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Dans huit écoles des quartiers de Strasbourg, les enfants contraints de manger froid

Avec le nouveau protocole sanitaire établi fin janvier, huit écoles primaires ne sont plus en mesure de proposer des repas chauds dans les réfectoires. Interpellée par des parents, la municipalité cherche des solutions pour que ces repas froids ne deviennent pas la norme.

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Saumon aux épices accompagné de riz, de courgettes et de poivrons ; salade de pomme de terre aux cornichons, tomates et dés de fromage ; œufs durs suivis d’une salade de coquillettes ; salade de blé…. Les élèves de la petite section de maternelle à l’école de la Meinau ont mangé froid et dans leur classe du 15 au 19 février. À la rentrée en mars, cela devrait être le tour des moyens, puis la semaine suivante celui des grands. Du moins, c’est ce qu’indique un planning transmis aux parents daté jusqu’au… 30 juin 2021.

Depuis le 28 janvier en France, la distanciation physique recommandée sans masque pour limiter la propagation des variants du Covid-19 est passée de 1 à 2 mètres. Ce décret a ainsi chamboulé les protocoles sanitaires des cantines scolaires, puisque le port du masque est impossible en mangeant. De plus, seuls 4 élèves d’une classe peuvent manger à une même table contre 6 jusque-là.

Depuis le 1er février, des repas froids sont servis dans 8 écoles maternelles ou élémentaires de Strasbourg, le plus souvent dans les classes. Il s’agit de trois établissements de Hautepierre, cinq de la Meinau et un de Cronenbourg, ce qui concerne environ 300 enfants.

« Une question d’équité »

Pour Imène Sfaxi, présidente de l’Association des parents d’élèves indépendants de la Robertsau (Apeir), qui a appris la situation à la « commission menus » à laquelle elle participe, il y a un problème « d’équité » entre enfants Strasbourgeois :

« Le même tarif est toujours payé pour un repas moins qualitatif. Il y a des disparités entre quartiers, mais aussi dans une même famille, on peut se retrouver avec le plus petit qui mange froid et le plus grand qui mange chaud. La solution avait déjà été utilisée après le premier confinement, mais en plein hiver c’est davantage problématique. Il y a en plus un aspect psychologique néfaste à ne pas sortir de sa classe. Il ne faut surtout pas que cette situation provisoire se banalise. »

Comme plusieurs parents, elle propose d’explorer des options comme l’allongement de la pause, mobiliser d’autres lieux, faire appel à des restaurateurs…

L’objectif était de ne fermer aucune cantine

La conseillère municipale déléguée à la restauration scolaire, Soraya Ouldji, explique que « la priorité » avec ce cinquième protocole, était de ne fermer aucune cantine :

« Nous avons 126 sites de restauration scolaire, qui ont pu continuer d’accueillir tout le monde avec des repas chauds pour 94% d’entre eux. Nous avons instauré un roulement par semaine dans les écoles concernées pour que les enfants mangent chaud à tour de rôle. Par ailleurs, ces nouveaux protocoles demandent un peu plus de personnel, conjugués à plusieurs absences pour cause de maladie. Il a fallu embaucher environ 100 vacataires. Enfin, la restauration scolaire est très normée. Par exemple, la nourriture ne doit jamais descendre en-dessous de 63 degrés, donc il n’était pas possible d’apporter les plats dans les classes. Il s’agit souvent d’écoles en délestage, c’est-à-dire où les enfants mangent sur d’autres lieux, qui se trouvent à leurs limites de capacité. »

Xavier Schneider, président de la FCPE du Bas-Rhin, n’accable pas la municipalité :

« On comprend qu’on ne peut pas étendre les réfectoires à l’infini. Il n’y a pas eu de menace de fermeture totale comme ça s’est fait dans d’autres villes ».

Selon le représentant de parents, les écoles en Alsace font face à un « problème de bâti » plus plus large :

« Les locaux ont été dimensionnés pour des classes où une grande partie des enfants étaient cherchés le midi par les parents, les grands-parents ou les nounous, ce qui est moins le cas ».

Il convient que le repas froid n’est « pas idéal » et que c’est le moment « d’être inventif ».

Des classes dédoublées, des protocoles compliqués

Davantage mobilisé, Stéphane Bouabout, parent d’élèves à la Meinau, a lancé un collectif de parents et a déposé la première « pétition citoyenne » du mandat, reconnue par la Ville de Strasbourg. Pour l’ancien militant et co-listier LREM aux municipales (il a quitté le parti à l’automne), il faut appliquer le « quoiqu’il en coûte » à la question de la restauration scolaire :

« Les établissements concernés sont souvent des écoles REP (Réseau d’éducation prioritaire) ou REP+, où la cantine le midi est parfois le seul repas chaud pour certains enfants. Je ne veux pas engueuler les écolos, mais leur dire qu’en se mettant au travail ensemble, on va trouver des solutions. Il faut aussi voir ce qui est possible vis-à-vis de l’Alsacienne de restauration. Un contrat, on peut le modifier avec des avenants. »

Stéphane Bouabout se dit plutôt satisfait de la tonalité des premiers échanges avec la municipalité. Côté Ville de Strasbourg, le fait que les écoles de quartiers populaires soient davantage concernées s’explique en partie par le dédoublement des classes de CP et CE1 en zone REP et REP+. Leurs classes ne comptent que 14 à 16 élèves, mais cela se complique dans les cantines où les classes ne doivent pas être mélangées.

Les cantines de plusieurs écoles de quartiers populaires de Strasbourg ne sont pas en mesure de respecter le dernier protocole sanitaire Photo : archives Rue89 Strasbourg

Des solutions promises au printemps

À Strasbourg, la restauration scolaire ne rencontre pas de baisse des inscriptions en septembre ou depuis le deuxième confinement. « En novembre, on avait envoyé un message aux parents pour suggérer à ceux qui le peuvent de prendre leurs enfants le midi, car le protocole se renforçait, mais cela n’a eu aucun effet. Les familles qui inscrivent leurs enfant n’ont pas le choix », ajoute Soraya Ouldji.

La conseillère municipale convient que la situation n’est pas idéale et qu’il faut y remédier :

« Les deux semaines de vacances tombent à point nommé pour ne plus seulement gérer le quotidien, mais aussi travailler à des solutions avec les services. On devrait pouvoir faire des propositions pour mars ou avril. »

L’élue, elle-même parent d’élève, préfère ne pas s’avancer sur les pistes à l’étude de peur de créer des déceptions. Quant au planning transmis jusqu’à juin, « c’est une garantie que les cantines ne fermeront pas, quels que soient les futurs protocoles », répond-elle.

La nouvelle municipalité a fait de « l’équité territoriale » un point important du mandat, avec un adjoint à la maire dédié à cette question. Le problème actuel est un exemple de ce qui attend les écologistes. Le point devrait être abordé en « question d’actualité » en fin de conseil municipal lundi 22 février, à suivre en direct-vidéo sur Rue89 Strasbourg.


#cantines scolaires

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