Ils sont arrivés le sourire aux lèvres pour une conférence de presse mardi 17 janvier, faisant suite au fiasco du lancement du Réseau express métropolitain européen (Reme). Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg et Thibaud Philipps, vice-président de la Région Grand Est, sortaient d’une réunion avec la SNCF. Selon eux, des solutions ont été trouvées pour contrer les difficultés du REME, censé apporter 800 trains supplémentaires par semaine autour de Strasbourg. En réalité, on en est à seulement 410 trains supplémentaires mi janvier.
Les élus ont annoncé le retour des « omnibus » à partir du 4 février, notamment dans les communes d’Haguenau, de Molsheim ou encore de Limersheim. Haguenau retrouvera 18 omnibus supplémentaires en direction de Strasbourg par exemple. Les Molsheimois auront 16 omnibus supplémentaires vers la capitale alsacienne. Alain Jund et Thibaud Philipps espèrent que ces premiers éléments de réponse permettront de retrouver la confiance perdue des usagers :
« La SNCF a reconnu ses difficultés. Nous avons mis beaucoup de choses sur la table et désormais, ce que nous voulons, c’est de la fiabilité, de la confiance et de la régularité. Nous serons très exigeants. »
Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole en charge des mobilités
Une augmentation progressive du nombre de TER
Les deux élus rappellent la prise en charge de 50% de l’abonnement des usagers du TER Grand Est pour les trois prochains mois (février, mars, avril 2023), annoncés vendredi 13 janvier sur Twitter suite aux dysfonctionnements du Reme. Ainsi que la mise en vente de plus de 1 500 000 billets à petits prix de février à avril.
Ils préviennent que si la SNCF ne tient pas sa promesse d’ici le mois d’avril en réaugmentant progressivement le cadencement, une prolongation des réductions sera demandée à l’entreprise ferroviaire. Thibaud Philipps annonce aussi que la Région ira sur le terrain sans la SNCF, pour contrôler la situation et comprendre où sont les problèmes.
Selon les élus, des réunions avec la SNCF auront lieu régulièrement pour faire le bilan de l’offre TER et déterminer si l’augmentation du cadencement des trains est possible. D’après Alain Jund et Thibaud Philipps, l’offre en TER devrait lentement atteindre les niveaux promis au lancement du Reme en août 2023.
La Région et l’Eurométropole payeront 9 mois un service qui n’a pas été entièrement fourni. Les élus expliquent réfléchir à d’éventuelles pénalités financières ou à un ajustement du budget en 2024, même s’ils estiment que les réductions actuelles sur les abonnements sont déjà une forme de pénalité (puisqu’ils sont entièrement pris en charge par la SNCF).
Des excuses à demi-mot
Du côté de l’Eurométropole comme de la Région, les élus cherchent à remettre en avant les aspects positifs du Reme, qui « fonctionne bien » pour les bus par exemple. Selon eux, « il faut être optimiste car le Reme a permis un cadencement augmenté de 40% sur les premiers week-ends ». Aussi, Thibaud Phillips souhaite insister sur le fait qu’il y a tout de même plus de trains aujourd’hui par rapport à avant le lancement du REME. Alain Jund abonde :
« Cela n’a pas été parfait. Nous sommes conscients que cela n’a pas été tous les jours simple pour les usagers. Ce qui devait être un choc de l’offre a plutôt été un choc des nerfs. Nous sommes désormais dans une démarche modeste, humble. Nous allons tirer des leçons de cela pour avancer. Et nous sommes condamnés à réussir. »
La déception se lit tout de même dans le discours des élus. Ils rappellent à plusieurs reprises que le projet était regardé depuis « les plus hauts sommets de l’État ». Alain Jund rejette la faute sur la SNCF en rappelant qu’il n’y a aucun manque de matériel ou d’infrastructure. Pour lui, le vrai souci a été le manque d’organisation lié au cadencement prévu. Le réseau SNCF a selon lui sous-estimé le Reme en le traitant comme une simple augmentation de TER, là où il aurait fallu le traiter comme un nouveau système de RER.
Thibault Philipps : « Je m’excuse »
Alain Jund l’affirme : ce manque d’anticipation leur a échappé. Pourtant, dans un article des DNA, il affirme que les syndicats l’avaient averti, mais qu’il a tout de même fait confiance à la direction de la SNCF pour le lancement. La CGT prédisait effectivement que le lancement du Reme serait catastrophique à cause d’un manque de matériel, de personnel et du fait que la gare de Strasbourg est trop petite.
De son côté, Thibaud Philipps a joué l’apaisement pour tenter de retrouver la sympathie des usagers :
« Je m’excuse que le Reme n’ait pas fonctionné comme il aurait dû. Maintenant je veux que les choses soient fiables et progressives. Nous ne pouvons plus faire des annonces que nous ne sommes pas capables de tenir. »
Il faudra attendre donc désormais attendre fin août, au mieux, pour espérer retrouver la cadence prévue en décembre 2022.
Chargement des commentaires…