Pendant les émeutes urbaines de juin 2023, faisant suite à la mort du jeune Nahel tué par un policier à Nanterre, les locaux de Calima, une association accompagnant la population immigrée maghrébine de Strasbourg à l’accès au droit, ont failli bruler. « Notre local est un ancien commissariat mais aussi l’ancienne mairie du quartier de la Meinau, il y a encore les panneaux sur le bâtiment », explique Mustapha El Hamdani, coordinateur et fondateur de l’association en 2008.
Après avoir empêché les émeutiers de mettre le feu, Mustapha El Hamdani a longuement discuté avec eux : « Nous ne sommes pas d’accord sur la façon dont ces jeunes expriment leurs colères, mais leur constat est le bon. » De ces discussions sont sorties plusieurs revendications, dont la mise en place d’un lieu capable d’accueillir des spectacles, des conférences et des livres traitant des questions « d’éducation sur l’interculturalité, de lutte contre le racisme et les discriminations », à l’image de la médiathèque Olympe de Gouges sur les questions de genre.
« Une citoyenneté de résidence »
Pour porter cette revendication, Calima a choisi d’initier une pétition citoyenne, dimanche 17 mars. Une démarche qui permet, sous réserve d’obtenir 1 400 signatures en un mois, de mettre le sujet à l’ordre du jour lors d’un conseil municipal. « Beaucoup nous décrivent comme des naïfs de penser qu’on peut changer les choses de façon institutionnelle, mais on est en France, dans un État de droit, et je me bagarre pour faire bouger la situation », martèle Mustapha El Hamdani.
L’autre avantage de la pétition est qu’elle est ouverte à tous les habitants de Strasbourg, même ceux n’ayant pas la nationalité française. « Cela crée une sorte de citoyenneté de résidence. L’enjeu c’est aussi de montrer à une population qui ne croit plus au vote que toutes les voix comptent », souligne Sébastien Heitz, animateur sur les mémoires et les actions contre la discrimination.
En plus d’une médiathèque pouvant accueillir des rencontres et un cycle de conférences sur ces questions, Calima propose un espace pour les expositions, un fonds documentaire dédié et de référence ainsi qu’un « logo permettant d’identifier les ouvrages qui abordent la question de la lutte contre les discriminations de manière positive et sérieuse et qui peuvent être mis entre toutes les mains ».
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