L’été a débuté avec une explosion de la majorité municipale strasbourgeoise en quatre groupe. S’il y a peu de changements à dénombrer sur les bancs du conseil municipal depuis (quoique…), l’actu estivale, et pas seulement politique, a connu quelques épisodes riches cet été en Alsace et à Strasbourg. Voici tout ce qu’il faut savoir pour se mettre à jour.
Le quartier de la Neustadt rejoint le patrimoine mondial de l’Humanité
Début juillet, la Neustadt est classée au patrimoine mondial de l’Humanité. Construit par les Allemands de 1870 à 1918, la « nouvelle ville » a été retenue par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Le périmètre strasbourgeois classé à l’Unesco, qui comprenait toute la Grande Île depuis 1988, se voit donc doublé.
Avec cette inscription au patrimoine mondial, devenu une référence internationale, Strasbourg espère des retombées économiques et surtout touristiques. Selon le premier adjoint au maire de Strasbourg, Alain Fontanel (LREM), la labellisation constitue une « incitation à rester plus longtemps ou à revenir ». Attention toutefois : il ne faudrait pas que le tourisme de masse se développe au détriment de la conservation du patrimoine classé.
Strasbourg entre dans le cercle restreint des villes bi-classées à l’Unesco. La municipalité ne compte pas s’arrêter là, puisqu’elle devrait présenter un nouveau dossier en 2021. Objectif: inscrire l’Œuvre Notre-Dame, c’est-à-dire l’entretien de la cathédrale avec les techniques d’époque, au patrimoine « immatériel » de l’humanité.
Lire l’article « La Neustadt distinguée par l’Unesco, quoi de neuf dans le quartier ? »
Avis favorable pour l’extension du tram vers Koenigshoffen
La commission d’enquête publique a rendu fin juillet un avis favorable à l’extension du tramway vers le quartier de Koenigshoffen, à l’ouest de Strasbourg. Ce dossier épineux oppose la municipalité au collectif « Pour le tram à Koenigshoffen », un groupe d’associations d’habitants des quartiers traversés. Les deux parties proposent différents tracés.
La Ville de Strasbourg souhaite détourner l’actuelle ligne F vers l’Elsau, via la rue du Faubourg national. Le Collectif défend quant à lui le prolongement de la ligne C via la gare. De peur de retarder les travaux, ce dernier ne fera pas de recours contre la déclaration d’utilité publique. Les membres du groupe sont cependant loin de baisser les bras.
Le Collectif compte proposer de commencer les travaux côté Koenigshoffen, où la partie du tracé fait consensus. En parallèle, il devrait demander aux élus strasbourgeois d’utiliser une subtilité de la loi Bouchardeau sur les enquêtes publiques. Le but : ouvrir une enquête publique complémentaire pour modifier les derniers mètres du tracé, et obtenir une connexion par la gare.
Affaire à suivre en septembre lors du conseil municipal du lundi 25 septembre. Le 29, ce sera au conseil de l’Eurométropole de se prononcer sur l’extension du tram.
Lires les articles, « Avis favorable pour l’extension du tram vers Koenigshoffen« , « Tram à Kœnigshoffen : le Collectif ne fera pas de recours, mais… » (édition abonnés) et « Semer le doute avant le conseil municipal, nouvelle idée du collectif pour le tram à Kœnigshoffen » (édition abonnés)
Polémique sexiste à Dannemarie
Le feuilleton de l’été alsacien vient de Dannemarie. La commune haut-rhinoise de 2 500 habitants met chaque année un thème à l’honneur. En 2017, le maire Paul Mumbach décide d’organiser l’année de la femme. À cette occasion, la municipalité installe 65 silhouettes féminines en juin sur la voie publique.
Ces silhouettes représentent des femmes, certaines dans des positions lascives ou courtement vêtues, ainsi que des énormes « bouches pulpeuses » rouges. Ces œuvres d’art du meilleur goût font le tour des réseaux sociaux et provoquent l’indignation. Une association féministe, « Les Effronté-es », décide de porter l’affaire en justice. Elle saisit le Tribunal Administratif par référé-liberté pour obtenir le retrait immédiat des panneaux jugés sexistes. « Cela donne une très mauvaise image des femmes, ça les met dans un carcan qui ne devrait plus exister depuis des années », déclare Sarah Pyd, référente des Effronté-es à Strasbourg, à France 3 Alsace.
