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Au Molodoï jeudi, la Sound Lab : plus qu’une soirée, une expérience sensorielle.

Imagine. Le laboratoire d’un savant fou, des fioles, des lumières noires, une atmosphère occulte. Un docteur Frankenstein qui s’’érige en chef d’’orchestre, t’invitant à une folle nuit de musique et de fête, à un mélange de concerts de blues rock, de hip-hop et de psytrance qui s’entremêlent dans une symbiose unique d’amitié et de joie, pour une soirée inoubliable. Ça se passe au Molodoï à Strasbourg jeudi 26 janvier.

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Aymara est une association de Strasbourg qui a vu le jour il y a trois ans. C’’est une dizaine de potes de longue date, tous artistes, qui se sont réunis. Photographes, musiciens, graffeurs… Ils ont créé un collectif unique, jeune, dynamique. Leur but ? Ce sont deux membres qui l’explique, Jenji et Vinc :

« On veut créer des atmosphères, tout un univers dans lequel le public est complètement immergé. On adopte une démarche pleinement artistique. On ne veut pas s’’imposer de limites, on veut pouvoir promouvoir plein d’’arts différents. On a la capacité pour développer un univers total. »

Issus du monde de la nuit et de l’’art, la bande d’Aymara veut mélanger les passions de leurs membres à travers la création d’’événements originaux. À partir d’’un thème précis, que ce soit la jungle ou le laboratoire d’’un savant fou, ils expriment leur créativité, développant une scénographie, invitant des musiciens sur scène, jouant sur les cinq sens :

« Chaque sens constitue un pôle pour nous et ils représentent une infinité de possibilités sensorielles qu’on va explorer dans nos soirées. On propose au public un voyage du corps et de l’esprit, on les pousse à transcender leur sens. Par le cocktail musical, pour l’aspect auditif, les couleurs, la lumière et le décor pour la vue, un labyrinthe de senteurs pour le côté olfactif, un jeu de texture pour le toucher et, bien sûr, l’aspect gustatif qui reste encore à développer. »

Mystical Jangle. (Photo Manya / doc remis)

Jenji et Vinc poursuivent :

« On veut transformer un lieu, de façon à ne plus pouvoir le reconnaître. Le métamorphoser, que le public puisse l’’oublier et pénétrer dans un tout autre univers. C’’est quelque chose qui se fait beaucoup dans les soirées psytrance mais cela se fait peu dans les autres soirées, c’’est vraiment dommage. Pour le moment, notre force, c’’est clairement la scénographie et les concerts. On n’’a pas encore mis tous les sens en avant, on veut développer beaucoup de choses, mais on prend vraiment le temps pour tout mettre en place de manière réfléchie et soignée. On ne veut rien bâcler. On a un côté un peu perfectionniste, voire même maniaque ! »

Mélanger les molécules sonores

Pour leur Sound Lab, qui aura lieu jeudi 26 janvier au Molodoï, les Aymara ont à nouveau vu les choses en grand :

« Jeudi, l’’idée est de mélanger toutes les molécules sonores. On veut proposer une expérience unique. Tout le monde peut venir. On retrouve des gens d’’univers différents qui ne sont pas habitués à se côtoyer. »

Pour cette édition, des groupes très hétérogènes vont se suivre sur scène, à l’’image de Funkindusty, qui en profitera pour faire la release de leur premier album, Let’’s do it again, Black Cat Crossin’’ pour le blues-rock, Le Stong et son rap énergique, les Mama Sun System et leur dub-reggea, Cinder pour l’’acid techno et Geho pour la psytrance.

« On a fait notre première Sound Lab l’’année dernière. On a déjà essayé de mélanger plusieurs styles, la dub, le funk, la trip-hop … C’’était au Check Point et les retours étaient très positifs ! C’’est vraiment intéressant de faire ça car ça ne se fait quasiment pas à Strasbourg. »

La transformation complète du lieu fait partie du concept de la Sound Lab (Photo Manya / Aymara)

Jeudi, le collectif va s’inspirer du roman de Frankenstein et de l’univers des savants fous :

« On va aussi faire quelques références à la culture steampunk. On puise aussi notre inspiration dans différents films des années 70 et 80. On a un projet assez ambitieux, on va vraiment faire émerger tout un labo de chimie. On va jouer sur les lumières noires, il y aura aussi deux gros éléments de décors et on mise également beaucoup sur les détails. »

