Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Les portraits de Guerrières de Nina Faramarzi illuminent la Station LGBTI

La Station LGBTI présente dans ses locaux Guerrières de lumière, une exposition de Nina Faramarzi. Artiste iranienne, plasticienne, musicienne et danseuse, elle mêle dans ses toiles différentes pratiques et inspirations, déambulant entre tradition et modernité.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.

Nina F. au côté son œuvre de la série des femmes tatouées au Deq

La Station est une association d’accueil, d’écoute, d’accompagnement (juridique et autres) pour les personnes lesbiennes, gay, bi, trans, intersexe et autres (LGBTI+), installée à Strasbourg depuis septembre 2009 à la suite d’une mobilisation collective.

Accueillant Nina Faramarzi ce mois-ci, le pôle des expositions se donne pour missions de mettre en valeur des artistes queer et/ou féministes partageant les valeurs de l’association. Il tient également à œuvrer pour rendre l’art accessible à tous et à toutes. Cet espace permet également de créer une passerelle entre expression artistique et militantisme. Les expositions se pensent en collaboration avec Camilo, chargé du pôle, et l’artiste qui expose. Ensemble, iels conviennent de l’agencement des œuvres réparties dans les trois espaces : la pièce principale, la médiathèque (espace plus intimiste) et le café. Tout est pensé pour intégrer les œuvres à la vie des bénéficiaires et pour ne heurter aucune sensibilité. 

Exposition Guerrières de lumière, de l’artiste Ninabelle.Photo : Saba Niknam / Lina Shazad

Danseuse, artiste, musicienne…

Artiste pluridisciplinaire, Nina Faramarzi, ou Ninabelle, est danseuse au sein de sa propre compagnie Atash, pianiste, professeur de yoga, et artiste plasticienne autodidacte. Issue d’une famille d’artistes, elle se forme seule ce qui lui permet, selon elle, une grande liberté, une opportunité de s’affranchir des normes plastiques. Entourée de femmes tout au long de sa vie, elle en dessine depuis petite et place cette figure au centre de ses créations. La période du Covid lui a permis d’entamer une grande phase de création chorégraphique et plastique. Elle réalise, en ce sens, diverses séries de femmes invisibilisées, qu’elle admire et qu’elle souhaite mettre en lumière : ses Guerrières

Elle entreprend un devoir de mémoire sur l’histoire de sa terre natale, l’Iran, et accorde une place importante à la transmission sous toutes ses formes (paroles, gestes, écrits, dessins) des récits de ces guerrières oubliées, aux multiples facettes. Son objectif est d’embarquer les spectateurs et les spectatrices dans « un voyage authentique et humble » vers ses racines. Les trois séries présentées dans l’exposition participent à ce récit intemporel. D’ailleurs, ces dernières sont encore en cours, car pour Nina Faramarzi, « il y a encore tant de femmes qui brillent ».

Danseuses iraniennes

Les premières figures qu’elles représentent sont des danseuses iraniennes, qui dansaient autrefois à la cour du chah. Leurs corps étaient alors perçus comme des objets destinés à divertir la royauté. Dans ses dessins, l’artiste montre le visage de ces femmes fortes et talentueuses. Chaque tableau est composé de multiples couleurs et ornements majestueux. Elle les représente dans leurs habits traditionnels, parfois accompagnées d’instruments, pour retranscrire au mieux leur histoire. Pour elles, et c’est encore le cas aujourd’hui, la danse est une force. C’est un art qui constitue à la fois un mode de transmission des savoirs et des traditions, mais aussi un moyen d’expression très précieux.  

Tatouées kurdes au deq

Les deuxièmes figures présentées sont des femmes kurdes qui ont sur leur peau du deq : des tatouages avec une forte signification traditionnelle. Le deq est réalisé par des femmes qui n’auraient vécu aucun drame dans leur vie personnelle et sont considérées aptes à pratiquer cet art ancestral. Il s’agit de motifs précis tatoués sur la peau, censés apporter la protection, l’amour, la paix intérieure, la stabilité sexuelle, la fertilité, la beauté… Chaque symbole revêt une signification : le soleil est source de vie, l’étoile évoque le ciel, la croix protège du mal, le cercle représente l’utérus, le V se réfère à la taille de la famille…

Cette pratique sacrée, très symbolique, s’étend tout le long de la Méditerranée sur le corps des femmes principalement. Cependant, ces tatouages sont plus ou moins mal perçus dans les différentes sociétés lorsqu’ils sont visibles et la pratique se raréfie. Nina Faramarzi décide alors de montrer ce qui est caché ou méconnu, dans le but de faire perdurer cet art antique. Pour réhabiliter cette pratique, elle joue avec le contraste du noir et blanc, et celui du papier doré – qui symbolise ici, le soleil. Ce contraste permet alors de mettre en évidence ces femmes, de les illuminer.

Série en cours 

Pour les dernières figures, la série de Nina Faramarzi. est toujours en cours et s’inscrit dans la continuité de son travail. L’artiste cherche à montrer la force de différents êtres humains, par les mêmes jeux de lumière. Les œuvres sont composées d’une couleur dorée en arrière-plan, puis de portraits dessinés à l’encre de Chine et au stylo noir, en premier plan. Le doré symbolise à la fois la force de ses personnages et permet de faire jaillir « leur lumière intérieure », mais c’est aussi un moyen pour l’artiste de leur offrir un espace de visibilité où les faire briller. 





#Art contemporain

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Partager
Plus d'options
Quitter la version mobile