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Au sommet des Vosges, la dernière tournée d’un facteur à l’ancienne

Thierry a été facteur de montagne en Alsace pendant 24 ans. Il vient de prendre sa retraite. Au fil des années, des cafés pris et des services rendus, il a créé un fort attachement chez les habitants. Issu de l’ancienne génération de facteurs, il exerçait son métier d’une façon amenée à disparaître, à l’heure où la Poste cherche à devenir une entreprise « rentable », loin de sa mission initiale de service public.

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Ce jour-là, la neige tombe sans discontinuer. Le ciel est blanc et se confond avec le paysage. Le chasse-neige est passé mais la route a été recouverte en une heure. Thierry plante sa voiture au lieu-dit « Vers Pairis ». Après le virage, son Dacia Duster glisse tout seul dans le bas-côté, stoppé dans sa course par la clôture du pré. Le facteur ne peut rien faire. « C’est bien la première fois que je me plante ici. La neige est une vraie merde aujourd’hui. Il ne fait pas assez froid donc ça fait de la bouillasse, c’est dangereux », s’irrite t-il.

La voiture blanche flanquée du logo La Poste reste là, le nez dans la neige et le moteur allumé, le temps que Thierry, bonnet vissé et chaussures de marche aux pieds, aille déposer le courrier à la ferme située à quelques mètres. Il revient accompagné du maître de maison et de son 4×4. En quelques minutes, l’homme tracte le Duster hors du fossé. Un merci et une poignée de main plus tard, nous voilà repartis. Sur le siège passager, je n’en mène pas large. Thierry, lui, se marre. « Au moins, vous aurez tout vécu sur ma tournée, même les accidents ! »

Sans l’aide d’un habitant, le facteur aurait pu rester bloqué de longues heures.

Au mois de juin 2018, Thierry, 54 ans, a fêté les 24 ans de sa tournée, au-dessus du village d’Orbey (Haut-Rhin) dans le massif des Vosges. Près de 80 kilomètres de petites routes et de chemins dans la forêt. Seulement des hameaux ou des fermes isolées. Un peu plus d’une centaine de foyers dont beaucoup de personnes âgées. Entre eux, les facteurs disent « la tournée des Hautes-Huttes », du nom d’un des lieux-dits les plus hauts perchés du parcours, à presque 950 mètres d’altitude. Sur les registres de la Poste, c’est la tournée numéro 5 207, la plus longue du coin. Dans le meilleur des cas, le soleil brille sur les sommets et le cadre devient magnifique, quand la plaine d’Alsace est noyée dans les nuages. Les pires jours, le vent souffle et il neige, tandis que ciel et terre se confondent dans une même blancheur. « Ça chibe », comme on dit dans le patois local, pour désigner la neige qui s’envole à cause du vent.

« Pas beaucoup de courrier mais beaucoup de kilomètres »

Thierry, facteur à l’ancienne

En cette journée de février 2018, Thierry se lève à 5h30 pour débuter sa journée à 6h50, au centre de tri de Kaysersberg, où se retrouvent une trentaine de facteurs avant leur départ. Le facteur a grandi dans le coin et a toujours vécu à quelques kilomètres de sa tournée quotidienne. « Avant nous étions au bureau de poste d’Orbey et je partais de là-bas. Puis en 2005 il y a eu un regroupement de secteur », explique le facteur en triant le courrier. Une situation banale pour ce coin rural : ces dix dernières années, la Poste a fermé 6 000 bureaux parmi les moins rentables. L’entreprise en perte de vitesse sur le courrier (18% en moins en quatre ans et 500 millions d’euros de déficit chaque année) cherche par tous les moyens à faire des économies ou à trouver de nouveaux revenus. Les zones rurales -  et les facteurs qui y travaillent, comme Thierry -  sont parmi les premiers concernés.

La tournée des Hautes-Huttes n’est pas la plus simple. Presqu’aucune rue, seulement des lieux-dits. Il y a les Allagouttes, le Noirmont, le Sombrevoir, la Mossure, le Lomberg. Le courrier tient généralement en deux caisses et quelques colis. Des lettres des impôts, de la banque, des catalogues de vêtements. Des journaux surtout, Les Dernières Nouvelles d’Alsace ou L’Alsace, avec un Vosges-Matin et un Figaro. Les porteurs de journaux ne montent pas jusqu’à la crête des Vosges, à la limite entre l’Alsace et la Lorraine. « Je n’ai pas beaucoup de courrier, mais beaucoup de kilomètres. Quand je travaillais à Mulhouse, au tout début, je faisais deux kilomètres et j’avais 1 000 foyers, dix fois plus qu’aujourd’hui ! », rigole Thierry. Après quelques lotissements dans le haut du village d’Orbey, le facteur part à l’assaut de la montagne. Il est environ dix heures.

