« Bonjour, je suis un ancien détenu de la maison d’arrêt de Strasbourg (…) je voudrais vous apporter quelques détails sur les conditions de détention déplorables de cette prison. » La série « Parole aux taulards » est née grâce à un ancien détenu. Après avoir lu notre reportage sur la prison strasbourgeoise, Valentin (tous les prénoms des détenus ont été modifiés) a souhaité témoigner de sa propre expérience.
La visite surprise initiée par le sénateur écologiste Jacques Fernique le 16 juin 2022 a certes permis une incursion précieuse dans la maison d’arrêt. Mais la visite guidée par la direction et le peu de temps laissé pour s’entretenir avec les prisonniers ont empêché de prendre conscience de la réalité quotidienne d’un détenu strasbourgeois.
Au total, Rue89 Strasbourg a pu recueillir les témoignages de sept personnes, certaines au cours de leur incarcération, d’autres une fois libérées. Sur la vétusté des cellules, l’accès restreint à un emploi, le manque de personnel de réinsertion ou la violence du parloir pour les proches, leurs histoires se répètent et détaillent la violence des conditions de détention : la chaleur et le manque d’eau pendant les canicules, la perte de confiance en soi jusqu’à la dépression, l’enfermement 22 heures sur 24 ou encore l’incompréhension face aux signaux parfois contradictoires envoyés par la direction d’un côté et les surveillants de l’autre.
Une « contre-visite » des cellules, du parloir, de la cour…
Cette série d’investigation se décline en six épisodes publiés chaque jeudi. Elle prend la forme d’une « contre-visite » après celle menée par Jacques Fernique. En prenant les témoignages de détenus et ex-prisonniers ces six derniers mois, Rue89 Strasbourg peut dresser un portrait plus précis de la prison. Des professionnels du milieu carcéral ont aussi été sollicités pour obtenir leurs points de vue. Des avocats ont également accepté de fournir les documents permettant d’étayer des informations obtenues des prisonniers.
Cette description de la maison d’arrêt de Strasbourg commencera par la pièce où le détenu passe la quasi-totalité de son incarcération : la cellule. Le deuxième épisode portera sur la promenade et la réduction du temps extérieur depuis la pandémie de covid. Le troisième article décrira le parloir, ses fouilles et ces mères, pères, frères et sœurs parfois traités comme le détenu qu’ils viennent voir.
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