Un fantasme de soirée

Je pense que je serais incapable de te dire le nombre de fois où mes potes et moi avons fantasmé sur une soirée qui dépasserait enfin les frontières musicales pour mélanger tous les styles qu’’on aime. Alors leur Sound Lab me réjouit totalement. Mais je ne me contente pas de m’’extasier, je leur demande aussi comment l’’idée leur est venue :

« Chez Aymara, on vient tous du rock et du métal à l’’origine puis on s’’est progressivement ouvert à plein d’’autres styles. On fréquente beaucoup le Molodoï et on a assisté au gros boom de l’’électro avec la drum and bass et tous les autres styles. On a vraiment vécu la transition du rock vers l’’électro dans cette salle et c’’est quelque chose qui nous parle beaucoup. On a voulu réunir nos différents goûts et faire un clin d’oe’œil au rock qui nous unit tous. »

Les sept membres d’’Aymara sont très organisés. Chacun apporte ses idées, ils conçoivent le projet puis se répartissent les tâches, jouant sur les atouts des uns et des autres.

Mystical Jangle (Photo Manya / doc remis)

Il y a par exemple Nadia la présidente qui est étudiante en droit, Johanna chargée des décors ou Manya, actuellement étudiante à Paris, à l’’école de Luc Besson, qui s’’occupe des photos et des vidéos.

Louise, la secrétaire, développe des textes pour présenter de manière originale chaque événement. Les deux mecs très sympas que j’’ai rencontré sont Jenji, vice-président et dubmaker connu sous le nom d’Ecophylia, et Vinc, musicien qui évolue sous le nom d’’Obyah et qui se passionne pour la scénographie et le jeu de lumières. Récemment, il y a aussi Xavier, alias Rootsteppa, dubmaker du label Marée Bass qui les a rejoints.

DIY et une motivation sans borne

Organiser de tels événements demande évidemment un travail considérable, mais ce n’’est pas ça qui va arrêter les Aymara.

(Photo Manya / doc remis)

Jenji et Vinc reprennent :

« Pour préparer une soirée, on s’’y prend quatre à cinq mois en avance. C’’est très chronophage et cela demande énormément d’’énergie. Pour notre première soirée, c’’était vraiment difficile. On n’’avait pas de budget alors on a dû investir beaucoup de temps, on a fait de la récup’, on a affronté les plans qui tombent à l’’eau… C’’était physiquement très éprouvant. On fait du DIY tout le temps, on utilise pleinement le système D. »

Mystical Jangle. (Photo Manya / doc remis)

Mais leurs efforts sont payants puisqu’’ils commencent à avoir un bon public, fidèle. Ils reçoivent également de plus en plus de demandes pour des collaborations ou des installations de scénographie. Il faut ajouter que les Aymara sont très impliqués dans la vie associative strasbourgeoise :

« Chacun de nous est bénévole dans différentes associations, aussi bien Pelpass que Gaïaphonik ou Wassingue Krew. On essaye d’’aider pas mal d’’associations du coin, même si ce n’’est qu’’avec nos petits moyens, mais c’’est vraiment important pour nous. »

Soutenir les associations, oui, mais les groupes aussi !

« C’’est bien de faire des grosses soirées, en invitant des groupes qui viennent de loin, mais on tient vraiment à continuer à faire jouer des groupes locaux, on a tellement de talents ici, c’’est génial de pouvoir promouvoir cette formidable scène locale ! »

(Photo Manya / doc remis)

Les sept membres d’’Aymara n’’ont pas fini d’exprimer leur créativité époustouflante. Débordants d’’énergie, d’autres événements devraient suivre :

« On a beaucoup de projets, ça va être une belle année. On envisage notamment de faire des choses avec le Diamant d’’Or, on pense aussi à avoir notre propre scène pour la fête de la musique. On travaille aussi sur une expo qui se tiendra normalement en mars. Et le 18 février on refera notre soirée phare, la Mystical Jangle. On a un thème de base, la jungle, autour duquel on évolue librement. On donne une couleur particulière à la jungle. L’’année dernière, on l’’avait joué maïa, avec un temple. Cette fois-ci on va plus s’’orienter vers le Voodooisme. A chaque fois, on transforme le Molo en jungle en utilisant beaucoup de végétations. »

Et de conclure :

« Une chose est sûre, on est lancé et on ne va pas s’’arrêter ! »


#Molodoï

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