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Régionales : en tête, la droite se passera d’un front républicain pour l’emporter

Le président sortant Jean Rottner (LR) aborde le second tour avec plusieurs points d’avance sur le Rassemblement national, mais cet écart reste fragile compte tenu de la faible participation. Il pourrait y avoir une quadrangulaire dimanche 27 juin.

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Six ans après le psychodrame de 2015, avec un Front national en position de force dans une triangulaire FN-LR-PS et le maintien des Socialistes, le Grand Est a connu une soirée électorale bien plus calme à l’issue du scrutin régional 2021. Sur fond d’abstention grandissante, plus forte encore qu’aux élections municipales de 2020 pourtant plombée par la crise sanitaire, la droite a maintenu sa domination sur l’ex-Alsace Lorraine et Champagne Ardennes. Elle est en mesure de l’emporter seule dimanche 27 juin.

Avec 31,44% des suffrages exprimés, le président sortant Jean Rottner (LR) est le grand vainqueur du premier tour. D’une part il est en tête, ce qui n’était pas garanti, mais de plus il possède une confortable avance sur le candidat du Rassemblement national (RN). Diligenté depuis le Sud de la France, Laurent Jacobelli est distancé à 21,12%. C’est un très net recul (15 points) par rapport à 2015.

Jean Rottner doit maintenir son électorat motivé

En campagne, Jean Rottner a répété que la question d’un « front républicain » serait de la responsabilité des listes derrière lui, s’il y avait un risque de victoire RN. Dimanche soir, il n’a même pas réclamé de ses concurrents de se retirer ou de fusionner avec lui. Son enjeu sera néanmoins de maintenir son électorat mobilisé pour le second tour, sa marge semble confortable à première vue, mais compte-tenu de la participation participation famélique, elle n’est en fait que de 108 000 voix sur 3,8 millions d’inscrits. Ainsi, il a un peu surjoué le risque RN. Le Mulhousien déposera la même liste pour le second tour.

Jean Rottner satisfait du résultat, qu’il explique par son bilan. (vidéo JFG / Rue89 Strasbourg)

Dans une réaction plus confuse, Laurent Jacobelli a appelé « les électeurs de Marine Le Pen et Jordan Bardella » aux précédentes élections à se mobiliser pour lui et même « les électeurs sincèrement de droite » : « en votant pour l’opposition au gouvernement, ils se retrouvent dans la majorité ». Un argument qui aurait pu faire mouche si LR et LREM avaient fusionné, mais cela n’est pas d’actualité, compte-tenu des scores.

L’ancien candidat « Debout la France » a aussi fustigé le gouvernement dans la mauvaise organisation des élections, mais expliqué que l’abstention record était un symptôme du Grand Est, ce qui devient « l’échec le plus marquant de Jean Rottner » : « En étant la Région où la participation est la plus faible de France, elle montre le rejet de nos concitoyens pour ce “machin administratif” coûteux », écrit-il dans un communiqué. Six après le slogan de l’UMPS, le RN renvoie dos à dos la majorité présidentielle et la droite, tout en appelant les électeurs de ses derniers à lui accorder ses suffrages.

Extrait de la réaction de Laurent Jacobelli. (vidéo Lola Mannecy / Rue89 Strasbourg)

Brigitte Klinkert en-deçà des attentes

Pour la majorité présidentielle, la candidature de Brigitte Klinkert n’a finalement pas eu l’effet escompté à droite. La ministre déléguée à l’Insertion se classe quatrième, à 10,65%, soit juste assez pour se maintenir. Personne ne lui ayant proposé d’alliance, une décision sera prise entre maintien ou retrait. Quatrième et sans dynamique, elle prend le risque de faire de la figuration au second tour. Mais même avec un petit score, elle permettrait à « La République en Marche » de placer quelques élus dans l’hémicycle régional jusqu’en 2028.

La Colmarienne a appelé à « un sursaut » au second tour. L’abstention étant encore plus forte dans le Grand Est qu’ailleurs en France, Brigitte Klinkert ne perd pas l’occasion de pointer une région « beaucoup trop grande » et « pas cohérente ». Et face à l’incompréhension des électeurs, elle propose d’ouvrir « un chantier institutionnel ».

