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Mireille Oster, plus de 50 ans à la Petite-France : « C’était un quartier populaire, plein de vie »

« Mémoires de quartier » est un podcast qui donne la parole aux habitants sur l’évolution de leur quartier. Dans ce troisième épisode, Mireille Oster raconte la Petite-France, où elle a grandi, puis repris l’affaire de sa mère en 1998. Elle se souvient d’un quartier populaire et industrieux, riche en estaminets.

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Mireille Oster, dans la cour du 2 rue des Dentelles. Photo : Anne Mellier

Mireille Oster est à la tête de deux boutiques de pains d’épices renommées à la Petite-France et exporte ses produits jusque dans les grandes villes d’Asie. Lui demander son âge, c’est se heurter à un mutisme souriant, presque malicieux. Mais cette Strasbourgeoise devient intarissable lorsqu’il s’agit d’évoquer l’histoire de son quartier.

Vue depuis le pont Saint-Martin en 1960. (Photo Archiwiki et archives de la ville et de l’Eurométropole).

Pour ce troisième épisode de la série de podcasts Mémoires de quartiers, nous nous sommes promenés avec elle au milieu des maisons à colombages, des ponts et des barrages devenus le visage de Strasbourg à l’étranger. Celle qui a grandi rue du Bain-Finkwiller se souvient d’un quartier industriel et populaire, sans séparation géographique particulière entre les usines et les lieux de vie des ouvriers.

L’emplacement de l’actuel square Louise Weiss, en 1900. Mireille Oster se souvient d’un terrain vague, avant l’aménagement du square. Photo : Archiwiki

La Petite-France comptait déjà nombre d’estaminets dans les années 60. Comme Le Pianiste aveugle, dans les locaux de l’actuel restaurant du Pont Saint-Martin. La commerçante se remémore :

« On l’appelait comme ça parce qu’il y avait un pianiste qui jouait. Nous étions étudiants à cette époque-là. On y venait, on y mangeait que des knacks, des merguez et des frites et ça s’arrêtait là. C’était une super ambiance, on sortait à 2-3h du matin. Après le propriétaire a rénové toute la maison et en a fait un restaurant winstub. Puis au premier étage un restaurant gastronomique et au dessus, il y avait une discothèque. Il y avait une super terrasse sur l’eau. »

Mireille Oster se souvient aussi du troquet installé à la place du Petit-Bois-Vert, ou encore des Deux France, place Benjamin Zix, là où se trouve aujourd’hui la Corde à linge.

La place Benjamin Zix en 1956. Mireille Oster se souvient des deux pompes rouges qui sont longtemps restée sur la place Photo : Archiwiki et archives de la ville et de l’Eurométropole

La Petite-France a changé de visage dans les années 70-80, lorsque Pierre Pfimlin, alors maire de Strasbourg, a opté pour sa réhabilitation plutôt que pour sa destruction. Mireille Oster ironise :

« Je vous dirais qu’on vous donnait de l’argent pour venir. C’était vendu très très bon marché. Tout la Petite France a pu être achetée à bas prix parce que c’était des quartiers dits populaires. Et aujourd’hui ça devient des quartiers très bourgeois. Cette réhabilitation a complètement changé la configuration du quartier et ça a donné de la valeur aux bâtiments. Mais ce qui est dommage, c’est que des pans de rue entiers ont parfois ont été arrachés, et ce qui a été fait n’a pas toujours été très joli. »

Photo : Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons / cc

Mireille Oster ne manque pas d’anecdotes sur le nom des rues de la Petite-France, mal traduites par les fonctionnaires chargés de les franciser. La rue des Dentelles ? Ancienne Spitzegass, une rue en pointe alors vers le moulin Spitz. « Le fonctionnaire l’a baptisée rue des Dentelles alors qu’il n’y a jamais eu de dentelières ici. » La rue de l’ail ? Mal francisée elle aussi. Elle tire son nom d’un dénommé Knoblauch qui vivait là. Mireille Oster soupire :

« Les rues de Strasbourg, c’est quelque chose. Les histoires comme ça peuvent être longues. Et certains noms de personnages peuvent être oubliés alors qu’ils avaient œuvré pour la ville de Strasbourg. »


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