Une trentaine de demandeurs d’asile, dont une moitié d’enfants, venus de Serbie et de Macédoine n’ont pas trouvé de place d’hébergement dans les structures dédiées de l’État. Ils se sont installés sur un trottoir dans le quartier du Neuhof, devant l’ancien hôpital militaire Lyautey qui dispose de quelques places pour les sans-abris.
Sur place, les habitants du quartier et des associations de solidarité ont tant bien que mal aidé avec des dons de tentes, d’habits, d’argent voire pour les premiers soins. Mais avec les températures négatives et un campement de fortune qui grandissait, la situation était difficilement tenable.
Les médias réagissent
Les premières personnes sont arrivées durant la première semaine de novembre. Puis d’autres les ont rejoint au fur et à mesure. Mais l’information a mis quelques jours à remonter jusqu’aux oreilles des médias locaux, notamment grâce aux appels aux dons relayés sur les réseaux sociaux.
Dimanche 12 novembre, une brève parait dans les DNA et lundi un premier reportage dans le journal l’Alsace. De notre côté, nous avions décidé lundi matin de nous rendre sur place le jour-même, après avoir aperçu ce campement la veille en passant devant. D’autres médias locaux se sont aussi emparés du sujet le même jour.
Pression citoyenne
La pression des habitants commençait aussi à se faire sentir. Une pétition pour un accueil digne récoltait des signatures lundi. L’emplacement le long d’une rue passante et sous les fenêtres d’habitants a déclenché une forte prise de conscience.
Mercredi 15 novembre en fin de matinée, la Ville de Strasbourg annonce dans un communiqué commun avec la Préfecture mettre une nouvelle fois un gymnase à disposition pour accueillir ces personnes.
Ce dispositif rappelle à plus petite échelle celui pour la centaine de demandeurs d’asile qui campaient rue du rempart derrière la gare jusqu’au début de l’automne. La situation durait depuis le printemps, avec un roulement des personnes sur place.
Réaction plus rapide
Cette fois, les autorités ont été plus rapides à réagir. L’avocate des familles Me Sophie Schweitzer avait indiqué à Rue89 Strasbourg son intention de déposer de nouveaux recours au Tribunal administratif, pour obliger l’État à fournir un hébergement. Il avait été condamné cet été pour des cas similaires.
Alors que le système d’accueil et d’instruction des demandes semble engorgé à Strasbourg, il est possible que ce type de situation se reproduise s’il n’y a pas de changement majeur.
Le communiqué complet de la Préfecture du Bas-Rhin et de la Ville de Strasbourg
Depuis quelques jours, jusqu’à 8 familles occupent des abris de fortune rue des canonniers, dans le quartier du Neuhof à Strasbourg. 35 personnes (dont 19 enfants) d’origine serbe ou macédonienne ont ainsi été recensées au cours de ces derniers jours.
Les demandes d’asile de ces familles, instruites par l’Etat, sont en cours ou en attente d’enregistrement.
Compte tenu de la situation préoccupante dans laquelle ces personnes vivent actuellement et de la vulnérabilité de ces familles avec des enfants en bas âge, la Ville de Strasbourg a décidé de l’ouverture immédiate d’un gymnase pour les mettre au plus vite à l’abri, en concertation avec la Préfecture, engagée à trouver des solutions d’orientations rapides.
C’est pourquoi les familles présentes sur le site ce matin ont été prises en charge pour une évaluation de leur situation par les services de l’Etat, avant d’être orientées, dans la journée, vers des solutions d’hébergement qu’ils ont mobilisées.
La situation de ces familles s’inscrit dans le contexte de la saturation des dispositifs d’hébergement dédiés à la demande d’asile dans le Bas-Rhin alors que la pression des flux migratoires est en hausse constante. Avec 2 852 nouvelles arrivées en 2017 (au 31 octobre), le nombre de primo-demandeurs d’asile est en augmentation de 32,5% localement. 471 nouveaux demandeurs d’asile ont ainsi été enregistrés sur la Plateforme d’Accueil des Demandeurs d’Asile (PADA), sur le seul mois d’octobre.
Les créations de places d’hébergement décidées au cours des derniers mois, pourtant significatives, ne permettent toujours pas de répondre à la totalité des demandes, alors que 3235 personnes sont actuellement hébergées dans le département au titre de la demande d’asile.
Les services de l’État et la Ville de Strasbourg sont pleinement mobilisés pour répondre à l’exigence de solidarité et de responsabilité qu’implique l’accueil des demandeurs d’asile, dans le respect de leurs droits et obligations et en fonction de leurs situations administratives.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Un nouveau bidonville de demandeurs d’asile, cette fois au Neuhof
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