Aller à Auroville près de Pondichéry ou à Goa ? Tony Weingartner et Jérôme Wioland (alias Chifumi), deux artistes strasbourgeois, qui partent faire le tour de l’Asie, n’ont pas encore choisi. Ils vont laisser les internautes décider à leur place. Tout ce qu’ils savent pour l’instant, c’est qu’ils partent le 17 octobre pour Mumbai en Inde et vont voyager à travers l’Asie durant un an minimum. Le reste de leur voyage sera guidé par le hasard, d’où le nom de leur projet Radical Drift :
« Le titre du projet signifie « Dérive radicale » ou le choix de se laisser porter par le vent et accepter son influence. Plusieurs paramètres comme l’implication de l’internaute, les rencontres, les expériences, les signes… nous guideront là où peut-être nous ne serions jamais allés de nous-mêmes. Notre expérience sera en quelque sorte enrichie grâce au hasard. Même si, bien entendu, il est très difficile d’être totalement objectif et détaché dans ses choix. »
Les deux artistes se connaissent depuis plusieurs années. Ils se sont rencontrés grâce à l’association Démocratie créative, dont ils sont tous les deux membres.
« Pendant deux ans nous y avons mené un certain nombre d’actions et organisé plusieurs evènements ayant pour structure l’expression dans l’espace public. »
Radical Drift n’est pas qu’un voyage. C’est également un projet artistique hébergé sur le site d’Arte Créative, une plate-forme participative articulée autour de la création visuelle contemporaine et des différents univers des médias audiovisuels et numériques. Dans leur voyage, cette page va leur permettre de rester en contact avec les internautes qui peuvent voter dans les commentaires (ou sur la page Facebook) pour la prochaine destination de Tony et de Chifumi :
« Notre page sur Arte Créative va permettre à l’internaute de rentrer en contact avec nous, de manière à suggérer, questionner et parfois même choisir pour nous. Cette page sera aussi un carnet de bord dans lequel nous publierons un « inventaire sémantique », c’est à dire un catalogue de matières (photos, texte, vidéo) susceptibles de nous influencer dans la production d’œuvres. »
Le site finance des projets artistiques entre 500 et 1 500 euros et aide à en faire la promotion. Arte Créative s’intéresse à tous type de projets visuels tels que les web-séries, comme Radical Drift, les court-métrages ou les performances. Dans le cas de Tony et Chifumi, c’est Alain Bieber, le responsable d’Arte Créative, qui les a contactés :
« Je les ai rencontré grâce à l’association Démocratie créative, et c’est moi qui leur ai proposé de réaliser leur projet sous la bannière Arte Créative. Nous les finançons à hauteur de 500 euros pour leurs vidéos mais nous nous occupons aussi de faire leur promotion via le site en essayant notamment de faire participer les internautes. »
Définir le voyage en cours de route
A ce prix, inutile de préciser que Radical Drift n’a aucune consigne de la part d’Arte. Même si leur projet n’est pas encore complètement défini, tout comme leur budget final, leur but est de partir à la rencontre de nouvelles cultures et de se les réappropier. Pour chacune de leurs vidéos par exemple, ils veulent choisir une musique locale qu’ils réinterprètent complètement avec leur voix pour seul instrument.
« A terme nous pensons éditer un album composé de tous les titres locaux que nous réinterpréterons. Nous souhaitons explorer, rencontrer, nous confronter, mesurer et proposer. En gros, développer un travail de traduction contextuel (social, économique, politique, architectural…) avec notre regard de jeunes occidentaux. Nos productions seront très diversifiées, allant de la peinture au tatouage, en passant par la performance, la sculpture, la photographie, et j’en passe… »
Pour se préparer à ce long voyage, Tony et Jérôme sont partis à Ténérife, dans l’archipel de Canaries, afin notamment d’expérimenter leur relation pendant le voyage. Ils ont fait le tour de l’île uniquement en auto-stop et tourné une première vidéo, baptisée El Suculum, qui sert de teaser à leur futur périple indien.
« Cette pièce est riche en symboliques liées au voyage et au temps qui s’écoule. C’est une sorte de jeu de la roulette russe. Nous établissons une règle dont le quantifié n’est pas maitrisable, et nous faisons tourner le barillet. Cette fois-ci, la règle était une marque corporelle par véhicule qui ne s’arrête pas. Le processus s’arrête quand un conducteur veut bien amener Tony au prochain village. Le choix du tatouage s’est fait naturellement. Il est indélébile, comme l’expérience que tout individu accumule au long de sa vie. »
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