Et la justice donne raison aux féministes. Le 10 août, le juge des référés ordonne le retrait des silhouettes. Il considère que ces panneaux sont une atteinte grave au principe d’égalité entre les hommes et les femmes, principe consacré comme une liberté fondamentale. Le tribunal retient que « ces représentations de silhouettes féminines ou d’éléments du corps féminin illustrent une conception de la femme, inspirée par des stéréotypes et la réduisant de façon caricaturale, et parfois graveleuse, à une fonction d’objet sexuel. »
Pour Paul Mumbach et sa première adjointe Dominque Stroh, qui a conçu elle-même ces panneaux en contreplaqué, c’est l’incompréhension : « Cette décision est très grave et fait un retour en arrière de plusieurs dizaines d’années », estime le maire de la ville. « Comment faire une exposition publique en sélectionnant les artistes et leurs œuvres sur ce critère (le principe d’égalité entre les hommes et les femmes NDLR) ? ».
Une pétition a été lancée par le « collectif de soutien à la ville de Dannemarie », regroupant pour l’heure plus de 3 300 signatures. La Municipalité a fait appel auprès du Conseil d’État.
Le 22 août, nouveau rebondissement : la commune est à nouveau attaquée par le tribunal administratif pour non-exécution de l’injonction à enlever les silhouettes. Si le maire a enlevé les panneaux de la voie publique, ils ont trouvé refuge sur les balcons et dans les jardins de certains Dannemariens. Les silhouettes bien qu’elles ne se situent plus sur le domaine public, restent visibles. Dans une publication Facebook, Paul Mumbach fait part de son indignation: « Cette fois c’est la liberté individuelle qui est attaquée ! Trop c’est trop. »
Premier match du Racing en Ligue 1, une fête gâchée par des hooligans à Lyon
L’année 2017 marque le retour du Racing Club de Strasbourg en Ligue 1. Après les quatre premières journées de la saison, les Strasbourgeois comptent 1 victoire 1 match nul et 2 défaites. Strasbourg pointe en quatorzième position.
Samedi 5 août marquait un grand jour pour les supporters du club strasbourgeois: neuf saisons s’étaient écoulées depuis le dernier match. Pour leur retour dans l’élite, après avoir connu les bas-fonds de la CFA2, le Racing avait rendez-vous à Lyon. Les 2 000 places visiteurs du stade lyonnais s’étaient arrachées en quelques heures, et un millier d’autres supporters s’étaient rendus par eux même au Groupama Stadium. La fête promettait d’être belle. La défaite 4-0 n’était qu’anecdotique.
Pour certains supporters strasbourgeois, en dehors du stade la soirée est un véritable calvaire: des dizaines sont roués de coups par des fans lyonnais, certains sont gravement blessés. Une lettre ouverte fait le tour des réseaux sociaux le lendemain du match et et les témoignages de victimes se multiplient. Une dizaine de plaintes ont été déposées contre X pour coups et blessures et une enquête est ouverte. L’un d’eux est en arrêt de travail pour 45 jours. Pour l’heure, selon le journal L’Équipe, trois agresseurs ont été identifiés.
Lire les articles « Des galères de la CFA 2 à la Ligue 1, souvenirs de supporters du Racing » et « « Chasse aux supporters strasbourgeois » à Lyon : on fait le point«
GCO: des militants occupent le terrain, des experts réprimandent le projet
Cet été, les opposants au GCO (Grand Contournement Ouest) ont continué leur bataille contre le constructeur, Vinci via sa société Arcos. Pour rappel, le projet d’autoroute payante de 24 km doit relier en 2020 le nord de l’agglomération de Strasbourg au sud par l’ouest.
Le 14 juin l’eurodéputé José Bové (EELV) organise sa deuxième visite de soutien devant près d’une centaine de militants. Cette visite redonnait un goût d’espoir aux opposants du GCO dont la mobilisation s’essoufflait.