Brigitte Klinkert, avec un parapluie aux couleurs de l’Europe, peu avant son passage sur France 3 Alsace dimanche soir (vidéo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)

La ministre peut se consoler en regardant son score dans le canton de Colmar-2, où avec son binôme, le maire de Colmar Éric Straumann (LR), elle est en tête avec 63,65% des voix. Il lui faudra néanmoins un deuxième tour pour continuer à siéger à la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) pour laquelle elle a œuvré. Brigitte Klinkert doit sa qualification au second tour des régionales à ses scores en Alsace où elle se classe deuxième avec près de 20% des suffrages. Elle remporte de nombreuses communes du Haut-Rhin.

À gauche, une addition ?

À gauche, Éliane Romani (EELV) réalise un score correct avec 14,6% des voix. Elle remporte d’ailleurs le vote à Strasbourg (25,61%).

Après six ans de disette, les écologistes seront en mesure de retrouver des élus régionaux grâce à leur alliance de premier tour avec le Parti socialiste et le Parti communiste. C’est la seule formation à gagner des voix par rapport à aux régionales de 2015. Éliane Romani a « tendu la main » à Aurélie Filippetti et la liste de l’Appel inédit (France insoumise, Place publique, des Socialistes dissidents et d’autres formations de gauche) qui termine à 8,64% et peut donc fusionner. « Ceux qui se reconnaissent dans notre projet écologique et de justice sociale sont les bienvenus », a-t-elle réagi, histoire de rappeler qu’il faudra se fondre dans le collectif déjà formé. L’ancienne ministre socialiste Aurélie Filipetti a bien accueilli cette proposition : « les discussions ne font que commencer », a-t-elle salué en duplex depuis Metz sur l’antenne de France 3 Grand Est. À la soirée électorale à Strasbourg, Marie-Jeanne Steff, coordinatrice départementale de Place Publique et 24e sur la liste estime qu’il « faut absolument une liste de fusion pour le second tour », tout en rappelant que la décision n’était pas prise au sein de la liste en début de soirée.

Le rapport de force est côté écologistes, puisqu’ils peuvent très bien continuer l’aventure sans l’Appel inédit, qui au contraire a besoin d’Éliane Romani et de ses colistiers pour rester. Mais la campagne houleuse a laissé des stigmates dans les deux équipes et il n’est pas certain que des discussions aboutissent. Surtout qu’une addition n’assure en rien une victoire. En revanche, hors de question de négocier avec Brigitte Klinkert, « la représentante du gouvernement », dixit le numéro 2 de la liste Michaël Weber (PS).

Éliane Romani : « Je tends la main à Aurélie Filipetti » (vidéo JFG / Rue89 Strasbourg)

Florian Philippot, une petite réserve pour le RN

Derrière, Florian Philippot gagne le match des « petites listes », avec 7% des voix. Un contingent d’électeurs qui pourraient se porter pour certains vers Laurent Jacobelli. Florian Philippot a d’emblée écarté l’idée d’une fusion avec son ancien parti, qu’il a quitté avec fracas. L’ex-numéro 2 du FN et élu régional ne fait d’ailleurs plus campagne sur les thèmes de l’ex-Front national, mais contre les mesures sanitaires et les restrictions de libertés qu’elles engendrent.

Les régionalistes alsaciens d’Unser Land sont en léger recul par rapport à 2015 avec 3,67% (contre 4,73% il y a six ans). Logiquement, leur score est meilleur en Alsace (9,37%), mais pas de quoi bouleverser les équilibres locaux. Lutte ouvrière regroupe 2,60% des suffrages. Enfin, Adil Tyane de l’Union démocrate des Musulmans français ferme la marche avec 0,49%%.

Une abstention plus marquée au nord de la Lorraine et en Alsace

L’abstention a largement dominé le scrutin. Mais l’abstention ne dirige aucune région, ni aucun département de France.


#élections régionales 2021

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