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En avril à Strasbourg : le retour de La Grenze, des images de Harlem, des concerts et du théâtre absurde

Et c’est parti pour le marathon culturel strasbourgeois, avec des dates à foison jusqu’en août, où tout s’arrête brusquement. Voici une sélection très musicale, printanière, célébrant la vie et le renouveau.

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Baxter Dury est à l’affiche de la Laiterie le 17 avril

C’est le printemps, La Grenze redémarre ! Mais cette fois, la « terrasse culturelle » proposant concerts, restauration et ateliers sise rue Wodli, derrière la gare, prévoit de rester active toute l’année, du mercredi au dimanche, avec cependant une interruption en août parce qu’en août, c’est bien connu, il n’y a personne à Strasbourg. Dommage pour celles et ceux qui restent, mais la jeune association ne peut pas régler seule le problème de la vacance culturelle estivale à Strasbourg.

Après cinq années à ouvrir trois mois consécutifs à des périodes diverses, l’équipe se dit prête à relever le défi d’une installation définitive. Des concerts donc sont prévus tous les week-ends, la programmation et la billetterie (autour de 15€) sont à retrouver sur le site de La Grenze. Parmi les dates d’avril, citons une soirée strasbourgeoise le samedi 6 avril, avec Dur Chaton (duo électro aux rythmes vintage et aux textes râpeux), et Exotica Lunatica (des chants féminins psychédéliques, c’est très beau et envoûtant). L’esthétique rappelle un peu Dead Can Dance) et Microwave (un duo qui se présente « synth wave » mais plutôt industriel en fait).

Une chorale prête à s’attaquer aux grands thèmes du siècle.

Une exposition photo à ne pas manquer à La Chambre, place d’Austerlitz. Du 6 avril au 25 mai, l’espace donne à voir les images du photographe américain Khalik Allah. L’artiste s’intéresse depuis plus d’une décennie aux marges de la société new-yorkaise en commençant par une exploration inlassable d’un coin de Harlem, occupé par des personnes abîmées, éprouvées par les conditions de vie précaire et les addictions. Il en tire le long-métrage « Field Niggas » en 2015 et une série de 105 portraits dans l’ouvrage Souls against the Concrete. C’est ce projet photographique qui sera exposé à la Chambre.

Etats-Unis. New York. Harlem. 2013.Photo : Khallik Allah

Côté cinéma, le festival KODEX (King of Docs Extended) cofondé par le réalisateur strasbourgeois Swen de Pauw propose une rétrospective des films de Khalik Allah du 11 au 17 avril au Cosmos. Les projections auront lieu en présence de l’artiste.

Théâtre loufoque, toujours bienvenu en période corsetée, au Taps Laiterie du 9 au 12 avril avec Les chorales de sapeurs-pompiers ne chantent que très rarement des chansons ayant trait à Marcel Proust (c’est le titre). Inspiré par les dialogues des Monty Python, ce qui en soit mérite d’y emmener les plus jeunes, ce spectacle interprété par six comédiens aguerris s’attaque bien évidemment au sens de la vie. Ainsi, y a-t-il une vie après la mort ? On peut en débattre, façon talk show radiophonique, et le mieux pour ça est encore d’inviter des morts.

– « Bonsoir. Ce soir, j’ai invité sur notre plateau M. Norman St John Polevaulter qui, depuis quelques années, contredit les gens… Monsieur Polevaulter, pourquoi contredîtes-vous les gens ?
– Je ne contredis pas les gens.
– Vous m’aviez dit que vous le faisiez.
– Je n’ai jamais dit une chose pareille.
– Oh, je vois. Bon, je recommence.
– Non, vous ne recommencerez pas.
– Chut. Monsieur Polevaulter, si je comprends bien, vous ne contredîtes pas les gens.
– Si, c’est ce que je fais.
– Et quand n’avez-vous pas commencé à contredire les gens?
– Et bien, j’ai commencé en 1952.
– 1952 ?
– 1947.
– Il y a donc 23 ans de cela.
– Non.