Le courrier sur la table de la cuisine

Avec les années, Thierry connaît par cœur les habitants et leurs préférences. Donatienne, 89 ans, reçoit tous les jours son journal directement sur la table de la cuisine. « Elle sait toujours tout alors qu’elle ne sort jamais de chez elle », commente le facteur devant sa ferme. Effectivement, la vieille dame nous accueille sur ces mots : « Il paraît que Claude n’a plus d’électricité depuis hier, à cause de la tempête. » Les deux fermes sont espacées de plusieurs kilomètres, mais l’information circule vite dans la vallée. Le facteur y contribue. « Oui je l’ai vu tout à l’heure, il utilise son tracteur comme générateur de secours. »

Donatienne vit avec son fils Bruno, éternel célibataire aux alentours de la cinquantaine. Autrefois, elle élevait des poules et des vaches, comme la plupart des petits paysans du coin. Elle a arrêté depuis que l’arthrose l’empêche de se mouvoir correctement. « Fais-toi un café, Thierry », ordonne t-elle, assise en tablier de cuisine, la canne à la main. Le facteur a ses habitudes chez elle : il s’y arrête au moins une fois par semaine, se fait lui-même son café pour éviter à la vieille femme de se lever. Ils parlent de la neige, de l’accident du facteur un peu plus tôt dans la matinée, partagent les dernières nouvelles du coin. Dix minutes pas plus, car la tournée est encore longue.

Le facteur s’arrête parfois chez les habitants le temps d’un moment convivial. La caricature de la tournée dans Bienvenue chez les Ch’tis n’est pas loin.

Comme Donatienne, d’autres ont exprimé le désir de recevoir le facteur dans leur cuisine. C’est l’occasion de discuter quelques minutes. Pierrot, 89 ans lui aussi, reçoit tous les jours son journal sur la table. « Même quand il n’est pas là, c’est toujours ouvert », m’explique le facteur. Ce jour-là, le vieil homme et sa femme sont en pleine préparation du repas. Monique hache un peu de lard et le met à frire dans une poêle. Pierre insiste pour faire goûter sa liqueur de sauge maison. Thierry refuse parfois l’hospitalité des habitants. « Sinon, je rentrerais à 19h tous les jours ».

Une pétition pour conserver la boîte aux lettres jaune

Apprécié des habitants, Thierry a mis en place au fil des années des petits arrangements. Ici, le facteur laisse le courrier dans la voiture. Là, il le dépose dans la bergerie en cas d’absence. Les colis, il les laisse parfois dans un coin abrité, même s’il est censé laisser un avis de passage. « En montagne, ça arrange tout le monde. Ça évite aux gens de faire des kilomètres pour aller récupérer leur paquet dans le village. » Parfois aussi, il récupère du courrier à poster sur le frigo ou directement dans la boîte aux lettres quand celle-ci est munie d’une pince à linge. Avant, les habitants de la tournée disposait de deux boîtes aux lettres jaunes, relevées tous les jours par le facteur. Aujourd’hui il n’en reste qu’une, dans le hameau des Basses-Huttes. « Les habitants des Hautes-Huttes avaient créé une pétition pour garder leur boîte, mais ça n’avait pas marché », se souvient Thierry.

Depuis cinq ans, La Poste enlève les boîtes aux lettres dans les zones les plus reculées, dans un souci de rentabilité  –  et malgré la loi française qui rend obligatoire la présence d’une boîte à moins de dix kilomètres de toute habitation. Il y a presque dix ans, la tournée des Hautes-Huttes a même fait l’objet d’une tentative de regroupement, comme l’explique le facteur. « Ils voulaient mettre des boîtes aux lettres collectives en bas des routes, pour nous éviter d’aller jusqu’à chaque ferme isolée. C’est déjà le cas dans le département des Vosges par exemple. » La tentative a échoué car la zone est classée en parc naturel. « Ils ont décrété qu’un mur de boîte aux lettres en pleine nature, c’était moche. Sans ça, au moins la moitié des tournées du coin aurait sauté ! »

Généreux et arrangeant, Thierry bénéficie en retour de l’aide des habitants, comme en cette journée de février. « J’ai les numéros de tous les fermiers du coin dans mon répertoire. Ils viennent me sortir de la neige avec leur tracteur en quelques minutes quand je me plante comme aujourd’hui. Souvent mon chef n’est même pas au courant ». La plupart du temps cependant, il parvient à se rendre à chaque boîte aux lettres malgré la neige. « J’ai l’habitude. Mes remplaçants, sont moins à l’aise et ils ramènent souvent du courrier non-distribué parce qu’ils n’ont pas réussi à aller à tel endroit ».

Sur les hauteurs, pas de vélo (même électrique) pour le facteur, mais un véhicule tout terrain.

