Depuis avril, des personnes sans hébergement à Strasbourg ont investi des immeubles en attente de démolition situés dans le quartier du Neuhof. Ils occupent des appartements situés au 8, 10, 12, 14, 20, 22, 24 et 26 rue de Sarlat. Selon un comptage des associations de solidarité mi-octobre, environ 150 sans-abris vivraient entre ces murs.
Vendredi 20 octobre vers 6h, la police nationale a procédé à l’évacuation d’un des bâtiments du squat. À 9h, des ouvriers étaient en train de murer les entrées des numéros 12 et 14 de la rue de Sarlat et l’évacuation était toujours en cours. Sur place, Nicolas Fuchs, coordinateur régional de Médecins du Monde, était tenu à l’écart du lieu de l’évacuation et ne pouvait parler qu’aux personnes qui l’ont quitté avant l’arrivée des forces de l’ordre.
Selon un communiqué de préfecture diffusé vendredi 20 octobre à 17h30, 23 personnes ont été évacuées. Parmi elles, 18 ont été « prises en charge » se répartissant ainsi :
- 4 personnes ont été orientées vers des hébergements d’urgence,
- 8 demandeurs d’asile ont été orientés vers des hébergements dédiés,
- 2 personnes ont été orientées vers un centre de préparation d’aide au retour,
- 4 personnes ont été auditionnées au service de la police aux frontières.
Gymnase et « centre d’aide au retour » pour les sans-abris
Habitation Moderne, propriétaire des lieux, est une structure de la Ville de Strasbourg. Dès avril, le bailleur social a engagé les démarches légales pour obtenir l’expulsion des squatteurs. Les bâtiments concernés doivent être détruits et remplacés dans le cadre d’un programme de renouvellement urbain (NPRU). Début juillet, le tribunal judiciaire de Strasbourg avait prononcé l’expulsion sans délai de ces bâtiments « au besoin avec le concours de la force publique ».
La préfecture a emmené les sans-abris en bus au gymnase du Conseil des XV pour « évaluer » leurs situations administratives et « permettre une prise en charge adaptée ». La majorité des occupants du squat Sarlat sont d’origine géorgienne. Concrètement, certains risquent d’être acheminés dans des « centres d’aide au retour » et incités à retourner dans leurs pays d’origine.
Selon le communiqué de la préfecture, quatre personnes ont été orientées vers des hébergements d’urgence, huit vers des hébergements pour demandeurs d’asile, deux vers un centre de préparation d’aide au retour et quatre sont auditionnées par un service de la police aux frontières.
« On aimerait pouvoir les prévenir plus en avance »
Face à l’imminence de cette évacuation, des habitants du squat Sarlat ont publié un communiqué jeudi 19 octobre, dans lequel ils revendiquaient que tous les occupants soient relogés « sans distinction de situation administrative » :
« Qu’allons nous faire le jour où nous serons expulsés ? Quelles solutions alternatives à un lieu de vie précaire aurons-nous, sachant que les solutions d’hébergement d’urgence sont saturées et que les seules solutions proposées ne seront que temporaires avant une retour vers la rue, les squats et l’errance. »
Vendredi matin, Nicolas Fuchs déplorait le manque d’anticipation des pouvoirs publics :
« On aurait aimé pouvoir prévenir les habitants plus en avance. On aimerait que les personnes soient au courant du projet d’expulsion, qu’elles aient le temps de se préparer. Car ce matin, on ne savait pas quel immeuble serait concerné par l’évacuation, c’est énormément de stress pour les familles. Et l’information pourrait venir de la Ville. »
Dans son communiqué, la préfecture conclue qu’elle « poursuivra son action déterminée contre ces occupations illicites ».
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