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SOS Racisme se relance en Alsace

Une équipe reprend l’antenne alsacienne de SOS Racisme. En déshérence depuis des années, les nouveaux militants estiment qu’il est temps de reprendre le chemin de la lutte de terrain contre les idées d’extrême droite.

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José Kouamé et Caroline Soubies relancent le comité alsacien de SOS Racisme.

SOS Racisme, c’est ce mouvement issu des banlieues françaises en 1984, qui conduira la « Marche des beurs » des quartiers populaires jusqu’à la place de la Concorde à Paris, et aussi plusieurs de ses membres fondateurs dans les ministères des gouvernements de gauche. Mais après l’élan, ce fut l’époque des renoncements et depuis, le mouvement est largement considéré comme l’exemple d’un échec pour les populations issues de l’immigration de peser sur la politique nationale.

Pour autant, SOS Racisme avait essaimé un peu partout en France des collectifs de militants, prêts à dénoncer le racisme partout où il était visible, mis en évidence à l’entrée des boîtes de nuit par exemple grâce au testing, dans le recrutement des entreprises, à l’école… C’est cette tradition militante et de terrain que veulent relancer José Kouamé et Caroline Soubies en Alsace. SOS Racisme en Alsace, ce n’était plus qu’une personne et l’association locale était à reprendre depuis 2018.

Contre la libération de la parole raciste

Habitant Obernai, employé de banque, José Kouamé s’en est douloureusement rendu compte. Né à Paris de parents nés en Côte d’Ivoire, lui-même assure n’avoir jamais été victime de racisme, jusqu’à ce que son fils de 10 ans se fasse traiter de « sale noir » à l’école. Après avoir porté plainte, il constate que l’Éducation nationale ne prend aucune sanction contre l’auteure des insultes racistes. Il cherche alors de l’aide auprès du réseau des associations antiracistes et c’est à ce moment qu’il s’est dit qu’il était temps de s’engager.

« Il existe la Licra, ou le MRAP, mais aucune structure n’était en mesure de m’aider, se souvient-il. Il manque un réseau militant avec des relais juridiques pour traiter et accompagner les situations de racisme flagrant lorsqu’elles surviennent. »

Au même moment, Caroline Soubies cherche aussi à rejoindre SOS Racisme Alsace. Le bureau national lui propose alors de relancer l’antenne régionale et elle retrouve à ce moment-là José Kouamé. Ensemble, ils relancent le bureau de l’association et prennent les responsabilités de vice-président et de trésorière du comité local. La présidence de SOS Racisme Alsace est confiée à Heroid Ademi, étudiant mulhousien engagé de 20 ans et qui était devenu le seul membre de l’association dans la région.

Relance des testings

Le nouveau comité local a beaucoup d’ambition. Ses deux porte-parole veulent proposer par exemple des cafés littéraires autour d’œuvres antiracistes et participer du 17 au 23 mars aux journées de lutte contre les discriminations. Ils veulent également relancer les testings et être en mesure de recueillir et d’accompagner les signalements d’actes racistes avec l’appui d’une équipe de juristes bénévoles. En outre, SOS Racisme Alsace prévoit de reprendre le chemin des établissements scolaires afin d’intervenir sur les questions liées au racisme et à l’antisémitisme.

Un programme chargé pour la dizaine de nouveaux membres que compte le comité alsacien mais José Kouamé et Caroline Soubies sont confiants et motivés. « Les scores de l’extrême droite en juin et la libération de la parole raciste qui a suivi nous engagent à agir », pointe Caroline Soubies, par ailleurs adjointe de direction d’une entreprise à Wasselonne. Elle rappelle qu’en juillet, en Alsace, une personne s’est mise à proférer des insultes racistes contre une famille musulmane, avant de tirer dans sa direction à la carabine à plombs.

José Kouamé et Caroline Soubies sont engagés dans un antiracisme qui « inclut tout le monde » précisent-ils. « Nous ne sommes pas une association communautariste, précise José Kouamé. La lutte contre ce fléau est l’affaire de toutes et tous. »


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