Un an après le début de la concertation, c’est l’heure des aménagements finaux pour le quartier Laiterie. La rénovation va principalement concerner trois rues : la rue du Hohwald, celle de la Broque et celle du Ban-de-la-Roche (voir la carte ci-dessous).
Lors de notre rencontre avec des habitants fin octobre, il était encore difficile pour les citoyens – pourtant intéressés par la question – d’imaginer la suite et surtout de bien savoir ce qui est déjà tranché ou non. Pour l’adjoint au maire de Strasbourg en charge du quartier, Paul Meyer (La Coopérative), les choses sont désormais claires :
« Ce qui est tranché, c’est le sens de circulation, les zones piétonnes, l’utilisation des parkings et des places. Ce qui reste en débat, ce sont les aménagements fins, c’est-à-dire où est-ce que l’on met on les bennes à verre, les bancs, les canisites, quelles installations sportives, etc. »
Les visuels et plans du futur quartier Laiterie doivent être présentés lors d’une réunion publique, prévue ce vendredi 9 novembre à 19h au Molodoï avec une « restitution » des discussions passées. Même si les principales décisions sont annoncées comme entérinées, il est arrivé plusieurs fois par le passé que la municipalité fasse évoluer ses projets en fonction de mobilisations citoyennes, parfois tardives.
La carte des modifications prévues
- Rue du Hohwald
Paul Meyer a plusieurs fois répété que dans la rue du Hohwald, il souhaitait imiter le modèle de la rue du Jeu-des-Enfants et faire une « cour urbaine », conviviale, piétonne et plus verte qu’aujourd’hui. Cela se limiterait à la partie située en face à la salle de concert de la Laiterie. Mais le projet de cette rue colorée et piétonne du centre-ville a d’abord été porté par un collectif, qui s’était constitué à partir des idées imaginées par les riverains et commerçants. Une telle dynamique n’existe pas dans la rue du Hohwald où cohabitent logements sociaux, structures culturelles (Laiterie, Taps, Fabrique de théâtre, Espace K) et sociales (Porte ouverte et fossé des XIII, Astu), une église et aucun commerce, à l’exception de la boulangerie à l’extrémité.
La barre de logements sociaux des 12-14-16 rue du Hohwald construite dans les années 1900 devrait être détruite. L’actuel espace vert à l’arrière pour les habitants deviendrait ainsi ouvert sur l’Espace K.
Comme pour toute destruction de logement social, se posera la question du relogement des locataires. Le calendrier est toujours compliqué, car des destructions sont aussi prévues dans les quartiers en rénovation urbaine (Elsau, Hautepierre, Lingolsheim, Marais, etc) et il faut donc trouver des solutions pour chacun, parfois dans d’autres quartiers. Cette démolition interviendrait en 2021 au plus tôt.
Les autres immeubles de la rue, construits à la même époque, ne seraient pas détruits. La partie entre le pont de chemin de fer et le boulevard de Lyon resterait à double sens.
La rénovation de ce secteur serait l’occasion d’améliorer le parvis de la Résidence des arts, en pente et en piteux état. Il n’est pas possible d’y prévoir une activité, alors que Porte ouverte, en partenariat avec le Centre culturel et social du Fossé des XIII, est sensé proposer des activités aux enfants du quartier. Un redressement a plusieurs fois été demandé pour rendre cet espace utilisable, en vain.
- Rue de la Broque
Concernant la rue de la Broque, il s’agira d’un sens unique vers le boulevard de Lyon. Une large piste cyclable pourra compléter la chaussée. À plus court terme, un feu tricolore doit être implanté au bout de la rue, car le croisement entre cyclistes du boulevard et la rue est dangereux.
- Rue du Ban-de-la-Roche
La rue du Ban-de-la-Roche aura deux sens uniques, l’un vers le nord et l’autre vers le sud, qui rabattront tous les deux vers la rue de la Broque, afin de sortir du quartier par cet axe uniquement.
La logique générale est qu’il devienne plus compliqué de traverser le quartier Laiterie si l’on ne s’y arrête pas. L’axe de transit majeur doit n’être que le boulevard de Lyon.
Toujours rue du Ban-de-la-Roche, la Semencerie va voir le départ de onze de ses artistes vers la Coop à l’été 2019. Vendu en 2018, l‘ancien hangar de semences sera amené à être détruit pour faire place à un ensemble de logements qui reste encore à déterminer.
Demandes contradictoires
Au-delà des aménagements physiques, des habitants que nous avions rencontrés en mai 2018 (voir notre article) souhaitaient surtout voir disparaître les trafics, la prostitution, les incivilités ou les nuisances nocturnes (bruit mais aussi dégradation, bris de verre, etc.), en particulier aux abords de la Laiterie et du Molodoï.
Comme souvent dans les concertations, les demandes ont parfois été contradictoires : plus d’espaces verts pour certains, contre plus de stationnement pour d’autres.
L’épineuse question du stationnement
Comme souvent, la municipalité a tranché pour plus d’espaces pour les vélos et les piétons et moins pour les voitures, y compris celles à l’arrêt. Or, après l’instauration du stationnement payant dans les rues du quartier, le parking gratuit rue du Ban-de-la-Roche est devenu un lieu prisé.
La vieille proposition, plus chère à réaliser, d’ajouter un ou plusieurs étages sur ce parking, site peu utilisable autrement puisqu’il jouxte l’autoroute A35, n’a pas été approfondie ni soumise à la concertation publique.
Et même si la Ville de Strasbourg essaye de favoriser les déplacements à vélo ou en transports en commun, il est souvent conseillé aux demandeurs d’emploi et ouvriers des quartiers populaires d’avoir un véhicule à disposition, afin d’obtenir plus facilement des emplois parfois éloignés et/ou avec des horaires décalés.
Le pari de l’adjoint de quartier est qu’une fois devenu payant, le parking de la rue du Ban-de-la-Roche se videra des voitures « ventouses ». À ce jour, il est saturé car il s’agit de l’un des espaces de stationnement gratuit les plus proches du centre-ville, à côté d’une station de tram. Mais ce changement coûtera 180 euros par an aux habitants et limite les cartes d’abonnement résident à une voiture par foyer. Même la partie conservée perdra des places car elle devrait être « végétalisée, » en y ajoutant des arbres par rapport à ce qui existe aujourd’hui. La partie sud du parking, plus petite, va complètement disparaître au profit d’espaces sportifs (mini stade de foot, panier de basket), pique-nique et jardins partagés.
Les premiers travaux sont attendus à l’été 2019, avec les premières réalisations rue du Ban-de-la-Roche et rue de la Broque espérées pour février 2020. Mais l’ensemble de la rénovation s’étendra vraisemblablement jusqu’en 2022.
Contrairement à la prolongation du Bus à haut niveau de service (BHNS), cette consultation n’a pas été publiée sur le site dédié à la démocratie locale de Strasbourg (participer.strasbourg.eu), qui ne liste en tout et pour tout que… 10 consultations et un seul événement à son agenda en janvier 2019 (!). Le retard du BHNS a néanmoins permis la mise en place de bandes cyclables provisoires sur la majeure partie du boulevard de Lyon, ce qui réduit le nombre de voies de circulation, sans modifier le stationnement.
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