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À la prison de Strasbourg, une association cherche des bénévoles pour des ateliers lecture

Rencontre avec des auteurs, lecture en binôme… L’association Lire pour en sortir cherche des bénévoles pour lancer ses activités de lecture à la maison d’arrêt de Strasbourg.

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L’association Lire pour en sortir souhaite initier des ateliers lecture à la maison d’arrêt de Strasbourg.

Fondée par l’avocat Alexandre Duval-Stalla, l’association Lire pour en sortir est née d’un constat : les détenus manquent parfois de mots pour se défendre et parler de leurs affaires. Maître Duval-Stalla prend aussi inspiration d’une initiative brésilienne lancée en 2012. Là-bas, pour certains prisonniers, une remise de peine de quatre jours est accordée pour chaque livre lu. Lire pour en sortir a été fondé suite à une réforme du Code de procédure pénale en 2014. Désormais, la participation à des activités culturelles favorise les chances d’obtenir une remise de peine en France.

Un atelier de lecture en prison

L’association Lire pour en sortir mène ses ateliers de lecture dans 37 établissements pénitentiaires en France. Elle cherche au moins cinq bénévoles pour lancer ses activités à la maison d’arrêt de Strasbourg. Interview de Margaux Nasreddine, responsable des programmes et des activités culturelles de l’association Lire pour en sortir.

Rue89 Strasbourg : en quoi consistent les différentes activités menées par votre association ?

Margaux Nasreddine : L’activité qui mobilise le plus de bénévoles chez nous est un programme individualisé de lecture. Pour chaque détenu participant, il y a un bénévole et un livre. Le détenu a le choix du livre dans un catalogue de 332 titres. On achète et on offre le livre au détenu. L’activité est adaptée au niveau de la personne : soit il y a une aide à la lecture dans le cas où le détenu a quelques difficultés à lire. Sinon ils peuvent lire le livre chacun de leur côté et utiliser les temps de rencontre en prison pour en discuter ensemble.

Un pont entre parents incarcérés et enfants

Ce programme a été décliné en 2021 dans une activité « lire en famille ». Le but de cet atelier est de construire un pont entre parents incarcérés et enfants. Ici, le bénévole accompagne le détenu pour une lecture à voix haute. Le détenu pourra ensuite partager un moment de lecture avec ses enfants au parloir.

Des rencontres avec des auteurs

Ensuite il y a des actions collectives comme les rencontres avec des auteurs, qui viennent en détention. Ils discutent avec les détenus qui ont lu leur ouvrage en amont. Ici les bénévoles assurent une séance de préparation avant la rencontre avec l’auteur. En juin et juillet de cette année nous avons invité les auteurs Pierre Lemaitre, Nadir Dendoune, Romain Dutreix ou encore Ismaël Meziane.

Quel est l’objectif de votre association en prison ?

Nos objectifs sont multiples : se réapproprier les savoirs de base pour des personnes qui ne savent pas vraiment lire et écrire. Il s’agit aussi de donner le plaisir de lire à travers une lecture fraternelle. En 2017, nous avons fait une étude d’impact qui a montré que ces activités de lecture permettent de redonner confiance en soi aux détenus. Ces ateliers permettent aussi de créer un pont entre intérieur et extérieur de la prison. Il peut enfin y avoir un apaisement du climat en détention à travers ces activités de lecture. Quand on a les mots pour dire, on est moins dans la réaction violente.

Quels sont les ouvrages les plus choisis par les détenus ?

Les trois livres qui ont été les plus choisis par les détenus en 2023 sont : L’alchimiste de Paolo Coelho, la biographie de Grand corps malade et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran d’Éric-Emmanuel Schmitt. Sinon il y a des bandes dessinées, des livres sur l’art, sur le sport, c’est vraiment tous types de livres.

Comment les potentiels bénévoles peuvent-ils se faire une idée des ateliers de lecture et de leur impact pour les personnes incarcérées ?

Je recommande l’écoute du podcast de Louie Media qui s’appelle « Les amies du royaume des mots ». Un journaliste y interroge des bénéficiaires et des bénévoles.

Journée de formation le 24 septembre

Ce qui me touche, ce sont les courriers des détenus qui nous remercient après avoir participé à une de nos activités. Ils nous disent qu’ils n’avaient jamais lu avant et qu’ils ont dévoré le comte de Monte Christo. D’autres font référence au questionnaire qui est donné au bénévole et au détenu à la fin d’un cycle. En lisant le commentaire d’un bénévole, un détenu nous a témoigné du fait qu’il se sentait valorisé pour la première fois de sa vie. Ces ateliers, c’est une main tendue de la société civile vers les personnes détenues, pour recréer du lien.

Que faut-il pour être bénévole ?

Il faut avoir envie de partager autour d’une lecture. Il faut pouvoir s’engager en semaine et se rendre à la maison d’arrêt par ses propres moyens. La plupart des bénévoles sont ravis de l’expérience. Tous les détenus qui viennent à l’activité sont volontaires. Donc le rapport aux bénévoles est souvent très agréable. Les activités culturelles en prison, c’est une parenthèse de liberté pour les détenus. Donc en général ça se passe plutôt très bien.

Quand commencent les ateliers à la maison d’arrêt de Strasbourg ?

Nous espérons nous lancer à Strasbourg en septembre. La journée de formation des bénévoles aura lieu le 24 septembre. Le but est de recruter au moins cinq bénévoles dont un référent.


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