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Plongée dans l’univers du jeu vidéo avec les Smash Unleashed

À l’occasion de la quatrième édition du festival du jeu vidéo Start to Play, Rue89 Strasbourg s’est rendu à un tournoi organisé par Smash Unleashed. Tous les mardis soirs, ces passionnés se retrouvent autour du même jeu : Super Smash Bros.

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Oblon et Hedgeon. Derrière ces deux pseudos, se cachent deux Strasbourgeois fans de jeux vidéo, Jérémy et Maxime, 27 et 23 ans. Début 2015, les deux amis se lancent dans l’organisation de tournois du jeu « Super Smash Bros », un jeu de baston avec les personnages Nintendo. Rapidement rejoints par d’autres adeptes du jeu, le groupe de garçons se donne un nom, « Smash Unleashed Strasbourg » (soit « smash déchaîné » en français, en référence à un autre jeu Nintendo, Sonic Unleashed).

Le rendez-vous est fixé un mardi soir au restaurant-bar « Le Bercail ». Pourquoi cet établissement ? De l’extérieur la question se pose. Il suffit de rentrer pour que tout s’explique : à gauche de l’entrée, un escalier. Au sous-sol, une salle de jeux.

« Beaucoup de personnes sont étonnées en arrivant ici, sourit Maxime, le « leader » de Smash Unleashed. Mais comme on fait pas mal de bruit, on est mieux ici, à l’écart. On ne gêne personne et on a un grand espace rien que pour nous ».

Les mardis, c’est tournoi Wii !

Il est 22h30 et une quinzaine de joueurs sont encore présents dans le sous-sol du bar. Certains regardent la partie en cours, d’autres discutent des techniques de combat. Entre deux gorgées de coca, les joueurs éliminés s’entraînent sur les cinq autres écrans de la salle, plus petits. Ils espèrent faire mieux la semaine suivante.

C’est dans cette salle que les membres de Smash Unleashed se retrouvent tous les mardis soirs de 19h à minuit, toujours pour le même jeu. Tous les mardis, vraiment ?

« À quelques rares exceptions, oui ! Ce soir (le 15 août), c’est un mardi férié par exemple et on est là, pendant les vacances on est là, à Noël on est là ! Bon c’est encore jamais arrivé depuis la création de Smash que le 24 décembre tombe un mardi, mais je suis sûr qu’on serait assez nombreux », rectifie Maxime.

Les Smashers, « une vraie bande de copains » qui partagent une passion pour le jeu Super Smash Bros. (Photo: LG / Rue89 Strasbourg)

« Créer une structure pour organiser des événements de qualité »

Le « on » auquel fait référence le jeune Strasbourgeois, ce sont les vingt habitués présents à chaque compétition, le « noyau dur de l’équipe, une vraie bande de potes » comme dit Jérémy, co-fondateur du groupe.

Une « bande de potes » que dirige Maxime depuis deux ans et demi. Comme beaucoup de fans de jeux vidéos à Strasbourg, il commence à jouer au Meltdown (un bar à jeux vidéos). Mais il est vite déçu de l’offre proposée et de la taille de l’établissement. Après quelques embrouilles avec des personnes du bar, il décide de prendre les choses en main avec Jérémy :

« On a voulu créer une structure pour organiser des événements de qualité. On a profité de la sortie de la quatrième version de Super Smash Bros (novembre 2014, NDLR) pour nous lancer. Les autres fans du jeu nous ont fait confiance, et de là, l’équipe s’est formée. »

Un groupe dont les membres s’affrontent exclusivement sur Super Smash Bros. Maxime a grandi avec ce jeu-là. En 2002, quand la deuxième édition du jeu sort, Maxime a huit ans. Quinze ans plus tard, il est passé de la Gamecube à la Wii U, mais son amour pour Super Smash Bros reste inchangé. Il adhère particulièrement au concept : contrairement aux autres jeux de combats, le but est n’est pas d’épuiser la jauge de vie de l’adversaire. Pour gagner il faut l’éjecter du ring en lui infligeant des pourcentages de dégâts.

Plus qu’une passion pour le jeu vidéo, Maxime veut en faire son métier. Tout juste diplômé de la Ludus Academie, une école de développement et de programmation de jeux vidéos à Strasbourg, où il a étudié pendant deux ans, il souhaite devenir développeur. Un jour peut-être, il créera lui aussi un jeu vidéo pour lequel des jeunes se passionneront.

