L’affaire avait fait grand bruit. Jeudi 7 janvier vers 21 heures, un coursier de Deliveroo s’était présenté auprès de deux restaurants de Strasbourg à quelques minutes d’écart. L’un d’eux propose des spécialités méditerranées cacher et l’autre des sushis. Les deux établissements distants de quelques centaines de mètres appartiennent à la même famille. Après s’être enquis des spécialités de ces établissements, il avait annulé les commandes en déclarant qu’il « ne livrait pas les Juifs », selon le témoignage d’un de ses interlocuteurs.
Identifié grâce à la collaboration de la société Deliveroo « pas particulièrement coopérative et réactive » selon le juge, le livreur a été présenté devant le tribunal correctionnel ce jeudi matin, en comparution immédiate. Il louait le compte 150 euros par mois à un autre individu, qui n’était pas convoqué à l’audience.
Reconnu coupable de discrimination raciale, il a été condamné par le tribunal à quatre mois de prison ferme avec mandat de dépôt. Entré illégalement avec sa famille sur le territoire français il y a environ un an, il a été écroué et sera reconduit à la frontière à l’issue de sa peine. Une obligation de quitter le territoire (OQTF) lui a été notifié la veille entre autres « pour les motifs dont nous sommes saisis » a indiqué le juge. Il a 19 ans, jouait dans un club de Cronenbourg en National 2 et était hébergé par la Croix rouge.
Le tribunal a suivi les réquisitions du Parquet. Il a également accordé 1 000€ en réparation des préjudices moraux à chacun des deux restaurants et 400 euros pour les frais d’avocat, mais pas les 5 000€ réclamés au titre des préjudices matériels, en l’absence de justification. Les six parties civiles (Licra, SOS Racisme, Mrap, le Crif, Consistoire israélite du Bas-Rhin, Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme) ont également obtenu des dommages et intérêts, 400 euros ou l’euro symbolique selon leur demande.
Le coursier a plaidé non coupable. Selon lui, il a annulé ces courses parce que les commandes le faisaient aller trop loin, dans des secteurs hors du centre-ville qu’il ne connait pas. Ces annulations à la discrétion du livreur sont tout à fait autorisées selon les termes de l’application Deliveroo. Il conteste avoir tenu les propos rapportés, mais avoir dit « Ah c’est bien » en demandant l’origine de la cuisine (et non de la religion) et « c’est comme ça » pour justifier son annulation subite.
Son avocat a pointé à l’audience, que le livreur avait fait état de précédentes annulations, qui concernent des restaurants (McDonald, une pizzeria, un Sushi, un tibétain) qui n’ont rien à voir avec l’alimentation casher.
Chargement des commentaires…