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Racing : après le doute sportif, le doute financier

Malgré sa victoire de vendredi (3-2), la relégation du Racing Club de Strasbourg de National en CFA se profile. Sur les dix matchs précédents, l’équipe n’en avait gagné aucun. Des résultats qui font rager les supporters mais inquiètent aussi les financeurs. Les collectivités publiques avaient subventionné le club à hauteur de 1,6 million d’euros en 2012.  La question se pose : ces aides seront-elles renouvelées pour la saison 2014-2015 en cas de descente en CFA ?

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Dans les tribunes, l’agacement des supporters est perceptible… (Photo Denis Beylet)

Les joueurs du Racing vont devoir se cramponner. Leur victoire de vendredi soir ravive l’espoir des supporters qui veulent voir leur équipe se maintenir en National. Mais sur les dix rencontres précédentes, les bleus n’avaient pas réussi à décrocher la victoire. Le club emblématique de Strasbourg traverse une nouvelle période d’incertitude. Après avoir été sauvé in extremis en 2012, à la suite d’une rocambolesque reprise par Marc Keller, le club qui évolue en National (3e division) a toutes les chances de descendre en CFA (4e division). Et ce, malgré une participation accrue des collectivités locales (Ville, CUS, Région et Département), 1,6 million d’euros par an depuis 2012.

À la Région Alsace, on explique :

« À l’époque, le club allait être relégué en division d’honneur à cause d’une mauvaise gestion administrative et non en raison de son niveau sportif. Nous avons donc décidé de soutenir un pôle d’actionnaires prêt à reprendre le club et à redresser la situation. »

Mais voilà, le club n’a pas tenu ses promesses sportives cette année. Si la déception des supporters est grande (Cf. photo ci-dessus), la réaction des collectivités publiques est pour l’instant inconnue : nul ne sait si elles continueront à subventionner le RC Strasbourg s’il ne se maintient pas en National.

Si la situation du club change, l’accompagnement financier changera…

La Région a signé un accord de principe en 2012 qui prévoit d’aider le Racing pendant trois ans. Chaque saison, elle verse 600 000 euros au club, dont 400 000 pour le centre de formation et 200 000 au nom d’un partenariat autour de la marque Alsace. La Région justifie ce choix :

« Même si le club n’est plus en ligue 1 ou 2, le public était au rendez-vous. Pour nous, la diffusion de la marque Alsace lors des rencontres sportives était une opportunité intéressante, d’où notre partenariat financier de 200 000 euros. »

Mais ces aides relèvent d’un accord « de principe » qui, comme son nom l’indique, n’est pas obligatoire. Cette subvention de 600 000 euros est votée chaque année et rien n’oblige la Région à la renouveler pour 2014-2015. Elle reconnaît d’ailleurs :

« Un cadre a été posé. Si les paramètres changent, il faudra en discuter. Mais pour l’instant il reste encore cinq matchs à jouer, la saison n’est pas finie. »

La Ville de Strasbourg affirme qu’elle soutiendra le Racing quoi qu’il arrive. Pour elle, le match de samedi a prouvé que tout peut encore s’inverser. Interrogé sur les conséquences qu’aurait la descente de l’équipe en CFA, Alain Fontanel, premier adjoint à la mairie de Strasbourg, répond :

« La Ville de Strasbourg continuera à soutenir le Racing l’année prochaine, pour deux raisons au moins. Le club connaît un fort succès populaire, les supporters étaient au rendez-vous cette saison. On a compté en moyenne 10 000 spectateurs par match, ce qui prouve l’attachement des Strasbourgeois à leur équipe. Développer notre club de football c’est aussi développer le rayonnement et l’attractivité de la ville à long-terme. Cela crée une source de richesse économique pour Strasbourg. »

Le soutien de la Ville est donc assuré. Reste à connaître le montant qui sera alloué au club. Alain Fontanel reconnaît que la somme pourrait changer :

« Le club n’est pas au niveau où il devrait être et une partie des subventions dépend des résultats sportifs. Mais la question des montants sera renégociée aussi en fonction des objectifs financiers du club. Pour nous décider, nous étudierons le budget et les engagements du club et il est clair qu’il y a des proportions que nous ne dépasserons pas. Dans ce projet, les risques sont partagés et ils doivent être assumés en premier lieu par les actionnaires. Leur choix de continuer à s’engager financièrement au Racing aura évidemment un impact sur nos propres décisions. Le but de la Ville a été jusqu’à présent de verser des aides publiques qui ont eu un effet de levier et qui ont permis d’attirer les financeurs privés et donc d’augmenter le budget du club. A la fin de la saison nous ferons le point avec le Racing, qu’il soit en CFA ou pas. »

Marc Keller : « Ne pas juger un club sur une seule saison »

Le premier actionnaire du club et président du Racing, Marc Keller, estime quant à lui qu’il serait dangereux de remettre en cause la viabilité d’un club sur un échec de performance d’une seule saison :

« Je suis déçu que notre équipe traverse cette période de difficulté, il ne faut pas se mentir. Mais sur le reste des engagements, notamment une bonne gestion administrative et financière, le club a tenu parole. Perdre, cela fait partie des aléas du sport. On ne peut pas tout maîtriser. »

Le RC Strasbourg bénéficie aujourd’hui d’un budget de 5 millions d’euros, qui se répartit équitablement entre les subventions, le sponsoring et la billetterie. Il s’agit du budget le plus important du National, Fréjus est deuxième avec 3,5 M€. Mais pour Marc Keller, ce budget ne reflète pas la capacité d’investissement du club :

« C’est un beau budget pour un club en National, nous en avons conscience. Mais nos charges sont proportionnelles au public accueilli, jusqu’à 20 000 personnes. Les frais de sécurité et d’organisation dans un stade comme celui de la Meinau sont beaucoup plus élevés que dans de petites villes », souligne-t-il.

Des contrats pluriannuels protègent le club

Le président reconnaît que si le RC Strasbourg descend en CFA, le nombre d’abonnés risque de baisser, mais il n’est pas inquiet quant à ses partenaires privés : « Nous avons signé des contrats pluriannuels, nos sponsors nous accompagnent dans la durée ». Des propos appuyés par Martine Hoff, chargée des relations presse d’Électricité de Strasbourg, un des principaux partenaires du club :

« Nous les suivons quand ils sont au top, on ne les laisse pas tomber quand ils sont au plus bas. »

Quant aux aides de la ville, Marc Keller est confiant : « Nous avons tous un rôle à jouer, une responsabilité. Je sais que Strasbourg en a conscience ». Les subventions sont votées annuellement et la Ville pourrait théoriquement les suspendre. Mais pour Marc Keller, l’engagement de la Ville « est moral et existe depuis toujours. Elle soutient son club ».

De son côté, la Ligue d’Alsace de Football Association (Lafa) affirme qu’elle n’interviendra pas. « Ce n’est pas notre rôle d’intercéder en faveur d’un club pour qu’il obtienne une subvention. Nous avons 650 clubs en Alsace et nous ne pouvons pas faire de favoritisme », tranche Christophe Carbiener, directeur adjoint de la Lafa. Rattachée à la Fédération française de football (FFF), l’association n’aidera pas non plus le RC Strasbourg financièrement.

(Édité par Pierre France)

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