Faire des visuels à l’issue de chaque tournoi demande un travail conséquent. (Document Smash Unleashed Strasbourg)

Organiser des tournois, un investissement chronophage

Ce soir-là, au Bercail, la bataille fait rage. Il ne reste que quelques gamers en lice vers 23h, dont Maxime. C’est Jérémy, co-fondateur de Smash Unleashed, qui se charge alors de répondre aux questions.

Le jeune gamer de 27 ans, porte fièrement le t-shirt de Smash Unleashed ce soir-là. S’il est ravi de la réussite de son groupe, il déplore le manque d’encadrement et d’associations dans la région :

« Le problème, c’est qu’on a la communauté de joueurs mais pas les structures autour. Beaucoup de gens veulent jouer, mais peu sont prêts à s’investir dans l’événementiel. Cela demande un gros investissement, on peut passer des heures à faire les visuels, à enregistrer matchs, à trouver des salles pour de plus gros événements. J’ai dû apprendre comment fonctionnent les logiciels d’organisation de tournois, ça m’a pris un temps fou ! Et tout ça, sur mon temps libre et bénévolement. »

Le bénévolat aura en tout cas « payé » pour lui. Le Strasbourgeois de 27 ans sait que son expérience avec Smash lui a permis de décrocher son emploi actuel d’animateur dans le centre socio-culturel de son quartier. Il faut dire qu’il est rôdé : avec près de 150 tournois organisés en deux ans et demi, la logistique et la gestion humaine n’ont plus de secrets pour lui. Il met aujourd’hui à profit les compétences développées avec le groupe dans sa vie professionnelle.

Une équipe qui accepte les novices, mais qui reviennent rarement

Les Smash Unleashed se disent ouverts à la venue de novices: pour participer aux tournois du mardi, pas de critères de niveau, seule une contribution de 5€ est demandée (qui donne droit à une boisson et permet de payer les « cashprices », les récompenses de des trois meilleurs du soir, de 3 à 12 euros). Dans les faits battre ces passionnés de Super Smash Bros, pour qui les commandes du jeu n’ont plus de secret, relève de l’impossible pour des joueurs inexpérimentés.

Les débutants qui se joignent au groupe ne viennent pas par hasard. La plupart du temps, des membres invitent quelques amis le temps d’une soirée, pour leur faire découvrir leur univers. C’est le cas de Célia ce soir-là, invitée par Nicolas, alias Dadrik. Lui-même a rejoint les Smashers en 2016 grâce à un ami de la fac, qui fréquentait l’équipe. « On s’étend surtout grâce au bouche à oreille. La majorité des nouveaux ne viennent qu’une fois, pour tester, mais quelque uns, comme moi, reviennent régulièrement et deviennent des membres à part entière », explique cet étudiant strasbourgeois.

Les gamers, concentrés, ne lâchent pas l’écran d’un oeil. (Photo: LG / Rue89 Strasbourg)

Un « zéro pointé » pour le jeu vidéo compétitif en France 

Alors que l’industrie vidéo-ludique est en pleine expansion (elle représente la deuxième industrie culturelle en France derrière le livre) et que certains considèrent le jeu vidéo comme le « 10e art », Jérémy voit les choses différemment. Selon le jeune gamer, si les studios français sortent de bons jeux, le pays reste très en retard dans le jeu compétitif :

« Aux États-Unis, au Japon ou en Corée du Sud, les compétitions de jeux vidéos sont gigantesques et engrangent des millions de dollars. Chez nous par contre, c’est un zéro pointé. La France est frileuse à mêler argent et jeux vidéos. Les lois sont très peu permissives. On voit que cela fonctionne bien ailleurs, alors pourquoi pas chez nous ? »

Jérémy et Maxime seront présents pour la troisième année consécutive au festival du jeu vidéo Start to Play, du 25 au 27 août. À cette occasion Smash Unleashed va bousculer ses habitudes puisqu’elle organise un tournoi de… Super Smash Bros le vendredi.

Si la taille de l’événement ne leur fait pas peur (cet été, le groupe a organisé trois compétitions qui avaient attiré un peu plus de quarante participants à chaque fois), la différence avec le tournoi au festival, c’est la participation d’enfants. « L’âge moyen des Smashers c’est 23/24 ans, on voit rarement des petits jouer. À Start to Play, quand on a vu qu’une dizaine d’enfants s’étaient inscrits à notre tournoi, on était très surpris », se souvient Jérémy.

La nouvelle génération de Smashers ?


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