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Face au manque de volontaires, les pompiers du Bas-Rhin contraints de se professionnaliser

Les pompiers prévoient une hausse continue de leur activité, entre croissance démographique et conséquences du réchauffement climatique. Mais les pompiers volontaires se raréfient, le service d’incendie et de secours est contraint de se professionnaliser.

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Deux immeubles en flammes à Ostwald le 14 juillet, un incendie dans un centre de déchets industriels à Strasbourg le lundi 18 juillet ou dans une résidence séniors à Haguenau mi-juin… Dans le Bas-Rhin, « l’été a commencé avec plusieurs incendies d’ampleur », analyse Cédric Hatzenberger, secrétaire général Force ouvrière (FO) pour les pompiers du Bas-Rhin. Avec les conséquences du réchauffement climatique et croissance démographique dans le département, le président de la section départementale de la fédération autonome des sapeurs pompiers professionnels (FA SPP), Gilles Klotz, s’attend aussi à une hausse de l’activité pour les sapeurs pompiers du Bas-Rhin.

État de la toiture d’une résidence séniors à Haguenau suite à un incendie mi-juin. Photo : Document remis

Rue89 Strasbourg : comment décririez-vous le début de l’été pour les pompiers bas-rhinois ?

Gilles Klotz : En tant que pompier, on est de plus en plus confronté à des gens déshydratés face à la chaleur. On intervient souvent chez des gens affaiblis et seuls à la maison. La sécheresse provoque aussi plus d’incendies, des feux de végétaux et de récolte. Le changement climatique nous impacte aussi puisque des pompiers bas-rhinois descendent déjà dans le sud chaque été pour faire face aux feux de forêt. Mais le changement climatique se ressent aussi avec d’autres phénomènes météo, les orages et les inondations sont plus intenses. On doit s’adapter à tout ça.

La hausse des interventions, c’est une tendance nette sur les dernières années ? 

Cédric Hatzenberger : Je ne pense pas qu’on puisse parler de tendance pour l’instant (les restrictions sanitaires et l’été pluvieux de 2021 ont diminué le nombre d’interventions en 2020 et 2021, NDLR). Mais à Haguenau par exemple, on s’attend à plus d’incendies, notamment des champs ou des forêts qui brûlent à partir d’un mégot jeté sur la route par exemple. Ça peut vite atteindre 400-500 m² de forêt brûlée. Les feux de forêt étaient très rares dans le Bas-Rhin, c’est devenu un risque à considérer très fortement.

Quelle est la cause principale des incendies dans le département ?

Cédric Hatzenberger : La majeure partie des incendies provient d'une responsabilité humaine, soit par mégarde de type mégot jeté ou barbecue mal éteint, soit par pyromanie. Le phénomène d'ignition naturelle reste exceptionnel, même si les fortes chaleurs et le vent peuvent créer des incendies.

Mais nos interventions augmentent aussi parce que la population croît énormément dans le Bas-Rhin. La croissance démographique est importante vers Haguenau. Il y a tout le secteur du port du Rhin, qui constitue un nouveau bassin de 20 000 habitants supplémentaires. C'est une nouvelle ville en quelques années. Le département est aussi une zone passante pour le transport de matières dangereuses (hydrocarbures et autres produits chimiques), c’est un phénomène de plus auquel on doit faire face. Et puis il y a l'ouverture du GCO, qui constitue un axe d'intervention supplémentaire pour les pompiers.

Est-ce que les moyens vont croissants avec la hausse du nombre d'interventions ? 

Gilles Klotz : Au niveau matériel, les camions pour les feux de forêt dans les casernes sont de dernière génération. De ce côté-là, le service Service d'incendie du Bas-Rhin est en avance par rapport à des départements où l’on a des camions qui ont 15 ans, les nôtres sont neufs. 

Cédric Hatzenberger : Cette année, nous avons obtenu une vingtaine de postes de pompiers professionnels supplémentaires. Nous sommes aux alentours de 650 sapeurs pompiers professionnels et d'un peu moins de 4 000 volontaires, auxquels il faut ajouter environ 150 personnels administratifs et techniques (secrétariat, comptabilité, logistique, technique, mécanique…).

Gilles Klotz : Avec ces embauches, on a rattrapé les départs à la retraite depuis un an et demi. La ressource professionnelle suffit mais il faudrait plus de volontaires...

Cédric Hatzenberger : Le nombre de pompiers volontaires diminue. Avant le pompier volontaire restait engagé plusieurs décennies, aujourd’hui la moyenne c’est de cinq à sept ans. La seule façon de pallier ce manque de volontaires, c’est de professionnaliser le métier. À Strasbourg, Haguenau, Sélestat, Saverne ou Molsheim, on a de plus en plus de besoin.

Gilles Klotz : Il faudra peut être que les pompiers professionnels travaillent la nuit et les week-ends. Ils le font déjà à Strasbourg, mais hors de l'Eurométropole, les professionnels ne sont présents que de 7h à 19h du lundi au vendredi. Une étude doit être faite en 2023 pour établir les besoins et les risques.


#réchauffement climatique

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