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Une partie des sans-abris évacués avant le feu d’artifice de retour place de l’Étoile

Neuf jours après l’évacuation du camp de l’Étoile, onze sans-abris sont de retour au même endroit. Les familles se plaignent d’intimidations au « centre d’aide pour le retour » de Bouxwiller, lequel nie toute implication. 

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L’hébergement au centre de Bouxwiller aura été de courte durée. Depuis 17h30 mercredi 20 juillet, onze personnes sans-abri sont de retour avec leurs tentes au milieu de la place de l’Étoile. Mercredi 13 juillet, les quelque soixante personnes présentes dans ce camp avaient été évacuées avant le feu d’artifice. Après une nuit dans le gymnase Branly, une trentaine de personnes avaient été orientées vers le « centre d’aide pour le retour de Bouxwiller ». 

Une fois sur place, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) a accordé des hébergements à certaines personnes, notamment celles relevant du statut de demandeurs d’asile. Elles ont été relogées à travers le Grand Est, dans des centres à Nancy, Metz, Colmar et Strasbourg. Selon un militant venant en aide aux migrants, une famille afghane aurait obtenu un hébergement près de la station de tram Saint-Florent, une famille syrienne serait logée près de l’université. 

Mais pour ces onze Macédoniens de retour place de l’Étoile, la situation est beaucoup plus floue. Jeudi matin, elles ont raconté leur histoire à l’occasion d’une conférence de presse organisée par l’association D’ailleurs nous sommes d’ici. Tous les propos ont été traduits en anglais par une jeune fille de 14 ans vivant sur place, Seda. 

Les parents de Seda déplacent leur tente à l’ombre sur la place de l’Étoile à Strasbourg le 21 juillet 2022. Photos : Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg

Panique à Bouxwiller

La jeune fille détaille leur arrivée à Bouxwiller : 

« À notre arrivée à Bouxwiller, le patron du centre est venu nous parler. Il nous a expliqué que c’était un hébergement d’urgence pour deux semaines et qu’ensuite, on serait logé ailleurs. Mais lundi, il nous a dit qu’il fallait qu’on retourne en Macédoine. Mon père a essayé de lui expliquer notre situation, mais il nous a répondu qu’il n’écouterait pas, qu’il n’avait pas le temps. Nous attendons une réponse de la demande d’asile mais il nous a dit qu’il y avait 99% de chances que notre demande soit rejetée et qu’on allait être renvoyés en Macédoine. Il a fini par rétorquer à mon père “Prenez votre famille et dégagez” avant de le menacer d’appeler la police. »

Contacté par Rue89 Strasbourg, le chef de service du centre de Bouxwiller, Farid Amrani, nie avoir jamais tenu de tels propos : 

« C’est absolument faux. Il n’a jamais été question de police. Des personnes des associations sont venues les chercher sans nous expliquer pourquoi ni venir en discuter avec nous. Ces familles auraient encore pu rester dans notre centre, au moins jusqu’à la réponse sur leur demande d’asile. »

Sagbe et Radosalov, deux Macédoniens de retour sur la place de l’Etoile. (Photo LL / Rue89 Strasbourg).

Gabriel Cardoen, militant pour les droits des réfugiés, confirme être venu chercher ces familles au centre de Bouxwiller sans avoir échangé avec le chef de service :

« Les familles m’ont appelé complètement stressées en me demandant de venir les récupérer. Elles m’ont dit avoir été intimidées par le chef du centre et elles craignaient que la police ne vienne les chercher pour les renvoyer directement. »

Toutes les personnes sans-abri présentes sur la place de l’Étoile n’ont pas le même statut administratif. Pour Seda et sa famille, la police ne peut pas les renvoyer, puisqu’une demande d’asile est en cours d’examen.

« J’ai l’impression de lire le même livre en boucle »

Une déception accrue se lit sur le visage des parents de Seda jeudi matin. Cette famille de Roms a été victime de persécutions en Macédoine. Fikri Ali, le père, tend des documents jalonnant leur parcours administratif, dont le dernier en date : un récépissé d’examen de la demande d’asile daté de juillet 2022. 

La famille macédonienne montre tous les documents de leur parcours administratif. Photo : LL / Rue89 Strasbourg

Seda souligne qu’aucun autre rendez-vous n’a encore été fixé avec l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) pour le moment : 

« C’est comme une bombe. On ne s’attendait pas à ça, on est très déçu. Cela aurait été mieux de nous laisser place de l’Étoile, c’est une très mauvaise expérience. J’ai l’impression de lire le même livre en boucle, c’est continuellement la même histoire. On n’en peut plus, au final après 60 jours, on se retrouve à nouveau ici sans savoir ce qu’il va se passer. Mais je préfère quand même vivre dans ces conditions que de retourner en Macédoine. »

Un appel à la solidarité citoyenne

Antonio Gomez, président de l’association D’ailleurs nous sommes d’ici a insisté sur la responsabilité de la Ville de Strasbourg et de la préfecture du Bas-Rhin, qui devraient héberger les sans-abris au plus vite selon lui. Il lance un appel aux citoyens pour aider ces familles : 

« Il faut venir les voir. Leur apporter à boire ou à manger ou même simplement passer discuter, dire bonjour. Ils ont besoin de soutien après ces mois de galère. »

Antonio Gomez, président de l’association D’ailleurs nous sommes d’ici. (Photo Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg).

#hébergement d'urgence

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