Quelle drôle d’idée a piqué une poignée de chefs du Grand Est ? Alors que le rapport du préfet sur une possible évolution et fusion des deux départements alsaciens (Haut-Rhin et Bas-Rhin) est attendu pour « la fin du printemps », soit en théorie mercredi 20 juin à minuit, les esprits s’échauffent chez quelques dirigeants politiques. Ils viennent de donner une belle occasion au parti régionaliste alsacien Unser Land de se victimiser.
Les élus du Grand Est ont visiblement bien mal pris la campagne de pub peu flatteuse d’Unser Land qui appelle le « peuple alsacien » à « prendre [son] destin en main », que l’on peut voir sur certains panneaux et tracts. Par lettre recommandée d’huissier, ils demandent à Unser Land de cesser l’utilisation de son logo, apposé sur un boulet de prisonner.
Une démarche guère diplomatique, qui suffit à galvaniser le jeune parti alsacien qui parle de « censure » et « tentative d’intimidation ».
Une marque déposée
Sur le site de l’Institut national de la protection intellectuelle (Inpi) la marque « Région Grand Est » est belle et bien déposée depuis le 15 mars 2016. Mais l’utilisation de logo est néanmoins permise dans le cas des caricatures qui permet bénéficier de l’exception aux droits d’auteur. Ce qui ici, prête à discussion.
De manière étonnante, le courrier de menaçant mentionne que le siège du Grand Est est situé à Metz, là où il a plusieurs été mentionné que le siège restait à Strasbourg (notamment à l’Inpi). La lettre envoyée le 15 juin et reçue le 18 donne un délai de huit jours pour retirer le logo de la discorde.
Selon Jean-Georges Trouillet, secrétaire général et porte-parole du parti, la campagne a vocation a durer bien au-delà du délai donné par le Grand Est :
« Que ce soit 8 heures, 8 jours, ou 8 semaines, on ne changera pas nos panneaux. Le préfet donne un avis, mais ce n’est pas lui qui décide ensuite. Ce logo n’est pas celui d’une entreprise privée, mais d’une administration qu’on a la droit de critiquer. »
Le projet Unser Land
Unser Land a présenté pour l’Alsace un projet de sortie du Grand Est qui s’inspire de l’Assemblée Corse. Il semble néanmoins hors du cadre fixé par le Premier ministre, à savoir une fusion des départements au sein du Grand Est, avec une porte ouverte à l’expérimentation pour récupérer certains pouvoirs de la Région Grand Est ou de l’État.
Respecter une loi, si…
Néanmoins, Unser Land se dit prêt à retirer les affiches polémiques à une condition :
« Dans le cas où effectivement une loi permettrait la censure souhaitée par M. Rottner, Unser Land se conformera au droit, à condition, bien évidemment, que l’État se conforme également au droit, et en particulier à la Charte européenne de l’autonomie locale, en organisant un référendum sur la sortie du Grand Est.
Dans le cas contraire, il est bien évidemment hors de question pour notre mouvement d’accepter toute forme de censure, qui plus est de la part d’un triste sire sans parole (c’est-à-dire son président Jean Rottner, un temps à la pointe de la fronde anti-Grand Est ndlr). »
Le parti alsacien qui ne perd pas une occasion d’égratigner la nouvelle administration rappelle que sa campagne « n’est pas financée par l’argent du contribuable » contrairement à … « la propagande du Grand Est ».
Unser Land a accédé aux financements publics des partis avec les élections législatives de 2017, mais le premier versement n’a pas encore été effectué en raison des recours qui doivent encore être purgés. Selon Jean-Georges Trouillet, Unser Land vit uniquement des cotisations de ses adhérents à ce jour.
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