Qu’est-ce qu’une « enquête ouverte » ? C’est une production journalistique pour laquelle chaque citoyen concerné (riverain, associations de protestation, expert, salarié d’entreprise de gestion des déchets ou de collectivité locale) peut contribuer en apportant aux journalistes ses informations, documents, témoignage via un système de communication sécurisé.
C’est ensuite que débute le véritable travail journalistique : recouper ces informations, les compléter par des interviews, des reportages, pour ensuite publier des articles sur Rue89 Strasbourg et ailleurs dans la presse en ligne locale indépendante (Rue89 Lyon, Rue89 Bordeaux et MarsActu). Car dans ce processus, l’enquête se déroule en quasi-direct, sous les yeux du public, qui peut intervenir à tout moment, jusqu’à participer aux conférences de rédaction.
Enquête ouverte a déjà mené à bien une première enquête portant sur un escroquerie à la défiscalisation : Résidences de tourisme, placement toxique ? Avec de bons résultats : plus de 100 000 pages vues sur un sujet pointu, 67 articles publiés pour quelque 500 messages d’alerte envoyés par les internautes.
La gestion des déchets, un sujet enfoui
Pourquoi avoir choisi de se pencher sur la gestion des déchets? Sylvain Lapoix, l’un des journalistes d’Enquête ouverte explique :
« C’est un article du JDD qui nous a alertés. Il montrait un lien entre l’enfouissement illégal de déchets sous des champs de Seine-et-Marne et le clan mafieux Hornec pour que la nouvelle se répande. Il y a quelque chose de pourri dans les décharges françaises et il vaudrait mieux savoir quoi avant qu’on ne se retrouve avec la même situation qu’en Italie du Sud. »
Un outil citoyen de vigilance, sécurisé
Non contentes de se boucher le nez, les autorités ferment ostensiblement les yeux sur le devenir de la demi-tonne de déchets ménagers produits par habitants et par an et les 250 millions et quelques tonnes de résidus du BTP.
Isolés sur le terrain, les collectifs citoyens ont les chaussures qui collent et lancent, de l’Alsace à l’Aquitaine en passant par l’Île-de-France, des signaux d’alerte sur les situations. L’équipe se propose ainsi de développer « un outil citoyen complet de vigilance citoyenne sur les déchets ».
Des centaines d’associations et ONG se mobilisent à travers la France face aux dysfonctionnements des sites de stockage de déchets : pollution de l’eau, de l’air, menace de la biodiversité, des espaces naturels ou encore du patrimoine, trafic routier, corruption… chacune dispose d’un trésor de documentation qui demanderait à un journaliste des semaines à obtenir. Plutôt que de travailler en concurrence avec les citoyens, l’équipe s’associera à eux : l’Ondec dans l’Yonne, Adenca en Seine-et-Marne, le Cniid à travers toute la France et toute une galaxie de citoyens vigilants qui fourniront la base de notre enquête. La rédaction de Rue89 Strasbourg sera aussi mobilisée pour contribuer à cette enquête.
L’interview de Flore Berlingen, directrice du Cniid
https://soundcloud.com/anne-de-malleray/decharges-publiques-vices-caches-questions-a-flore-berlingen-directrice-du-cniid
Mais des informations essentielles reposent également dans les tiroirs des administrations et des entreprises impliquées dans la gestion des déchets, que des salariés préoccupés par la situation voudraient partager. Pour eux et pour les militants inquiets d’être surveillés, nous avons mis en place une architecture de sécurité sur trois niveaux.
- pour les communications courantes par chat, nous mettons en place des discussions instantanées cryptées via Cryptocat ;
- pour les envoies de mails plus délicats, nous utilisons des clefs PGP pour encrypter nos mails ;
- enfin, pour transmettre des fichiers de manière confidentielle et inviolable, une boîte de type Secure Drop est mise en place sur notre site.
Toutes ces précautions ne serviraient à rien si les journalistes les réceptionnaient sur des interfaces non sécurisées. Raison pour laquelle les envois sont réceptionnés sur un serveur crypté indépendant installé sur un mini-ordinateur qui ne peut être consulté qu’en se rendant physiquement sur place et en disposant des protocoles d’accès.
Un financement participatif, garantie d’indépendance
Récompensé par le prix de l’Université pour une information citoyenne, la plateforme Enquêtes ouvertes repose sur trois piliers : une enquête publiée au fur et à mesure des découvertes des journalistes, des recherches s’appuyant sur les lanceurs d’alerte à travers toute la France et un financement participatif garantissant l’indépendance de tout annonceur ou actionnaire.
La cartographie de la France des poubelles percées progresse et le dispositif de sécurisation est presque au point. Il ne manque à ce beau projet que le carburant essentiel à toute information de qualité : de quoi payer le salaire des journalistes et leurs frais d’enquête.
La campagne de financement se termine dans une semaine ! Ne tardez donc pas si ce sujet vous intéresse et si vous pensez qu’il est temps que les citoyens disposent des outils nécessaires à une vigilance sur ces questions. Aidez-nous à mettre le nez dans vos poubelles !
Aller plus loin
Sur Ulule : participer à la campagne de financement de l’Enquête Ouverte : Décharges publiques, vices cachés
Sur Facebook : la page de l’enquête
Sur Le Monde : Enquête Ouverte, une option pour un journalisme engagé, honnête et totalement co-créé
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