« Pêche Mortelle à Strasbourg », les joies d’une enquête en profondeur

Joël Henry sait tout faire. Après avoir été photographe, puis éducateur de rue, bouquiniste, journaliste et réalisateur, le voilà désormais écrivain. On comprend mieux pourquoi ses posts de blogs sur Rue89 Strasbourg, avec « Promenades urbaines » et « Ecolo tous les jours« , sont trop rares, privant les lecteurs d’une plume précise, rieuse et curieuse. Joël Henry vient de publier Pêche Mortelle à Strasbourg, aux éditions Le Verger de Barr, dans la collection « Les enquêtes rhénanes ».

Après avoir écrit un guide du voyage expérimental, Joël Henry a gardé cette manière d’écrire, à tiroirs, où chaque développement créée de nouvelles possibilités. Dans l’enquête que mène Yacine Belkala, alias Pénélope, génial inspecteur qui pique pour garder la tête froide, les rebondissements ne résolvent rien du tout, ils compliquent la situation. Au fur et à mesure des pages, on est plongé dans une instruction judiciaire qui semble sans fin… Les habitués des romans policiers pourront s’accrocher pour deviner la fin, encore moins le déroulé des faits… car la surprise finale est totale, tout en étant d’une effroyable évidence. C’est le signe des bons polars.

Autre attrait du roman de Joël Henry, Strasbourg évidemment. Grâce à sa connaissance encyclopédique des recoins de la capitale alsacienne, les lieux prennent vie et participent à l’immersion du lecteur. Lorsqu’un corps est repêché de l’Ill, on sait exactement où, on est avec les policiers et l’équipe du médecin légiste à se tremper les pieds au milieu des ragondins. Même chose lorsque l’inspecteur Pénélope et son équipe choisissent les tables de Strasbourg pour faire le point, on connait le menu.

Bref, c’est vrai que Joël Henry est un copain, mais il n’en demeure pas moins que Pêche Mortelle à Strasbourg est un bon polar, un régal à lire, et qu’on n’est pas peu fiers ici d’héberger un peu ses mots et son univers.