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« En Marche » pas emballé par les municipales à Schiltigheim

La tenue d’élections municipales anticipées à Schiltigheim pourrait servir de laboratoire pour tester « En Marche » sur une campagne locale. Alors que les grosses écuries se lancent dans la bataille, le mouvement présidentiel est toujours silencieux. Normal, car plusieurs lignes coexistent dans le parti… sans cohabiter.

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Les deux anciens boss de Schiltigheim, Jean-Marie Kutner et Chrisitian Ball, inaugurent leurs locaux de campagne. Pendant ce temps chez « En Marche » le mot d’ordre est que « la décision, en lien avec le national, n’est pas prise » précise la référente départementale Laurence Vaton. Quoiqu’il en soit il n’y aura « aucun soutien » du mouvement présidentiel à l’ex-premier adjoint Christian Ball (LR), ni au maire sortant, Jean-Marie Kutner (ex-UDI).

Avec ces élections municipales anticipées les 8 et 15 avril, le mouvement en Marche pouvait utiliser Schiltigheim comme un laboratoire pour des élections locales. Mais à deux semaines de la date limite du dépôt des listes en préfecture, il n’y a aucun signe de mobilisation chez « En Marche. » Ses principaux élus et représentants regardent ailleurs.

Deux comités dans la même ville

Comme d’autres formations avant elle, En Marche se heurte au micro-climat politique schilikois. Là où ailleurs certains comités locaux formés pour l’élection présidentielle peinent à trouver un second souffle, la cité des Brasseurs en compte… deux !

Celui historique Eurométropole Nord (à Schiltigheim, Souffelweyersheim, Reichstett, Hoenheim et Bischheim), rebaptisé « Schiltigheim et environs » lorsque la majorité locale a explosé et un autre « LaREM Schiltigheim« , créé par quelques dizaines de militants en juin 2017, pour être au plus proche des problématiques schilikoises.

Appel à candidatures puis plus rien

Lors d’une réunion avec plusieurs dizaines de militants le jeudi 22 février, il a été convenu que les candidatures devaient être adressées à Laurence Vaton et Alain Fontanel, premier adjoint au maire à Strasbourg et membre du bureau exécutif d’En Marche. En plus des deux élus strasbourgeois, le député de la circonscription et ancien référent bas-rhinois Bruno Studer et sa suppléante Axelle Benamran sont aussi présents. Mais près de deux semaines plus tard, peu d’infos filtrent sur ces candidatures. Il faut 41 candidats hommes et femmes pour monter une liste.

Ferveur et tractations dans les rangs ? Même pas : le comité local « Schiltigheim et environs » vient de communiquer sur… la tenue de son prochain atelier le 22 mars, autour d’un sujet national, la loi immigration.

Schiltigheim, un mélange d’identité d’urbaine et d’identité alsacienne aux portes de Strasbourg (photo François Schnell / Flickr / CC 2.0)

Marcheurs éparpillés sur 3 ou 4 listes

Les convergences entre centre-droit et centre-gauche le temps d’une présidentielle, facilitées par des candidats très à droite et très à gauche vainqueurs des primaires PS et « Les Républicains », se heurtent aux divergences locales. Christian Ball annonce « 3 ou 4 » marcheurs et marcheuses présents sur sa liste. Parmi eux, Anne Meunier ancienne élue d’opposition avec l’ancien maire Raphaël Nisand (PS passé chez LREM).

L’écurie Jean-Marie Kutner compte dans ses rangs Patrick Heiwy, Pierrick Poisbeau, Christian Deleau, Myriam Kehrli ou encore Gérard Bouquet comme adhérents ou proches du parti présidentiel. Tandis que d’autres marcheurs ont de la sympathie pour les écologistes, qui doivent présenter leur liste ce jeudi 8 mars.

