin bouger les choses ?” On a alerté la direction générale sur l’urgence d’une solution pérenne, mais rien n’est venu. »
De fait, tous les patients sont redirigés vers la clinique Rhena. Situé au quartier du Port du Rhin à Strasbourg, la clinique privée prend en charge toutes les urgences médicales et chirurgicales suite à des traumatismes.
Des internes exténués
« Pour que les gardes puissent rouvrir dans de bonnes conditions, il faudrait un recrutement du personnel à SOS Main. C’est la condition pour que les internes soient bien formées et que les patients soient bien soignés. Ça ne servirait à personne de rouvrir trop tôt », conclut Clémence Guégan.
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