Deux mois plus tard, le 5 août, la mobilisation reprend de plus avec belle avec l’installation durable près du moulin de Kolbsheim de six militants opposés au projet de l’autoroute. Appelée « zone à défendre (ZAD) du Moulin »par ses nouveaux habitants, c’est la première occupation illimitée contre le projet de Vinci. Les six occupants estiment qu’une mobilisation plus marquée est nécessaire pour empêcher le début des travaux. Plusieurs événements s’y sont déroulés et la camp prend un peu d’ampleur.
Sur le plan administratif, l’été fut également mouvementé dans le dossier GCO, avec l’émission de deux avis défavorables Conseil national de protection de la nature (CNPN). Cette institution, rattachée au ministère de l’Écologie, se charge d’étudier et de donner un avis concernant la préservation des espèces sauvages et des espaces naturels sur les projets. Début juillet, le comité réunissant 30 scientifiques, estime que les impacts provoqués par les travaux autour du tracé sont « largement minorés » et les impacts permanents sur la faune et la flore « ne sont pas correctement évalués ».
L’avis du CNPN est consultatif, mais préalable à l’obtention de l’arrêté préfectoral autorisant le lancement des travaux. Celui-ci devait être signé fin septembre. Mais avec ces deux avis défavorables, l’État attend des constructeurs quelques mesures supplémentaires avant de délivrer son sésame. Initialement programmés à partir de l’hiver, les débuts des travaux risquent d’être repoussés.
Lire les articles, « GCO : la Zad un terme connoté mais revendiqué positivement » et « À Kolbsheim, le GCO tient sa Zone à défendre » (édition abonnés)
Un camp de migrants installé rue du Rempart
Depuis le mois de mai une centaine de personnes sans domicile fixe, essentiellement des demandeurs d’asile originaires des Balkans et d’Europe de l’Est, se sont installés derrière la gare de Strasbourg. Depuis le printemps, ce camp de fortune grandit autour des ateliers de la SNCF.
La situation des occupants est précaire: quatre toilettes et un robinet sont mis à disposition courant août par la Municipalité. L’accès à deux douches situées à dix minutes à pied du camp est fourni par l’association Horizon Amitié.
Depuis l’installation du camp, l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) ne propose aucune solution aux demandeurs d’asile, qui disposent pourtant d’un droit à l’hébergement. L’avocate de plusieurs familles des « Remparts », Me Sophie Schweitzer, dépose des référés libertés pour qu’elles obtiennent des logements.
Le 21 août, première victoire pour une famille du camp. Le Tribunal administratif de Strasbourg condamne l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). L’institution doit héberger sous 48 heures une famille de quatre Albanais qui logeait jusqu’à cette date sous une tente. Cette décision pourrait être reproduite pour d’autres familles des Remparts.
La situation n’est pas résolue pour autant. Début août, la Ville de Strasbourg avait saisi la Justice pour faire reconnaître l’occupation illégale de son terrain. L’audience se tiendra au Tribunal de grande instance le 12 septembre prochain.
Lire l’article, « Aux Remparts, bras de fer autour de l’installation de demandeurs d’asile«
Le sort du Foyer Saint Louis relancé
La Robertsau aura-t-elle un lieu de vie tant réclamé ? La paroisse catholique souhaite vendre son foyer Saint-Louis et ses nombreuses salles de différentes taille. Le collectif « Un cœur pour la Roberstau » souhaite que la municipalité se saisisse de l’occasion pour créer un endroit vivant, au centre de ce quartier résidentiel du nord de la ville.
Malgré des années de discussions vaines, cette demande n’a jamais été entendue. L’affaire était pliée et un ensemble d’appartements devrait être construit à la place du foyer. Mais au milieu de l’été, le promoteur immobilier Icade s’est retiré du projet. Les raisons n’ont pas été dévoilées. Le collectif avait initié quatre recours en Justice.
Le maire de Strasbourg Rolande Ries (PS) s’est engagé à rouvrir des discussions à l’automne. Plusieurs membres de sa majorité hétéroclite se sont félicités de cet abandon.
Lire l’article « Foyer Saint Louis : le promoteur se retire, le projet remis à plat »
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