« Personne ne vient à part le facteur et les témoins de Jéhovah »

Jean-Paul, instituteur

Les semaines où Thierry est absent, deux jeunes facteurs le remplacent : ce sont eux qui reprendront la tournée après son départ, qui attriste les habitants. « Il vient, il nous dit toujours quelques mots. Parce que les jeunes facteurs, avec nous, ils ne parlent pas. Ils ne savent peut-être pas quoi nous dire », constate Monique, la femme de Pierrot, au sujet des nouveaux facteurs. Le facteur veille pourtant à ce que la tradition se perpétue. « Il nous a expliqué chez qui il fallait rentrer, qui voulait son journal dans la cuisine et qui aimait discuter cinq minutes », explique l’un d’eux.

Sabine et Jean-Paul, instituteurs tous les deux, font le même constat. « L’autre facteur, on l’a déjà vu physiquement mais on n’a jamais parlé avec lui. Avec Thierry on a toujours notre rendez-vous pour le calendrier au mois de janvier. On boit un café et on mange les petits gâteaux de Noël », raconte Sabine. Les fameux calendriers, Thierry les commande via un catalogue, les paie avec son propre argent puis les revend. Une tâche réservée aux postiers depuis des décennies et qui fonctionne bien en montagne. Attablé devant son café, Jean-Paul ajoute : « De toute façon, depuis qu’on vit là, personne ne monte à part le facteur et les témoins de Jéhovah. »

Les remplaçants de Thierry, comme tous les nouveaux facteurs, sont contractuels : si La Poste est toujours officiellement un service public, ses salariés ne sont plus fonctionnaires. Au centre de tri de Kaysersberg, ils ne sont plus que deux : Thierry et l’un de ses collègues, qui a commencé à la même époque. « À la télévision, quand j’étais petit, il y avait le dessin animé Casimir. Le personnage du facteur rentrait chez les gens avec sa sacoche en cuir et sa casquette, il leur donnait le courrier et il discutait avec eux. À ce moment-là je me suis dit que je voulais faire ce métier moi aussi », se souvient Thierry.

En 1982, il passe un concours d’État. Il apprend par cœur le nom des départements, des préfectures et sous-préfectures. Il prête aussi serment au tribunal, jure de ne pas lire les courriers qu’il distribue et de préserver la vie privée des habitants. Cette solennité et ce sens de la mission ont disparu aujourd’hui : moins payés parce que contractuels, soumis davantage à la pression hiérarchique, les remplaçants de Thierry abattent la tournée plus rapidement, prennent moins le temps de partager avec les habitants.

« Aller à un enterrement, ça fait partie de mes attributions »

Thierry, facteur à l’ancienne

Thierry, lui, fait partie des derniers rentrés au centre de tri après sa tournée, vers 13 ou 14 heures certains jours. Et sa mission quotidienne va bien au-delà des petits arrangements pour le courrier ou des cafés. Il y a dix ans, il a retrouvé François inanimé dans son salon, victime d’une crise cardiaque. « J’avais pour habitude de déposer le courrier sur la table, c’était toujours ouvert. Là, la porte était fermée mais sa voiture était garée devant. J’ai senti que quelque chose n’allait pas. J’ai fait le tour de la maison et j’ai vu par la fenêtre arrière, qu’il était allongé au sol. J’ai appelé les secours. »

Six ans plus tard, le facteur est venu au secours de Marie-Louise. La vieille dame s’était brisé la hanche après une chute. Il a été le premier à la trouver. « Je l’ai aidée à s’asseoir contre le mur puis j’ai appelé son fils Roger et les pompiers ». Marie-Louise est décédée il y a deux ans. Il s’est rendu à son enterrement. « Ça fait partie de mes attributions. » Plus joyeux, il a assisté aussi aux naissances : « Quatorze l’année où j’ai commencé ! Et ça n’a rien à voir avec mon arrivée », ajoute t-il d’un air entendu en éclatant de rire. Au centre de tri, son responsable d’équipe, Timothée, remarque que « des facteurs comme ça, il y en a de moins en moins. »

La fin de tournée, sous le soleil, est plus paisible. (photo Pauline Jallon)

Le facteur devient « agent-vendeur »

Car le métier évolue. En 2016, la Cour des comptes a publié un rapport qui épingle La Poste et la gestion de ses 73 000 facteurs. Pour « assurer la viabilité économique et donc la pérennité de l’entreprise », le métier doit se transformer. Le métier de facteur est décrit, conformément au quotidien de Thierry, comme « une profession riche en particularités et en traditions. » Mais pour les magistrats financiers, ces traditions « solidement ancrées » peuvent parfois « constituer des freins à son adaptation aux besoins nouveaux ». Le rapport donne ensuite un chiffre éloquent : « Le nombre de facteurs en activité a diminué d’environ 2% par an depuis 2011, quand le nombre de plis à distribuer baissait de 5% ». Il faut rentabiliser, donc.

