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Paul Personne et son blues-rock intemporel à la Laiterie

Paul Personne, c’est un vieux routier de la guitare. Toujours flanqué de sa Gibson, il incarne le blues tout comme Johnny incarne un rock populaire à la française, capable de rassembler les générations. Paul Personne est de retour avec Puzzle 14, nouvel album qui fait la synthèse d’une musique à la fois exigeante et grand public. Il montera sur la scène de la Laiterie le 10 mars.

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Paul Personne jouera le 10 mars sur la grande scène de la Laiterie (Doc. remis)

À 65 ans, Paul Personne reste un môme des sixties. Avec ses icônes indéboulonnables, deux groupes qu’il refuse de partager, Beatles et Stones. Il y a aussi les Kinks et tous les hérauts du blues anglais : Éric Clapton et John Mayall, les puristes, puis The Yardbirds qui s’autorisent quelques libertés par rapport à la lettre et l’esprit, et enfin les défricheurs d’un nouveau style qui pousse les murs du blues pour en explorer les recoins les plus infimes, tels Cream et Led Zeppelin. Et, outre-Atlantique, les États-Unis abritent un génie de la guitare, une étoile à la trajectoire trop éphémère : Jimi Hendrix, une pièce majeure dans le puzzle de la carrière de Paul Personne. Rien de plus logique, donc, que de retrouver un hommage à peine voilé à Hendrix en ouverture de Puzzle 14 :

Avec Puzzle 14, quatorzième album d’une discographie fournie, Paul Personne confirme qu’il n’est pas homme à succomber aux modes. Son ADN, c’est le blues électrique, très rock, très brut, très chaud :

« Je fais ce qui me passe par la tête, je me laisse aller à mes envies. C’est comme ça que j’ai appris à jouer, au feeling ! Je ne veux pas surfer sur une vague ou une autre, je préfère creuser mon sillon pour me rapprocher de ce que je suis vraiment et de ce que j’ai envie d’être. En studio ou sur scène, j’ai envie de faire ressortir le moment présent, le moment vécu, l’instant. Bien sûr, on peut toujours mieux faire, mais à quoi bon ? Une prise, une prise et demi, ça suffit ! Il ne faut pas que la musique soit lisse, trop parfaite, comme beaucoup trop de choses aujourd’hui. Je veux garder cette imperfection dans mon travail tout simplement parce que c’est humain. Un ordinateur peut évidemment créer quelque chose de parfait, mais l’homme n’est pas parfait. Ca ne sert à rien de faire semblant ! »

Un état d’esprit révélateur de l’homme. Paul Personne est brut de décoffrage, il ne s’embarrasse pas de détours inutiles, il va droit au but avec des riffs musclés et un échange très direct avec ses deux comparses de scène et de studio, les frères Anthony et Nicolas Bellanger qui composent depuis quelques années son backing band, À l’ouest. Illustration avec Ca fait mal, extrait de Puzzle 14 :

Exception à la règle de l’électrique absolu porté en étendard par Paul Personne : le titre Pour quelle bonne raison, plus calme, peut-être plus émouvant aussi, et qui renvoie visuellement au prédécesseur de Paul Personne, à celui qui s’appelait encore René-Paul Roux lorsqu’il vécut ses toute premières expériences musicales, influencé par la contre-culture américaine porté par le mouvement hippie.

Cet oiseau rouge qui parcourt le clip (et qui pose fièrement sur la pochette de Puzzle 14), c’est sans conteste ce petit gars de banlieue parisienne qui gratte, cogne et chante avec son premier groupe, L’Origine (viendront ensuite, quelques années plus tard, les plus fameux Bracos Band puis Backstage).

Pochette de l’album Puzzle 14 (Doc. remis)

Son univers d’alors puise ses influences dans ce qui se fait de mieux sur la côte pacifique américaine :

« C’est l’esprit du Fillmore à San Francisco (un lieu mythique de la scène psychédélique et hippie, ndlr), c’est Janis Joplin, Jefferson Airplane, Grateful Dead. Ils n’avaient aucune barrière ces mec et ces filles-là. Ca rappelle aussi l’époque psyché des Beatles. Bref, c’est la marque de la liberté, et j’ai toujours trouvé cette liberté super agréable. Et aujourd’hui, je trouve que c’est encore plus important dans le monde ultra-formaté dans lequel on vit. »

Nostalgique et désabusé Paul Personne ? Certainement pas !

« Je suis en 2015, je vis en 2015, j’ai les pieds en 2015. Je ne m’accroche à aucune nostalgie. Mais même si je peux encore écouter des choses intéressantes actuellement, avec des mélanges d’influences, des sortes de recyclage, rien ne m’étonne plus vraiment. J’ai le sentiment que la messe a été dite. »

Pas réac pour un sou, Paul Personne semble tout de même regretter une certaine évolution de la création et de la production. Peut-être se sent-il… là :

Pas de quoi, tout de même, choper Le Bourdon car Paul Personne se tient à un principe : son bagage musical est intemporel et le grenier à souvenirs restera toujours grand ouvert.

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#blues

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