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Vous hébergez 20 000 jeunes Européens venus prier à Strasbourg

Si vous croisez aujourd’hui des meutes de jeunes en sac à dos, ne craignez rien, ils ne sont qu’en quête « de spiritualité et de partage ». Pour les 36èmes rencontres de Taizé, l’Alsace et la région du Bade-Wurtemberg accueillent 20 000 jeunes Européens entre 17 et 35 ans pour ce rassemblement chrétien. Reportage à Strasbourg.

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20 000 jeunes arrivent le 28 décembre à Strasbourg, tous seront logés entre l’Alsace et le Bade-Wurtemberg (Photo JR / Rue89 Strasbourg)

Le 15 décembre, frère Benoît, organisateur des rencontres de Taizé, indiquait que les 20 000 jeunes seraient bien logés chez l’habitant. Ce n’était pas arrivé depuis 2008 à Postdam en Pologne. La campagne de recrutement des familles d’accueil a été lancée en septembre.

6 000 familles alsaciennes mobilisées

La mobilisation des Alsaciens a été rapide et efficace, des habitants de Mulhouse aux riverains de Wissembourg. Plus de 6 000 familles alsaciennes ont ouvert leur porte aux jeunes de Taizé. Les Alsaciens seraient-ils dotés d’une hospitalité exemplaire ? Oui, d’après frère Benoît :

« C’était au-delà de nos espérances, car 15 jours avant la rencontre, on annonçait qu’il fallait arrêter de démarcher. On avait plus de familles que nécessaire. Certaines qui avaient prévu d’accueillir 6 personnes en auront un peu moins. Il faut dire que ça s’est mieux passé que ces dernières années dans de plus grandes villes. Au sein de grandes capitales européennes, on aurait pu penser que nous aurions plus de facilités et paradoxalement ça s’est mieux passé ici. Il y a des villages de 500 habitants qui accueillent 50 jeunes. Il y a vraiment eu un bouche à oreille efficace. L’information est passée rapidement. »

Ce samedi matin, raconte encore frère Benoît, certains villages sonneront les cloches à l’arrivée des pèlerins. Selon lui, il serait « plus difficile de toucher les gens dans des grandes villes comme Rome ou Berlin ».

Frère Benoît accueillant de jeunes Ukrainiens au Rhenus, première étape de leur séjour (Photo JR / Rue89 Strasbourg)

A chacun sa paroisse de référence

Avec 4 500 personnes, la Pologne est le pays le plus représenté pendant ces rencontres. Piotr, 26 ans, et Maria, 22 ans, ont passé la nuit de mercredi à jeudi dans le bus qui les a menés à Strasbourg. Chacun a dépensé entre 70 et 200€ selon les pays pour participer à ces rencontres. Volontaires au sein de l’organisation, ils sont venus deux jours plus tôt pour préparer l’arrivée des autres participants.

Piotr sera animateur de groupe et Maria aidera au service pendant les repas. Le protocole de bienvenue est le même pour l’ensemble des participants. Accueillis au Rhenus par d’autres volontaires, ils seront orientés vers une paroisse alsacienne qui sera leur repère pendant tout le séjour.

Maria et Piotr sont au Rhenus, ils sont orientés vers le Temple-Neuf, leur repère pendant le séjour (Photo JR / Rue89 Strasbourg)

« Le temps pour prier est très long »

Arrivés à l’église du Temple-Neuf, les deux amis sont orientés vers une famille d’accueil. La contrainte pour chaque paroisse a été de trouver des logements à moins de 10 minutes de marche du lieu de culte. Le couple qui accueille les deux jeunes Polonais n’est disponible qu’à 21h, l’occasion pour Maria et Piotr de se balader dans les rues de Strasbourg.

Sur la place du Château, ils rencontrent de jeunes participants italiens, le contact se crée facilement. Piotr confie qu’il n’avait pas envie de fêter Nouvel an « normalement » :

« J’avais envie d’aider pendant les rencontres de Taizé. Peu importe la religion, tout le monde peut trouver quelque chose sur soi-même pendant les rencontres. Ce qui est très spécial, c’est que le temps pour prier et méditer est très long. On apprend beaucoup sur soi-même pendant ces moments. »

Place du Château, Piotr et Maria découvrent la ville en attendant leur logement (Photo JR/Rue89 Strasbourg)

A 21h, le couple qui accueille Piotr et Maria ouvre enfin sa porte. Situé à 300 mètres de la Cathédrale, l’appartement aux poutres apparentes est petit mais chaleureux. Le premier contact se fait à travers les rires de Piotr et le sourire du couple, impatient de voir à quoi ressemblent les jeunes qui dormiront chez eux.