L’entreprise transforme donc ses facteurs en agents multi-tâches. Ils font désormais passer le code de la route dans leurs bureaux pour trente euros. Ils deviennent « agents-vendeurs » pour des entreprises, en proposant des catalogues de produits aux habitants de leur tournée. Thierry propose cette « prestation » sur sa tournée, depuis bientôt un an, dans l’incompréhension générale des habitants, qui connaissent trop bien leur facteur. « Statistiquement, ça permet plus de ventes, mais les gens rigolent souvent avec ça, ils ne comprennent pas pourquoi je ne mets pas juste le catalogue dans la boîte aux lettres. »

Plus connu, depuis juillet 2017, La Poste propose également « Veiller sur mes parents », un nouveau service pour lutter contre la solitude des personnes âgées : pour un tarif entre 19,90 euros et 139,90 euros, le facteur discute quelques minutes avec la personne, une à six fois par semaine selon le contrat. Thierry n’en a souscrit aucun. « Je l’ai dit à mon chef : pourquoi faire payer aux aînés quelque chose que j’ai toujours fait gratuitement pour eux ? » Sur les autres tournées de montagne du secteur, il n’y en a pas non plus. Au 31 mai 2018, selon une information du site Les Jours, La Poste n’avait souscrit que 3 251 contrats dans toute la France, majoritairement en zone urbaine.

« Quatre fois le tour du monde en quarante ans de métier »

Bernard, facteur à la retraite

Thierry a partiellement échappé aux transformations impulsées par l’entreprise. Mais depuis 2010 déjà, il ne travaille plus qu’à 80% : un aménagement qu’il a demandé lui-même, pour pouvoir aider davantage sa compagne Sylvine, propriétaire d’un hôtel-restaurant dans la vallée, et rencontrée par ailleurs sur sa tournée : son père possédait une ferme-auberge aux Hautes-Huttes, où les facteurs avaient pour habitude de s’arrêter. Mais le facteur désirait aussi s’échapper un peu : « C’est quand même plus tout à fait comme avant », dit-il, évoquant la « pression au bureau » et les « objectifs de vente » assénés tous les matins en réunion. « Quand j’ai commencé, on ne parlait pas de tout ça. »

Thierry a débuté la tournée des Hautes-Huttes en 1995. Une époque où le facteur était essentiel pour les « anciens », qui bien souvent n’avaient pas de voiture pour se rendre au village. Il y avait Pauline, « la doyenne des Hautes-Huttes », à qui il apportait parfois des médicaments quand sa fille Francine travaillait. Il y avait aussi « la Jeanne Jules », chez qui tous les facteurs déjeunaient à midi. « Un passage obligé, la reine du monde de la cuisine », ironise le facteur. « Je passais à dix heures le matin, elle avait déjà mis les pâtes à cuire. Je repassais à midi pour manger, elles cuisaient encore ». La vieille femme lui demandait parfois de rapporter une baguette de pain. « Elle me donnait 100 francs pour ça et me laissait la monnaie ensuite ! », se souvient le facteur.

Son prédécesseur sur la tournée, Bernard, a encore plus incarné l’image d’Épinal du facteur, à partir de 1971, quand la Poste se nommait encore « PTT », pour Poste, Télégraphes et Téléphone. Le retraité se souvient des pèlerines en laine et des sacoches en cuir. « À l’époque, je faisais tout à pied l’été et à skis l’hiver. Et il n’y avait pas de route, c’était des sentiers. J’ai compté : j’ai fait quatre fois le tour du monde en quarante ans de métier ! » Bernard rapportait aussi du tabac, du pain, des journaux, de la pharmacie pour rendre service. « Un sac devant, un sac derrière, et c’était parti ». La boîte aux lettres n’existait quasiment pas à son époque. Dans une pochette, l’ancien facteur garde de cette époque quelques photos et des coupures de journaux. Une dame lui a même écrit un poème lors de son départ en retraite.

Bernard, le prédécesseur de Thierry allait aux mêmes endroits, mais avec d’autres moyens de déplacement (document remis)
Une petite lettre et ça repart. (document remis)

C’est au tour de Thierry désormais de quitter la tournée des Hautes-Huttes. À tout juste 54 ans, la Poste lui a proposé un TPAS, temps partiel aménagé senior. En juillet, il a arrêté complètement, mais continue de toucher 70% de son salaire jusqu’en 2021. Ensuite, ce sera la retraite, la vraie. Le facteur a déjà rendu le Duster et ses vêtements bleu marine flanqués du fameux logo jaune.


#Orbey

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