L’Eurométropole compte bien sur cette future source d’énergie pour améliorer et compléter son « mix énergétique ». Robert Herrmann, président (PS) de l’Eurométropole, entend renouer le dialogue sur ce dossier qui provoque d’intenses réactions, jusque dans l’exécutif de l’agglomération.
Mauvais démarrage et annonces brutales
Pour Robert Herrmann, il y a eu une précipitation quelque part. Dans un entretien accordé au Blog de la Robertsau (voir les vidéos ci-dessous), il évoque « un calendrier contraint par l’état », et regrette « une absence de dialogue et de pédagogie avec les populations ». Le coupable ? C’est la société Fonroche et ses « méthodes brutales ». Ça a le mérité d’être clair :
« Je crois que le démarrage du dossier a été mauvais, le fait est que les annonces ont été faites de manière brutale par Fonroche sans qu’il n’y ait pu avoir de débat avec la population, d’explication, de pédagogie sur cette affaire. Ce qui a immédiatement renvoyé aux images les plus terribles que la géothermie a produit dans la région. De plus, le débat a été abordé de la pire des manières en période électorale. »
Une énergie d’avenir, mais…
Néanmoins, la géothermie reste une énergie d’avenir pour l’Eurométropole, mais sous conditions pour Robert Herrmann :
« Nous sommes favorables sur le principe à la géothermie, qui représente un intérêt pour l’Alsace et pour la région de Strasbourg en particulier (…). Ce ne sera possible qu’à la condition que nous puissions apporter les garanties à la population que les méthodes utilisées ne produisent pas d’effets négatifs. On ne sortira pas de cette ligne. »
Renouer le dialogue
Les commissaires enquêteurs dans leurs rapports pointent l’absence de réelle concertation autour de la géothermie par les collectivités. Un point qui étonne Robert Herrmann, rappelant que c’est à l’État d’organiser le débat. Mais il fait aussi son mea culpa :
« Je concède que l’on a sous-estimé l’émotion que ces projets pouvaient engendrer (…) et que cette énergie nécessite que l’on prenne le temps du dialogue. Même sur Illkirch-Graffenstaden, il faudra organiser des débats, faire valoir les points de vue, et ne pas se contenter de l’avis positif. »
Les Allemands en force
Dans l’enquête sur le projet de Fonroche au port aux pétroles, la participation des citoyens allemands a été particulièrement impressionnante puisque ils ont signé les deux tiers des contributions. Pour Robert Herrmann, il faut y voir le progrès du dialogue transfrontalier :
« Je me réjouis que nos amis allemands s’intéressent à Strasbourg, et je souhaite que les Strasbourgeois s’intéressent autant que les Allemands à ce qu’il se passe à Kehl. On est encore loin d’une pratique d’un territoire partagé débattu en commun. Lorsque l’ancien maire de Kehl décide la construction d’un très grand centre commercial, on le découvre lorsqu’il est déjà bien engagé. »
L’impressionnante mobilisation allemande a peut-être beaucoup joué dans l’annonce du retrait de Fonroche de son projet au Port aux pétroles. Pour Robert Herrmann, cette mobilisation provient de leur sensibilité particulière sur l’environnement et d’une « habitude de débattre ». Le président de l’agglomération espère que les Allemands présents au conseil de développement importeront cette culture.
Alain Jund (EELV) « n’a pas à démissionner »
Vice-président de l’Eurométropole en charge de la transition énergétique, Alain Jund (EELV) a été un promoteur de la géothermie. Pour Robert Herrmann, l’élu écologiste est « dans la ligne de la majorité des maires » et il n’a pas à prendre comme un désaveu les résultats des enquêtes publiques, bien au contraire :
« Soyons attentifs à ce que dit la population et surtout les techniciens mais parfois, il faut savoir forcer les choses pour aller vers l’innovation ».
Le 11 septembre, une nouvelle enquête publique débute sur le projet géothermie profonde de la société Fonroche à Vendenheim. Cette fois, le site est situé à coté de l’ancienne raffinerie de Reichtett, à proximité des cuves de Rubis Stockage et de l’usine Butagaz, donc dans un périmètre soumis à un plan de prévention des risques technologiques (PPRT), comme au Port aux pétroles.
L’État et l’Eurométropole ont un mois pour éviter de lire dans les conclusions du rapport que « la concertation n’a pas été au niveau des enjeux ».
Édité par Pierre France
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