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À Pôle Sud, ode à la femme arabe

Avec « Sous leurs pieds, le paradis »,  Radhouane El Meddeb et Thomas Lebrun rendent hommage à la femme arabe, pour la rapprocher de Dieu.

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Légèreté et mouvements lents, Radhouane El Meddeb et Thomas Lebrun alliés dans l’évocation de la femme orientale (doc remis)

L’ode commence tout de suite, et Radhouane El Meddeb apparaît, lentement, comme pour avertir, laisser un message corporel. Il ne veut même pas se faire entendre, il veut être vu, mais comment ? En dansant comme un homme ? Non. Comme une femme, c’est-à-dire de façon magistrale. Car il n’est pas ici question d’une danse qui prendrait l’ennuyeuse forme d’un monologue gesticulé, mais bien d’un hommage. Un hommage à une tragédienne longtemps oubliée dans les mémoires : la femme orientale, la mère arabe, celle qui porte depuis longtemps en son sein modelé comme un défi tout le sel de la Terre.

Déesse égyptienne

« Sous leurs pieds, le paradis » est une incitation au voyage, en Égypte par exemple, où c’est une femme qui est reine. Elle s’appelle Oum Kalthoum, les initiés la connaissent, elle a su plus d’une fois redonner un espoir, un courage et une force, de manière profonde, émue, vibrante. C’est cette même Oum Kalthoum, morte en 1975 au Caire, qui est l’immortelle maîtresse de cérémonie de ce spectacle car c’est la Diva égyptienne qui en établit le rythme.

De son côté, Radhouane El Meddeb exécute en symbiose parfaite et intemporelle un chant, « Al Atlal » (« Les ruines » laissées par l’amante en plein départ, laissant l’amoureux en état de décrépitude sentimentale), romantique mais aussi patriotique à la gloire de l’Egypte.

« Sous leurs pieds, le paradis » est mis en scène par Thomas Lebrun. Chorégraphe qui a déjà, au travers de ses précédentes œuvres « La constellation consternée » et « La jeune fille et la mort », su redonner une puissance pleine et entière à la lenteur des mouvements. Son nouveau spectacle en est une nouvelle illustration : le chant mélodieux d’Oum Kalsoum allié à la grâce de gestes maniées avec une quasi-perfection et une concentration, qui sent l’implication et l’engagement, donc l’émotion.

A l’heure où les contestations dans le monde arabe agitent le monde, à l’heure où les femmes de pays aussi restrictifs que l’Arabie Saoudite revendiquent de légitimes droits à l’égalité, il serait de bon ton de se concentrer, d’apaiser son esprit et de le laisser dans un souvenir immémorial d’une femme, d’une danse, d’une parenthèse dans la violence de l’Histoire.

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