« Taizé m’a apporté la paix »

Cécile et Jonathan étaient arrivés trop tard lors des inscriptions, déçus de ne pas pouvoir accueillir de jeunes Européens. Ils ont finalement été rappelés par la communauté de Taizé. Le couple ne parle pas polonais, les jeunes ne parlent pas français, c’est automatiquement l’anglais qui s’impose. Ont-ils fait bon voyage ? Première question qui en entraîne une flopée d’autres.

Cécile et Jonathan sont mariés, l’une est catholique l’autre est protestant. Ils ont la petite trentaine. Plus jeunes, eux aussi ont participé aux rencontres de Taizé. Ce soir, Jonathan dépliera le canapé pour Maria et le fauteuil pour Piotr :

« On aime accueillir des gens à la maison. Taizé est une excellente manière de connaître Dieu, j’ai envie d’encourager ça. Cela m’a apporté la paix et le temps de réfléchir à ma vie, chose qui est difficile à trouver dans le monde d’aujourd’hui. Accueillir des personnes d’autres pays est aussi une quête personnelle, un partage. Si on a du temps, on pourra leur montrer la ville. »

« Catholiques ou protestants, peu importe »

Pour Cécile, Taizé est une communauté partagée entre plusieurs pays, religions, une ouverture sur l’autre :

« On ne savait pas du tout de quel pays ils allaient être, c’était vraiment une réjouissance d’accueillir de jeunes Européens. On avait envie de partager notre petit appartement, pour la découverte de l’autre. On ne sait même pas s’ils sont catholiques ou protestants, cela nous importe peu. »

Premier contact entre Cécile et Jonathan, le jeune couple, et Piotr et Maria, le binôme polonais (Photo JR/ Rue 89 Strasbourg)

Pas loin de là, rue du Dôme à Strasbourg, d’autres jeunes ont trouvé leur logement. Il faut passer une petite porte puis grimper l’escalier étroit d’une tour pour être accueilli par la famille Lesure.

Trois Ukrainiennes dans sa cuisine

Trois Ukrainiennes sont déjà affairées dans la cuisine. Elles préparent un thé à leurs hôtes, Aude et Hervé, afin des les remercier de leur hospitalité. Julie a 21 ans, étudiante en langues étrangères, elle se débrouille bien en français. Un avantage pour la jeune fille qui a l’air de s’entendre plutôt bien avec Hervé. Dès son arrivée, elle a été émerveillée par la maison des Lesure :

« C’est extraordinaire, la maison est magnifique. Il y a des tableaux partout on dirait un musée, je n’ai jamais vu un appartement aussi joli. Le couple est très gentil, je suis très heureuse  d’être ici. Au début, nous avions une autre adresse, les plans ont changé, on nous a dit de venir ici. C’est génial, c’est le destin. Durant cette semaine, nous allons prier pour la communauté ukrainienne. Il se passe beaucoup de choses dans notre pays. Ce rassemblement européen est un exemple d’ouverture. Personne n’a le droit de nous forcer à penser, ou à parler d’une certaine manière, il nous faut plus de liberté. Les rencontres de Taizé sont le moment de partager, de méditer et de parler de notre pays. »

Hervé présente le bureau ou dormiront jusqu’au 1er janvier les trois Ukrainiennes (Photo JR/ Rue89 Strasbourg)

« Montrer que les Alsaciens peuvent ouvrir grand leur porte »

Hervé, publicitaire, est à la retraite. Très amusé de voir sa cuisine animée par trois Ukrainiennes, il prend plaisir à parler anglais avec elles. Mercredi soir, il a dégagé son bureau en vitesse, pour faire de la place à ses nouveaux colocataires :

« Vous savez, leur slogan disait qu’il n’avait besoin que de deux mètres carrés pour dormir à même le sol. Nous avons quand même sorti les lits de camp et l’ancien lit de mon fils, elle seront bien plus à l’aise ! On s’est dit, avec ma femme, qu’on devait montrer que les Alsaciens peuvent ouvrir grand leur porte et grand leur cœur et ça c’est presque un devoir. Nous sommes catholiques, on avait été très impressionnés par cette communauté qui regroupe catholiques et protestants avec une grande ferveur et une intensité dans la foi. »

Pour le réveillon, Hervé comme d’autres familles d’accueil sera à la cathédrale, où 2000 personnes devraient se retrouver. « Un moment historique », pour ce Strasbourgeois.

Hervé indique le chemin vers la cathédrale aux jeunes Ukrainiennes (Photo JR/ Rue89 Strasbourg)

Chaque année à la Saint-Sylvestre, depuis 1978, la communauté de Taizé organise ces rencontres entre jeunes, à chaque fois dans une ville européenne différente. Les dernières rencontres ont eu lieu à Rotterdam (2010), Berlin (2011) et Rome (2012).

Y aller

Tout le programme, d’aujourd’hui à mercredi 1er janvier.


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