Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Réunis pour suivre leur interpellation au conseil municipal, des parents ressortent déterminés

Quinze aides maternelles (Atsem) vont être embauchées à la rentrée. La décision a été prise lors du conseil municipal de Strasbourg, lundi 24 juin. Le Collectif Parents Strasbourg exigeait le recrutement de 60 Atsem pour 2019. Quelques parents étaient présents à l’Artichaut pour suivre une retransmission du conseil municipal.

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Lundi 24 juin, en fin de conseil municipal vers 22h15, le maire de Strasbourg, Roland Ries (PS), a déclaré être « prêt à faire des efforts financiers » pour pallier le manque d’Agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) à la suite d’une interpellation du Collectif Parents Strasbourg.

Si la promesse est tenue, 15 postes d’Atsem seraient alors créés à la rentrée 2019. Selon l’estimation de la municipalité, ces embauches coûteront 405 000 euros.

La décision du maire n’a cependant pas répondu aux attentes du Collectif Parents Strasbourg, dont une partie des membres ont suivi le conseil municipal en direct depuis le bar L’Artichaut, et tout particulièrement l’intervention de leurs deux envoyées.

Depuis quatre mois, le collectif demande la mise en place d’une Atsem par classe « sur tout le temps scolaire ». Il réclamait alors l’embauche de 60 agents supplémentaires en septembre, puis des embauches progressives tous les ans. Une « pétition citoyenne » lancée par le collectif en février a atteint plus de 3 100 signatures.

À chaud, Sébastien Heitz l’un des membre les plus investis du collectif, fait part de sa déception :

« 15 Atsem en plus, c’est ridicule par rapport aux besoins des écoles : ça couvrira seulement les remplacements ».

À ses côtés, Delphine Defert est stupéfaite. Atsem « volante », c’est-à-dire affectée à plusieurs écoles, elle redoute que Roland Ries ait joué sur les mots :

« Ils vont retirer 12 CDD en juillet pour en recréer 15 au mois de septembre. En gros, c’est comme s’ils ne faisaient rien ».

L’Atsem Delphine Defert (à g.) avec Sébastien Heitz et Louise Battisti réunis à l’Artichaut pour suivre le conseil municipal en direct (photo Jean-François Gérard / Rue89 Strasbourg)

Un moment de convivialité

À 17h30, quelques parents sont déjà installés à l’Artichaut. Ils sont réunis autour d’une grande table et sirotent des boissons rafraîchissantes. La projection du conseil municipal a débuté, mais l’interpellation ne sera évoquée qu’en fin de séance, a minima après 20h. Les participants regardent la montre et l’ordre du jour imprimé pour s’organiser.

Heureusement, Sébastien Heitz a prévu le coup : pour faire passer le temps, rien de tel de que des petits jeux ! Un « bingo politique » est organisé. Il consiste à écrire des mots sur une grille et les cocher quand ils sont prononcés. Le premier à cocher une ligne l’emporte.

La bonne humeur est au rendez-vous : après quatre mois de mobilisation, « c’est l’occasion de souffler et de boire un verre tous ensemble », savoure Sébastien Heitz. Du moins, jusqu’au dénouement du conseil. Certains parents ont même décidé de venir avec leurs enfants.

La plupart des parents présents ce soir n’ont pas pour habitude de regarder le conseil municipal le lundi après-midi. Cependant, ils en connaissent le fonctionnement, les enjeux et même certains élus. En revanche, d’autres sont très avertis. Eric Jansen est membre du Conseil des résidents étrangers et a participé au début de la démarche du « Pacte de démocratie locale ». Ce n’est pas non plus le premier conseil municipal auquel assiste Aurélie Quintard. En effet, elle a été très impliquée lors du débat sur les rythmes scolaires, un peu plus tôt cette année.

Plus ou moins confiants dans la démocratie locale

Suite à une manifestation organisée à 14h devant le centre administratif, Sébastien Heitz est confiant :

« Lors de notre rassemblement les élus nous ont annoncé que les services planchaient encore sur notre proposition. C’est bon signe, on y croit ! »

Dos à l’écran, mais avec une oreille attentive, Éric Jansen est un peu moins optimiste. En effet, ce qu’il espère surtout, ce soir, c’est que « les élus ne fassent pas preuve de mauvaise fois ». De toute manière, il n’a « plus peur d’être déçu ». Cet éducateur spécialisé a passé quelques années au Parti socialiste dans les années 2000.

Non-membre du collectif mais venue « en soutien » Hanima Meneceur, estime que cette interpellation et la diffusion sont déjà une avancée pour la politique strasbourgeoise :

« Le véritable enjeu de ce conseil, c’est de montrer aux gens qu’il peut y avoir des avancées, et leur donner envie de se mobiliser ».

Les élus reconnaissent l’urgence de la situation

Vers 19h30, une partie des parents abandonne… Pour le petit groupe qui reste à l’Artichaut, la pression monte. « C’est quatre mois de lutte qui vont se jouer ce soir », déclare Sébastien Heitz, pensif et désormais un peu stressé. Il encourage par SMS les deux représentantes du collectif qui attendent leur moment près de l’hémicycle. Éric Jansen s’exclame :

« J’espère que les élus ne vont pas accepter de céder 3 millions d’euros pour le projet de réalisation de la SIG et nous dire que les Atsem, ça coûte trop cher ».

Ce n’est qu’à 21h20 que Marie-Jane Auraghi et Angélique Ott, les deux représentantes du Collectif Parents Strasbourg, apparaissent sur l’écran géant. Malgré l’excitation, on les écoute silencieusement. « C’est bien, elles s’expriment clairement ». Louise Battisti, une maman mobilisée est rassurée.

Marie-Jane Auraghi et Angélique Ott présentent la proposition du collectif aux élus du conseil municipal. (capture d’écran)

Dans l’hémicycle, la plupart des conseillers municipaux rejoignent le collectif : il faut plus d’Atsem dans les écoles maternelles de Strasbourg. Syamak Agha Babaei, élu de gauche de la majorité, souligne même « l’urgence éducative ». Les quelques parents applaudissent depuis l’Artichaut.

Philippe Bies, adjoint au maire (PS), remarque qu’à l’avenir il faudrait fixer une heure claire de début aux pétitionnaires. Le reste de l’assemblée approuve…

Une fin de soirée amère

Le maire annonce finalement la création de 15 postes vers 22h15. Le Collectif Parents Strasbourg pense déjà à la suite. Dorénavant, chaque problème qui survient dans une école maternelle sera rendu « visible ». « En 2020, on va faire de leurs campagnes municipales un chemin de croix », déclare Sébastien Heitz.

Selon l’Atsem Delphine Defert, il est difficile d’envisager un nouveau mouvement de grève, à l’instar de ce lundi 24 juin :

« Les Atsem sont résignées, elles ont du mal à se bouger. Et puis, c’est un peu le même problème que pour le personnel hospitalier : on ne peut pas laisser tomber les enfants, ni les enseignants ».

Roland Ries, quant à lui, souhaite que les procédures soient rapides. Il exposera sa proposition au conseil de l’Eurométropole, qui doit organiser les embauches, ce vendredi 28 juin. Le collectif a également rendez-vous avec l’adjointe à la démocratie locale Chantal Cutajar.


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