Face au centre administratif, en arrivant par l’Est de l’Hôpital civil, un nouveau bâtiment se dresse, qui sera inauguré cet automne. Il s’agit du nouveau siège de CUS Habitat et Habitation moderne (photo ci-dessus), premiers bailleurs sociaux de Strasbourg, d’un coût de 18 millions d’euros (hors taxes). Le siège actuel de CUS Habitat, rue de Genève à la Krutenau, a déjà trouvé preneur pour 6M€, celui d’Habitation moderne sera loué prochainement à VNF (Voies navigables de France). A côté des bailleurs au Heyritz, s’éleva un dernier bâtiment (le trapèze sur le plan ci-dessous), qui abritera les services de la Caisse d’allocations familiales en 2016.
Un peu plus loin, le programme immobilier du promoteur Nexity prend ses aises sur toute la longueur du site : environ 220 logements sur deux immeubles (les deux bâtiments sur les photos ci-dessous), dont 43 logements sociaux, deux résidences réservées à des étudiants en médecine, un hôtel (le chantier le moins avancé, au centre du quartier) et un silo à voitures de plus de 500 places. La plupart des bâtiments est en cours d’achèvement, les premières livraisons (résidences étudiantes et CUS Habitat) devant intervenir dès la rentrée. Sur les prix de sortie (de vente) et le stade de commercialisation des logements privés, l’opérateur Nexity n’a pas souhaité s’exprimer, ses responsables communication étant en congés.
« Je ne me suis jamais pris pour un architecte »
Si l’adjointe en charge du quartier de Neudorf, Françoise Buffet, juge le projet immobilier « conforme aux engagements de construction de logements » de l’équipe municipale sortante en 2014 et « au POS » (plan d’occupation des sols), l’opposition UMP se fait notamment l’écho de réserves sur l’esthétique de l’ensemble. Fabienne Keller attaque :
« A l’œil, la qualité architecturale est déplorable ! Ils ont rajouté des couleurs, mais pas sûr que ça atténue la dureté des lignes. Ce qui s’est construit là, ce sont des barres avec des meurtrières ! Il y a peu de balcons et surtout, c’est très cher [ndlr, les annonces sur le site de Nexity]. C’est là que la méthode Ries pose problème : il a attribué ce terrain public sans appel d’offres et surtout sans engagement du promoteur sur le prix de sortie. Du coup, il y aura beaucoup de Scellier et des investisseurs qui vont faire de la spéculation. Beaucoup de locataires donc, or on sait que l’ambiance est meilleure quand il y a des propriétaires occupants… »
Face à ces critiques, le tacle fuse chez Philippe Bies (PS), vice-président de la CUS en charge du logement jusqu’à fin 2012 et toujours président de CUS Habitat et Habitation moderne :
« La qualité architecturale, tout le monde sait que c’est très subjectif. Contrairement à madame Keller, je ne me suis jamais pris pour un architecte ! [Quand au fait d’avoir vendu le terrain sans appel d’offres] si nous n’avions pas été élus, madame Keller aurait donné ce terrain pour une bouchée de pain à un fond de pension canadien, propriétaire de la clinique de l’Orangerie ! »
L’ancien adjoint au maire admet par ailleurs que l’appellation d’éco-quartier utilisée par Nexity pour vendre ses appartements des « Rives du Heyritz » est abusive. Même si les immeubles sont en BBC (basse consommation en énergie), « nous leur avons précisé qu’il ne s’agissait pas d’un éco-quartier », faute, a minima, d’une élaboration participative du projet.
« Tirer parti de la végétation existante »
Côté parc, la collectivité a la main et, du même coup, la facture est à sa charge. Neuf millions d’euros sont engagés pour réaliser là une passerelle (1,5M€) entre le Heyritz et le quai de l’Hôpital, et ce parc « du 21ème siècle », remarque Françoise Buffet, « construit à partir de l’existant pour profiter de la végétation en place ». Ancienne friche portuaire sur laquelle s’est développée une végétation spontanée au cours des dernières décennie, cet espace est en cours d’aménagement. Objectif, explique François Heitz, chargé du projet au service des espaces publics et naturels de la communauté urbaine de Strasbourg, « tirer partie de cette richesse existante et élargir les possibilités d’implantation de nouvelles espèces animales et végétales, tout en permettant l’accès au public ».
Dans cette optique de maintien, voire d’élargissement de la biodiversité, l’allée de platanes centenaires, abritant de nombreuses espèces dans ses cavités, sera conservée. L’ambiance de sous-bois sur certaines parties du site sera elle aussi laissée en l’état, « certaines branches ou arbres morts étant [néanmoins] élagués pour garantir la sécurité des passants ». Le quai sera abaissé pour faire affleurer l’eau et permettre l’implantation d’une végétation aquatique (roseaux…) accueillante pour les grenouilles, petits poissons, insectes, etc. Des radeaux seront installés dans le bassin dans la même optique. Enfin, de nouvelles essences seront introduites pour élargir la « palette végétale » peu diversifiée de la friche.
Terrassement jusqu’en novembre, plantations cet hiver
A contrario, les saules quinquagénaires longeant l’eau ont été abattus pour permettre l’accès au bassin. Un cheminement en béton désactivé (qui laisse apparaître des aspérités, comme place d’Austerlitz) serpentera dans le parc, actant certes le maintien des arbres, mais assurant surtout une facilité de circulation pour les promeneurs à vélo, en poussettes ou en fauteuil roulant, « par tous les temps ». Un espace de jeux d’enfants ainsi qu’une place complèteront l’ensemble. Les travaux de terrassement et le cheminement devraient être terminés mi-novembre. Les plantations se feront cet hiver pour une découverte optimale du parc au printemps 2014.
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