L’idée de rétrospective renvoie souvent à des maitres disparus, obscurs, méconnus. En l’occurrence, pendant cette période estivale, le Star Saint-Exupéry nous la possibilité d’explorer la filmographie d’un auteur qui, depuis quinze ans, s’inscrit dans la culture pop contemporaine, le réalisateur américain Wes Anderson.
L’autre Anderson, comme on l’a souvent qualifié en référence au brillant Paul Thomas, fait partie de ces artistes à l’univers immédiatement reconnaissable. Deux plans, trois mots, une poignée de notes signées Alexandre Desplat et le spectateur se voit transporter dans un monde désuet, structuré, nourris d’objets rétro et saturé de mélancolie.
Un succès précoce
Quelque peu snobé par la critique française jusqu’à la sortie de La famille Tenenbaum, le réalisateur, singulier prophète en son pays, bénéficie dès son premier film d’un adoubement conséquent. Martin Scorsese a classé Bottle Rocket parmi ses dix films favoris des années 90.
Et Bill Murray, parrain malgré-lui du cinéma indépendant, rejoint la galaxie Anderson dès son second opus, Rushmore.
Il n’en faut pas plus pour consacrer le cinéaste comme chouchou des comédiens, pour le placer sous la loupe des analystes. À la manière d’un Woody Allen, l’auteur du Darjeeling Limited cumule les grands noms au générique de ses œuvres.
Et quand ses tics de mise en scène pourraient lui valoir des accusations de redondance et d’enfermement, il opte pour le geste le plus audacieux de sa carrière, un sublime film d’animation adapté d’un petit roman de Roald Dahl.
La validation animée
Fantastic Mr Fox marque une forme de renouveau, tout autant qu’une consécration. Oui, Wes Anderson conçoit le monde comme une maison de poupées dont les personnages seraient aussi rigides que ses objets.
Mais le procédé d’animation libère quelque part une folie supplémentaire. Les tergiversations du renard ont quelque chose d’universel. Le jeune cinéaste séduits les gosses en parlant un langage mature. Il fait rimer sophistication et évidence, se fait accessible, familier. Et ensuite ?
Ce cycle, cette rétrospective, cette intégrale, devrait raviver dans la cinéphilie strasbourgeoise de multiples débats. Moonrise Kingdom est-il anecdotique ? Grand Budapest Hotel est-il un caprice de cinéaste, gavé jusqu’à la gueule de ses propres élans stylistiques ?
Pour soutenir les divers arguments, chaque film projeté est précédé d’un court-métrage du réalisateur.
Et jusqu’au 2 août, il sera donc possible de voir, de revoir, pour aimer ou trancher, l’œuvre de l’unique, du merveilleux, de l’irritant Wes Anderson. On en parle dans les commentaires ?
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