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Le parcours méconnu des Malgré-elles en documents au Musée historique de Mulhouse

Le Musée historique de Mulhouse accueille une exposition sur les Malgré-Elles, ces Alsaciennes parties travailler en Allemagne pendant l’Occupation. Avec des photographies et des documents d’époque, le Musée rappelle que les Alsaciennes ont également souffert en Allemagne au service du IIIe Reich.

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Jusqu’au samedi 30 novembre, le musée historique de Mulhouse accueille l’exposition Les Malgré-Elles ainsi que des conférences et débats. Déployée en 2013 au Mémorial d’Alsace-Moselle à Schirmeck, cette initiative s’inscrit dans une volonté de rendre visible et donner la parole aux femmes qui ont été contraintes au Reichsarbeitsdienst (RAD), le Service de travail du Reich.

Emmenées en Allemagne alors qu’elles n’avaient qu’entre 17 et 25 ans, ces femmes étaient conditionnées pour adhérer aux idéologies du Reich mais également aux hommes. Souvent isolées et minoritaires, elles n’avaient aucun moyen de lutter contre l’endoctrinement. Tout au long de l’exposition, les portraits des initiateurs du projet du RAD se succèdent avec des documents d’archives retraçant une journée type des femmes installées aux camps. Des photographies de propagande en grand format tapissent les murs et viennent résonner avec les lettres rédigées par ces jeunes femmes.

Dans la vie idéalisée des camps

L’exposition, située au 3e étage du musée, s’ouvre sur une photographie agrandie d’un portail menant à l’un de ces camps de travail, le LagerMaidenglück. Le Musée historique initie un parcours chronologique de la mise en place du RAD. Cette première partie permet de découvrir les visages derrière cette initiative, avec leurs idéologies et leur place dans la hiérarchie du Reich.

À première vue, ces femmes, dont la vie est rythmée par un emploi du temps strict et sous surveillance permanente, semblent pratiquer des activités banales ou quotidiennes – ces images ont été faites par les geôliers et par l’appareil coercitif du camp puisqu’il leur était interdit de prendre des photographies ou de fabriquer une quelconque forme de documentation qui pourrait témoigner de leur vie au camp. Il s’agit d’images de propagande qui étaient utilisées pour attester des bienfaits de l’enrôlement.

L’exposition se conclut avec la partie dédiée au Kriegshilfsdienst (KHD), le service auxiliaire de guerre, où les femmes étaient envoyées après avoir terminé leur service de travail. Pensant pouvoir retourner auprès de leur famille, ces jeunes femmes se voyaient finalement emmenées au front et dans différentes usines pour participer activement à l’effort de guerre.

La photographie d’un groupe de femmes, toutes portant des masques à gaz et la même tenue unie de travail, vient clôturer cette présentation des Malgré-elles. Dépouillées de toute identité et de toute volonté, ces femmes ont subi une double oblitération de leur l’histoire : invisibilisées par le régime, elles ont aussi été oubliées par les historiens.

À la recherche de Josepha Burckert

Le Musée historique propose notamment une plongée dans le quotidien de Josepha Burckert, jeune mulhousienne de 18 ans qui, le 9 septembre 1941, reçut une lettre l’appelant au service du Reich. Plusieurs documents, prêtés par le Mémorial Alsace-Moselle, retracent le sombre quotidien de Josepha. On y découvre des photographies d’elle entourée d’autres femmes, de ses activités au camp mais également des documents plus officiels marqués par la signature du Reich.

Ces deux types de documents offrent un contraste saisissant : d’une part les photographies produites par les organes de la propagande nazie, montrant une version normalisée de la vie des femmes au camp, d’autre part les documents officiels du Troisième Reich, systèmes de lois et de règlements implacables qui démontrent les obligations et contraintes exercées sur ces femmes privées de leur liberté.

Ces deux faces de la même réalité permettent au visiteur de comprendre que les photographies mettant en scène des femmes occupées à des tâches ordinaires ne sont que simulacres, truchements et falsifications de la réalité bien plus violente de la vie des camps.


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