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Au Camionneur, Secretive et The Wooden Wolf dans les méandres de nos routes intérieures

Secretive et The Wooden Wolf sont de retour. Les deux formations alsaciennes, qui publient chacune un nouvel album, sont à l’affiche d’une même soirée placée sous la bienveillante protection des esprits d’une musique folk ouverte à l’introspection. À (re)découvrir sur scène le jeudi 19 février au Camionneur.

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Secretive sera en concert le 19 février au Camionneur (photo Eléonore Guillon)

Pour celles et ceux qui en doutaient encore, Secretive sait faire émerger les émotions les plus profondes avec une sensibilité avérée, exprimée dans la finesse d’une pop subtile et élégante. Le groupe strasbourgeois, membre du collectif KIM, nous l’avait déjà démontré sur ses EP, Blow (2010) et Comets (2011), ainsi que sur son album éponyme publié début 2012. Entre délicatesse acoustique et vent électrique, Secretive invitait alors à la rêverie grâce à des mélodies aériennes et planantes.

Cet esprit gracile et inspiré n’a pas quitté Antoine Villard, auteur-compositeur-guitariste-chanteur de Secretive, qui partage pour l’occasion écriture, mélodies et micro avec Chloé Devouge, déjà présente au chant il y a trois ans tout comme William Lamy l’était à la batterie. Audrey Braun (basse et guitare) retrouve, elle, Secretive parallèlement à son projet Joy & Glory, quelques années après un premier bout de chemin aux côtés d’Antoine Villard.

Le combat ordinaire

Quant à Mathieu Le Digabel, il rejoint la troupe sur cette nouvelle production que l’on ressent plus brute et tranchée, aux accents par moments plus rauques et radicaux que par le passé. L’album trouve ainsi parfaitement son identité dans un nom de baptême idoine, The Ordinary Fight (à découvrir et écouter ici en intégralité). Un « combat ordinaire » en référence à la touchante fresque pleine d’humanité signée du bédéiste Manu Larcenet : un regard sur la vie dans son entièreté, les joies et les peines, les doutes et les certitudes, les naissances et les disparitions, les unions et les séparations. Bref, une existence pleine de passions pour refuser la passivité.

En atteste ce portrait de groupe qui illumine le disque et la pochette, en cinq gros plans sur les visages des acteurs de Secretive, tous saisis dans leur surprise par la photographe Eléonore Guillon. Ils viennent d’essuyer une attaque au torrent d’eau froide et leur réaction est instantanée : en position de combat afin de faire face mais aussi et surtout de construire un univers propre, pour s’y sentir bien via un message d’espérance dans les yeux de la jeune Suzy, le souvenir lointain mais vivace de premières amours (1991) ou la satisfaction d’un choix plein et entier pour avancer à la lueur de l’amour :

Secretive réussit le tour de force de marier toutes ces émotions en simplifiant au maximum l’équation des sentiments. Cet Ordinary Fight fait tout bonnement du bien car il ne s’embarrasse d’aucun détour, délivrant son message avec la force enivrante d’un amour enflammé. Et ô combien inflammable.

The Wooden Wolf, le blues du loup solitaire

Alex Keiling, alias The Wooden Wolf (Doc. remis)

Lui aussi concocte des chansons aux textes combustibles, à commencer par le très cabossé Burn in the USA qui ouvre son troisième album sorti en octobre dernier et sobrement intitulé Seven Songs Op. 3. Alex Keiling, alias The Wooden Wolf, revient avec sept nouvelles pépites uniquement interprétées à la guitare. Un folk bluesy dont on ne saurait définir la couleur, la teinte ni même la plainte, grise, noire, sombre, ou bien éblouissante. On se prend tout de même à détecter une pointe d’optimisme puisque l’on croise successivement Laurene, Mary-Ann et The Cute ones.

Keiling le loup solitaire ferait-il acte de sociabilisation ? Assurément. Et la démarche semble le mettre en joie, après un Nocturnes & Other Songs Op. 2 (publié en décembre 2013) dont les aspérités laissaient deviner désillusions et ruptures sentimentales. Mais puisque l’on n’est jamais trop prudent, et qu’il semble bien naturel de se préserver de la souffrance, Stay Wild relève de l’injonction préventive.

Toujours est-il que The Wooden Wolf n’en reste pas là. Un quatrième album, toujours sur le label Press Eject and Give me Tape est déjà sur le métier, dont il devrait accoucher au printemps, dans la lignée des deux premiers opus avec des ballades folk en solo et des compositions plus riches, aériennes et atmosphériques. La formule, par ailleurs, devrait évoluer puisque, outre Alex Keiling à la guitare et au chant, se greffent la violoncelliste Marie Langenfeld, le contrebassiste Adam Lanfrey, le batteur Cédric Lemaire et le guitariste Hector J. Ayala en version électrique.

Pour patienter, voici un extrait d’un récent live acoustique à Paris :

S’il se dévoile ici seul sur scène, Alex Keiling privilégie désormais une variante en live, avec la présence d’une batterie. Et l’interprétation de nouveaux textes dans un registre quelquefois plus noisy que jusqu’à présent.

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