Chez les militants, une partie plaidait pour une liste autonome d’En Marche. Après tout, le renouvellement des visages (aussi appelé « dégagisme ») a bien fonctionné aux élections législatives (et à Kaysersberg).

Problème : personne ne s’impose comme candidat à Schiltigheim pour le mouvement présidentiel, plutôt occupé à resserrer ses troupes qu’à devoir trancher entre plusieurs lignes. Des Schilikois ont aussi fait part d’un mystérieux sondage pour tester la notoriété de personnalités schilikoises d’En Marche. Des sources répondent que d’autres noms de candidats figuraient aussi dans ce questionnaire.

Pour pallier cette carence, d’autres proposaient une alliance temporaire avec l’ancien adjoint démissionnaire Christian Ball (dont la démission fracassante n’est pas sans rappeler un certain Emmanuel Macron, un temps ministre de l’Économie de François Hollande). L’objectif était de bénéficier de l’expérience du mandat pour les deux années de transition, puis refaire des listes séparées en 2020.

Beaucoup à perdre

Dans cette élection aux paramètres très incertains (quelle participation ? quelle importance pour la notoriété des candidats ? quel rejet ?), « En Marche » pourrait décrocher sa première ville, avec plus de 31 000 habitants. Une belle opportunité, surtout après y avoir cartonné aux élections législatives en juin 2017. Mais elle a aussi beaucoup à perdre.

À deux ans des élections municipales générales, une défaite lors d’une ces élections anticipées pourrait avoir un retentissement national, comme les élections législatives partielles fin janvier. Localement, la petite musique irait à l’encontre d’une machine bien huilée qui avance sereinement vers ses objectifs à Strasbourg, autour des adjoints au maire actuels, Olivier Bitz et Alain Fontanel.

De plus, une éventuelle alliance de second tour pousserait le parti à se positionner à gauche ou à droite, ce qu’il a soigneusement évité de faire jusqu’ici.

Animateur du comité « LaREM Schiltigheim », Elric Ferandel, professeur de mathématiques et candidat sans étiquette en 2014 (4,67%) s’étonne quelque peu de l’atonie de son mouvement :

« Nous sommes toujours en phase d’attente. Mais le temps venu, il faudra prendre position et nos responsabilités. »

Son homologue du comité « Schiltigheim et environs », Raphaël Kleinklaus est plus nuancé et pour lui, « il n’y a pas de bonne solution » :

« Comme toutes les autres formations, les démissions nous ont pris de court. Le débat est aujourd’hui focalisé sur la « bétonisation » qui est surtout un sujet de centre-ville, mais pas dans les grands ensembles des quartiers populaires. Il y a aussi le stationnement, la mixité, la transition énergétique ou la pauvreté. On avait commencé à travailler sur les transports, avec l’idée par exemple de mieux utiliser la gare et le réseau ferré. Mais pour être sérieux, il faut faire un minimum de recherches, poser des questions à l’Eurométropole, etc. C’est aussi notre crédibilité locale qui est en jeu. Et d’un autre côté, ce serait normal que le mouvement du gouvernement soit représenté dans une élection. Nous sommes consultés, mais la décision appartient à la commission nationale d’investiture et je la respecterai. »

Quant au député Bruno Studer, il annonce une décision « sous 48 heures » pour son mouvement :

« Nous nous sommes distanciés de Ball-Kutner, car ils ont obtenu une majorité pour six ans qu’ils n’ont pas su mener au bout. En tant que parlementaire, cela me conforte sur la non-fusion des listes entre deux tours d’une élection municipale, comme le proposait le sénateur alsacien Daniel Hoeffel en 1988. »

Plus à gauche, Schiltigheim peut aussi servir de laboratoire pour le rapport de force entre Insoumis, et un PS autrefois puissant, aujourd’hui en retrait dans un projet de liste citoyenne, écologiste et d’union. Voilà pourquoi l’élection schilikoise est scrutée de près du côté de la capitale du Grand Est.


#Municipales anticipées

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