Extrait du sens de la contradiction

Les amateurs de rock bien gras, dans une esthétique presque puriste, peuvent aller au concert de Grand March à la Péniche Mécanique. Le groupe strasbourgeois y dévoile son déjà quatrième album, Back To The Wall, sorti en février. Avec Hélène Braeuner au chant, Antoine Thépot aux claviers, François Bogatto à la guitare, Lucas Lavarenne à la basse et Fred Lichtenberger à la batterie, Grand March continue de creuser un sillon maîtrisé, entre rock et blues, paroles en anglais. Toujours très efficace.

Black Screen Baby de Grand March

Le Maillon et Pôle Sud accueillent du mercredi 10 au vendredi 12 avril le Schauspielhaus Zürich Dance Ensemble, dirigé par Trajal Harrell, pour The Köln Concert. Sept danseurs, tous vêtus de longues robes noires, dansent sur des musiques de Keith Jarett et Joni Mitchell. L’ensemble a l’air classique mais, indique Pôle Sud, « c’est tout le contraire. Un défilé de mode ? Une cérémonie ? Un concert vivant ? Tout est d’une folle élégance teintée d’une profonde nostalgie ».

The Köln Concert du Schauspielhaus Zürich Dance Ensemble.

Cette année, le Bendorf festival se contente d’une version « mini », sur une seule soirée, samedi 13 avril au Phare citadelle. Le concept, qui consiste à mêler l’amour de la bière artisanale et de la soirée conviviale, ne change pas cependant. La programmation prévoit trois formations strasbourgeoises : Kevin Diesel (post-dance hardware électro, le nouveau projet de Florian Borojevic, ex de l’éphémère mais regretté duo Partout Partout), Théréon (des textes poussés sur des boucles électro. C’est assez entraînant) et Péniche (une passerelle entre post punk et math rock, sans paroles, Headbanging assuré). Huit bières de Bendorf, brassées à Strasbourg, seront proposées à la dégustation.

Voulant réconcilier la science et le genre humain, une gageure en cette époque de prolifération des fake news, le Curieux festival s’étend du dimanche 14 au vendredi 26 avril dans plusieurs lieux de Strasbourg (Le Vaisseau, le Point d’Eau à Ostwald, le PréO à Oberhausbergen…). À l’aide du théâtre, de cirque, ou de la musique, les événements du festival proposent des démonstrations, rappellent des faits ou des mécanismes à l’œuvre dans notre monde. C’est souvent bien vu, grâce à une programmation mêlant scientifiques et artistes.

Parmi les invités 2024, citons Nalini Anantharaman, titulaire de la chaire Géométrie spectrale du Collège de France et lauréate du prix Henri-Poincaré en 2012, Marine Baousson, avec son spectacle Vulgaire adapté d’un podcast à succès, Valentine Delattre, de la chaîne Youtube Science de comptoir

La Laiterie accueille l’une des voix les plus intéressantes que la Grande Bretagne ait à offrir en ce moment : Baxter Dury. Dans un style toujours très léché, très produit, le chanteur né en 1971 – une très bonne année – emmène son public dans un univers balancé et désabusé à la fois, un style unique qu’il tient depuis plus de 20 ans mais qu’il explore sans jamais se répéter.

I’m not your dog de Baxter Dury, une ode au détachement impossible.

Baxter Dury aime emmener son public sur des mélodies rythmées, sur lesquelles il plaque des paroles posées, avec sa voix rauque, des histoires d’espoirs brisés bien souvent. Les chœurs et les mélodies dans ses chansons sont l’affaire des femmes, omniprésentes dans son univers et sur scène.

Du 24 avril jusqu’au 19 mai, le festival de l’illustration et de la bande dessinée Central Vapeur s’installe à La Coop au Port du Rhin mais aussi dans une douzaine de lieux en ville puisque cette quatorzième édition propose pas moins de 16 expositions (voir le programme complet – PDF). Le rendez-vous est légèrement décalé dans l’année pour faire partie des manifestations de Strasbourg capitale mondiale du livre 2024, « lire notre monde » mais il est foisonnant.

Le temps fort du festival Central Vapeur, le Salon des indépendants avec des stands d’éditeurs particuliers, des ateliers et des conférences, est programmé le week-end des 4 et 5 mai au Garage coop, au Port du Rhin.

Une recommandation, une sortie que vous avez repérée et dont vous validez l’excellence ? Proposez vos dates en commentaires.


#culture

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