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« Parler » : un groupe pour libérer la parole des victimes de violences sexuelles à Strasbourg

Trois Strasbourgeoises viennent de créer une antenne alsacienne de l’association « Parler ». Leur objectif : organiser des réunions pour permettre aux victimes de violences sexuelles d’être « accompagnées, de la prise de parole au dépôt de plainte, et après ».

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Se sentir en confiance, trouver les mots justes, s’encourager les unes les autres, être accompagnée du dépôt de plainte jusqu’à la fin d’une procédure judiciaire… Voici quelques exemples des objectifs de l’association « Parler », qui organise des réunions à destination des victimes de violences sexuelles. Déjà présente dans une dizaine de villes en France, la structure dispose désormais d’une antenne à Strasbourg.

Les mains des participantes strasbourgeoises symbolisent la sororité (solidarité entre femmes) qui facilite les témoignages des victimes de violences sexuelles. (Document remis)

« Des gens qui m’écoutaient »

Lucile et Alexia font partie des trois bénévoles. Elles ont toutes les deux participé à des groupes de parole par le passé. Les deux femmes de 21 et 28 ans soutiennent cette forme de « thérapie collective ». Elles ont donc décidé d’organiser ces réunions autour des violences sexuelles à Strasbourg. Deux rencontres ont rassemblé une dizaine de personnes en janvier, puis en février. Les suivantes se tiendront le 21 mars et le 18 avril. L’indication du lieu est réservée aux participantes.

Alexia a souffert de violences sexuelles pendant son enfance. Ancienne habitante de Lyon, elle a participé aux réunions lyonnaises de « Parler ». L’étudiante raconte l’effet bénéfique de ces échanges :

« Dans mon entourage, personne ne m’a cru quand j’ai raconté ce que j’ai vécu. En allant à ces réunions, j’ai trouvé des gens qui m’écoutaient, me soutenaient. Le groupe de parole m’a permis de sortir de mon statut de victime, pour trouver la force en moi de dire ce qui m’était arrivé, de déposer ce poids. »

« On a aussi eu des fous rires »

« Je te crois, tu n’y es pour rien. » C’est ce type de phrase qui peut faire la différence dans un groupe de parole, selon Lucile, salariée dans le domaine des ressources humaines. Elle raconte aussi la disparition du sentiment de culpabilité lors des échanges :

« Le vécu commun des participantes annule la honte. Et il permet aussi de sortir du stéréotype de la victime, qui a peur tout le temps, pour évacuer toute la pression. On a aussi eu des fous rires pendant la première réunion. »

Sandrine Rousseau, une figure de combativité

L’ancienne porte-parole du parti Europe Ecologie Les Verts (EELV) Sandrine Rousseau est à l’origine de cette association. Après avoir porté plainte contre l’ancien député Denis Baupin pour harcèlement sexuel en mars 2017, la femme a pris conscience de l’importance d’être entourée de personnes ayant traversé des épreuves similaires :

« Quand on est victime, on est toujours face à des professionnels. On n’a plus d’espace de liberté pour échanger, rire, pleurer. J’ai été confrontée à tout ce que ça impliquait de parler, toute la violence qu’on subit. La société nous renvoie régulièrement à la culpabilité par plein de questions innocentes : Pourquoi tu lui as pas mis une baffe ? Pourquoi tu n’es pas partie ? Toutes ces questions s’adressent à la victime, pas au violeur. À la fin, la victime se sent coupable. Je ne sais pas comment on peut arriver à tenir ça seule. On a besoin des copines, d’en parler et d’être écoutée. C’est déjà beaucoup de se sentir comprise. »


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