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Recalés mais satisfaits : ces Alsaciens qui espéraient figurer sur la liste Renaissance

Plus de 2 000 personnes ont envoyé leur candidature pour figurer sur la liste européenne de « La République en Marche ». Mais la montée du Rassemblement national a poussé le parti présidentiel à conclure des alliances. Rue89 Strasbourg a interrogé trois candidats alsaciens recalés. Bilan : l’ouverture à la société civile, c’est toujours compliqué.

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Curriculum Vitae, lettre de motivation et vidéo de présentation… Jusqu’au 19 novembre 2018, les soutiens de « La République En Marche » (LREM) pouvaient candidater pour figurer sur la liste du parti présidentiel aux élections européennes. Plus de 2 000 personnes se sont proposées pour obtenir une des 79 places de député européen.

Mais le mouvement a aussi joué un jeu plus classique, celui des alliances avec d’autres formations comme le Modem ou Agir. Et pour aller plus loin que ces signaux vers l’électorat au-delà du centre-droit, LREM a ajouté des « prises de guerre » : un ancien d’Europe Ecologie Les Verts, Pascal Durand et du parti « Les Républicains », Gilles Boyer ont obtenu une place d’éligible.

Autant de places en moins pour l’ouverture à la fameuse « société civile »… Rue89 Strasbourg a interrogé trois candidats alsaciens recalés, et même pas rancuniers.

Plus de 2 000 candidatures pour figurer sur la liste européenne de la République en Marche… pour 79 places. (photo Abdesslam Mirdass)

« Il faut faire preuve de bienveillance »

Habitant d’un village près de Mulhouse, Jean-Philippe Bouillé bouge beaucoup à l’international. Il a travaillé pendant dix ans pour la multinationale Novartis ou pour Nestlé à des postes de contrôle de gestion ou de direction générale. Le soutien à l’Union Européenne lui semble une évidence, de même que l’adhésion au mouvement d’Emmanuel Macron, dès 2016. Lorsque le parti présidentiel lance un appel à candidatures pour sa liste, le Mulhousien est tenté :

« J’en ai parlé à mon épouse. C’est un choix qui peut mener à un changement de style de vie, mais elle était très enthousiaste. »

Le père de famille souhaitait travailler sur la transition écologique et les questions de sécurité au niveau européen. Il n’a pas été retenu :

« Je n’ai pas eu de feedback (retour, ndlr) très personnel. Je me dis que j’ai pêché par manque d’expérience politique et d’ancrage local ».

Le cadre supérieur ne remet pas en cause le processus de sélection global mais entrevoit ses potentielles faiblesses :

« On ne s’engage pas pour s’entendre dire “Non, vous n’êtes pas sur la liste”. Il faut donc faire preuve de bienveillance à l’égard de ceux qui ne sont pas pris. Il ne faudrait pas que ça mène à un sentiment négatif chez certains adhérents… »

« Pas mal de travail et de répétitions »

Pierre Huin fait aussi partie des soutiens de la première heure de la République en Marche. Entre la décision de candidater, puis l’envoi de la candidature, ce directeur adjoint d’un établissement de santé a donné beaucoup de son temps :

« Le simple fait de choisir nécessite une réflexion, une discussion avec sa famille, ses amis. Puis l’exercice imposé de la synthèse vidéo était nouveau pour moi. Ça a nécessité pas mal de travail et de répétitions. Je saurais pas dire le nombre d’heures que ça m’a pris… »

Rassembler : « La responsabilité d’En Marche »

Mais le Haut-Rhinois n’est pas rancunier. « On est marcheur parce qu’on est dans ses valeurs et pas parce qu’on cherche à avoir un mandat », affirme-t-il.
Face à la première place du Rassemblement National dans les sondages, le cadre juge la situation « sérieuse ». Le quinquagénaire approuve donc les choix de la commission d’investiture de la République en Marche et cette large alliance : « Il en va de la responsabilité du parti d’initier un dispositif qui puisse faire renaître l’Europe. »

D’après les trois Marcheurs interrogés, l’alliance avec d’autres formations politiques est jugée nécessaire. Jean-Philippe accepte donc cette « contrainte au niveau de l’ouverture à la société civile qui fait qu’il y a une « surreprésentation » des politiques sur cette liste. »

« Un choix politique classique »

Farouk Allouche, docteur en immunologie à l’Université de Strasbourg, a aussi envoyé sa candidature au parti présidentiel. Au Parlement européen, il souhaitait travailler sur les thématiques de recherche, d’innovation et sur l’égalité des genres. Tout en affirmant son soutien à la République en Marche, il admet que la liste Renaissance relève d’ »un choix politique classique, qui ne représente pas vraiment comment LREM fonctionne » :

« Pour les élections européennes, on était plus ou moins préparé à la liste annoncée à partir du moment où l’alliance avec les centristes était évoquée. C’est peut-être une exception et ça reste compréhensible. Pour l’ouverture à la société civile, je pense que ça sera plus visible pour les prochaines élections municipales. »

LREM et Génération·s : les listes les plus ouvertes

Stéphanie Villemin, référente de la République en Marche dans le Haut-Rhin, a obtenu la 41e place sur la liste Renaissance. Pour cette cheffe d’entreprise, l’ouverture à la société civile et « alliance des forces progressistes » ne sont pas contradictoires. Et la candidate de rappeler : « Sur les 10 premières personnes de la liste, un tiers est issu de la société civile. »

Un article du site de fact-checking de Libération confirme ces propos : « Seules la liste LREM et celle de Génération·s menée par Benoît Hamon comptent, sur les quinze premiers noms, moins de dix candidats s’étant déjà présentés à une autre élection. »


#élections européennes 2019

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