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Photographe recherche légitimité, à l’heure du 3ème « Rendez-Vous de l’image » de Strasbourg

Strasbourg accueille pour la troisième fois le Rendez-vous International de l’Image, du vendredi 25 au dimanche 27 janvier, au palais des congrès. Dans une société de « tous photographes », quelle est la légitimité et le rôle des professionnels ? Quant aux débutants, percer dans ce milieu en tant qu’indépendants est de plus en plus difficile.

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Près de 2500 visiteurs se sont rendus à la deuxième édition du Rendez-vous de l'Image à Strasbourg en 2012 (Photo RDVI 2012)

Le Rendez-Vous de l’Image de Strasbourg 2013, organisé par Thierry Edel, se présente comme une « exposition de haut niveau », ayant pour vocation de refléter les tendances contemporaines de la photographie et d’offrir une visibilité aussi bien à des professionnels qu’à de jeunes débutants dans le métier.

Cinquante photographes artistiques ont été sélectionnés par Jane Evelyn Atwood, photographe multi-primée, et verront leurs travaux exposés. Chaque photographe présente une série de clichés autour des voyages, de l’urbanisme, de la nature, en noir et blanc ou encore des portraits. Trois lauréats seront primés lors du vernissage vendredi 25 janvier. Un quatrième, Philippe Marchand, a d’ores et déjà séduit le jury de professionnels de l’image pour ses travaux sur « L’homme et la mer », par un jury comprenant entre autres les galeries strasbourgeoises Stimultania et Nicole Buck.

A l’occasion de cet évènement, différents stages d’initiation aux techniques de la photographie seront animés par des professionnels, à destination du grand public. Notons celui du plasticien-photographe strasbourgeois Patrick Bailly-Maître-Grand et de Vincent Muller, photographe indépendant et directeur de la photographie du bi-mensuel strasbourgeois Was Magazine.

Le marché de la photo résiste face au « tous photographes »

Un foyer français sur deux déclarerait posséder au moins un appareil photo compact, selon l’étude 2012 du Syndicat des Entreprises de l’Image, de la Photo et de la Communication (SIPEC). Aujourd’hui, n’importe qui peut réaliser de belles photographies à l’aide de son appareil photo numérique, ou de son smartphone, et les diffuser de manière instantanée sur le web via des plate-formes comme FlickR ou Tumblr. Dans ces conditions, comment vendre une photo ?

Pour Khanh-Phung Doan, « artisan photographe » strasbourgeois de 33 ans, la légitimité de la photographie professionnelle sera toujours présente. Autodidacte, il a derrière lui 17 années de pratique, effectuée en parallèle de son emploi dans le secteur pharmaceutique, et a décidé de se lancer en tant qu’auto-entrepreneur en janvier 2011. Pour lui, il y a bien eu une démocratisation de l’acte photographique :

« Dans un contexte de mutation technologique, faire de la photographie est devenu quelque chose de banal. Les gens, assistés par la technologie numérique, ont l’illusion qu’ils peuvent réaliser quelque chose de similaire aux photographies professionnelles. Or, être photographe, ce n’est pas simplement appuyer sur un bouton. Cela repose sur un certain savoir-faire, qu’on acquiert avec beaucoup de pratique et sur la valeur ajoutée que l’on donne à son travail. »

Si la photographie professionnelle rivalise avec le secteur amateur, Khanh-Phung Doan voit surtout se développer une photographie professionnelle « low-cost », particulièrement dévalorisante pour la profession. Ainsi, ce ne serait pas tant la mutation de la technologie qui causerait du tort à la profession, mais une certaine « banalisation du service photographique, proposé par des indépendants faisant du discount ». Khang-Phung Doan a  intégré la Corporation des photographes d’Alsace en 2011, une association visant à défendre les intérêts des photographes en proposant un soutien juridique et en matériel à ses membres.

La définition du métier change

Pour Vincent Muller, cette généralisation du marché du low-cost dans la photographie est un frein pour les jeunes désirant s’installer en tant qu’indépendants :

« Un pack-shot est estimé aux alentours de 40-50 euros. Alors forcément, quand quelqu’un te le propose à 2-3 euros, avec un travail de post-production réalisé en Chine, il est difficile de faire le poids ».

Mais le métier n’a plus rien à voir avec les années passées. Être photographe indépendant, ce n’est plus seulement prendre des clichés, cela représente aussi au préalable un fort investissement matériel, un travail de gestion et surtout, de démarchage de clients, à l’image d’un cadre commercial, comme l’explique bien Khanh-Phung Doan :

« La démarche commerciale est beaucoup plus importante dans la profession qu’autrefois. Avant, le photographe était davantage considéré comme un artisan, alors que maintenant, on rentre plutôt dans un statut de commercial. Les gens venaient vers nous alors que maintenant, c’est nous qui devons chercher les clients. Je pense que c’est pour cette raison que beaucoup ne réussissent pas ».

Un constat que partage Thomas Gitz, un assistant photographe strasbourgeois de 22 ans. Il fait partie de cette génération qui a appris les bases du métier sur le tas, en accumulant les stages et en se renseignant sur Internet. De formation universitaire dans le domaine de la communication, il a rapidement compris la difficulté d’exercer en tant qu’indépendant lorsqu’il a souhaité, un temps, s’installer à son compte. Un « métier de contraintes », avec comme objectif premier de trouver des commanditaires, répondre à leurs besoins et cela bien avant l’acte photographique lui-même. S’adapter en permanence, être à la pointe des technologies, voilà le défi des photographes aujourd’hui. Il faudra bien un salon pour en discuter.

Aller plus loin

Rapport 2012 du SIPEC sur les usages et pratiques des Français liés au développement des appareils numériques.

 

Y aller

Le 3ème Rendez-vous de l’Image, le vendredi 25, de 18h à 21h, le samedi 26 et dimanche 27, de 10h à 19h, au Palais des Congrès de Strasbourg, Place de Bordeaux. Entrée 5€ (réduit 3€). Site web.


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