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Pour ses 30 ans, Jazzdor veut ancrer une péniche à Strasbourg

Devenu « scène des musiques actuelles », Jazzdor aimerait disposer d’un lieu, d’un quartier général pour planter l’étendard du jazz à Strasbourg. Directeur du festival, Philippe Ochem verrait bien une péniche amarrée à la Cité de la musique, avec salle de concert, bar et terrasse…

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Philippe Ochem va devenir capitaine. (Photo Jazzdor)

Quand vient novembre, le Strasbourgeois transi soupire en regardant le ciel noir, il se demande comment éviter la pluie et remonte le col de sa gabardine. Mais il a une consolation. Novembre, c’est le mois de Jazzdor et il sait que, même trempé, il pourra se réchauffer l’âme en se rendant à l’un des concerts en ville. Installé depuis bientôt 30 ans à Strasbourg, Jazzdor fait partie du paysage, c’est comme un ami qu’on retrouve une fois l’an après qu’il ait bien bourlingué.

Mais en 2016 ou 2017, cet ami pourrait bien se poser. Directeur du festival, ou plutôt des festivals puisque Jazzdor se produit aussi à Berlin en juin, Philippe Ochem prévoit d’amarrer une péniche derrière la Cité de la musique et de la danse à Strasbourg pour y installer un club de jazz d’un nouveau genre :

« Ça fait 30 ans qu’on laboure le sillon du jazz à Strasbourg, 30 ans qu’on expérimente, anime, initie… L’an dernier, le ministère de la Culture nous a labellisé « scène des musiques actuelles » (Smac). C’est une reconnaissance du travail accompli bien sûr, mais nous le prenons surtout comme un encouragement à continuer et à mettre les bouchées doubles.

Il nous faut donc inscrire cette scène dans le paysage urbain, et j’ai proposé l’idée d’une péniche amarrée sur le quai de la place Dauphine : derrière la Cité de la musique, pour exporter certains concerts dans l’auditorium, être un lieu d’accueil des musiciens, proche du Shadok pour les expérimentations numériques et en pleine ville… Et tout ça pour pas cher ! »

Une nouvelle salle de musique pour 1,15 millions d’euros

Pas cher, ça dépend du point de vue. Philippe Ochem a tout de même besoin de 1,15 million d’euros pour acheter une coque, la rénover, tout transformer pour y installer une salle de concert pour 100 personnes en fond de cale, un bar sur le premier pont et une terrasse. Sur un bateau de 40 mètres, Philippe Ochem pourra disposer de 180 m² par pont !

« C’est sûr, ça nécessitera un investissement, mais c’est franchement bon marché si on compare avec la création d’une salle ex-nihilo, 8 à 10 plus cher ! La péniche proposera une quarantaine de concerts par an tandis que huit autres auront lieu dans l’auditorium de la Cité de la musique. On équipera le bateau avec un système de captation des concerts qui nous permettra de les écouter depuis le bar et de les proposer en disques ensuite. En outre, la péniche accueillera des résidences d’artistes et servira pour des rencontres entre musiciens confirmés et les élèves du conservatoire, des masterclasses… Et puis ce sera surtout un lieu convivial, ouvert à tous les amateurs. On pourra jouer plusieurs soirs de suite, on réinvente le concept du club de jazz. »

Le projet est séduisant. Mais son financement n’est pas encore trouvé. La Ville, fortement invitée à permettre la mise à l’eau de cette péniche, va devoir arbitrer entre plusieurs autres propositions de développements culturels, dont celui du Maillon. D’autant que dans le cadre de sa labellisation Smac, Jazzdor doit répondre à un cahier des charges étoffé, donc plus cher : des objectifs de coproduction et de soutien aux artistes se sont ajoutés aux festivals. Jazzdor débute également la production de disques, Jazzdor Series, issus de ses concerts (voir ci-dessous). Certes la participation de l’État sera graduellement multipliée par trois, mais les autres collectivités locales vont devoir suivre.

Écouter Jazzdor Series #1 : Joëlle Léandre et Vincent Courtois

Déjà largement préparée par Philippe Ochem, Jazzdor reprend l’intégralité de la saison jazz de Pôle Sud, concentré sur la danse en tant que centre de développement chorégraphique, un autre label du ministère de la Culture. Au final, c’est l’ensemble de l’offre culturelle à Strasbourg qui s’étoffe, grâce au soutien croissant de l’État et à condition que les deux structures parviennent à équilibrer leurs futurs budgets.

Pour produire les festivals de Strasbourg et de Berlin, une saison de concerts et accompagner des artistes en résidence ou en coproduction, le budget de Jazzdor va atteindre les 713 000€ en 2014 (dont 180 000€ de la Ville, 123 000€ de l’État, 60 000€ de la Région et 38 400€ du conseil général du Bas-Rhin). L’équipe de Jazzdor va s’étoffer d’un permanent supplémentaire pour atteindre 4 personnes. Avec la péniche, l’équipe sera composée de sept permanents.

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Sur Jazzdor : la programmation du prochain festival


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