Myriam vient de mourir de son cancer du sein, elle avait 47 ans. Elle aussi faisait des mammographies depuis l’âge de 36 ans, depuis que sa mère a fait son premier cancer du sein. Elle a senti une zone dure dans son sein 8 mois après sa dernière mammographie. Son cancer était du genre de celui qui tue quoiqu’on fasse. Les récepteurs (marqueurs de la sensibilité aux traitements proposés) étaient négatifs, il s’est mis à fuser de tous les côtés pendant sa deuxième série de chimiothérapie après sa mammectomie et malgré une radiothérapie associée.
Martine a 60 ans, elle fait sa cinquième mammographie, elle a commencé à 50 ans, comme on lui a dit de le faire dans le courrier de l’Ademas (association de dépistage du cancer du sein). Cette fois, elle a des micro calcifications et à la biopsie, on a vu des cellules cancéreuses. Le marathon diagnostic et traitement commence pour elle. Au programme : tumorectomie, exploration du ganglion sentinelle. Il est envahi, donc curage ganglionnaire et chirurgie élargie avec mammectomie, elle aussi. La chimiothérapie va suivre.
Sylvie a 54 ans, elle va faire sa troisième mammographie, on y trouve ces micro calcifications dans son sein droit. Tumorectomie qui révèle un cancer in situ. Le ganglion sentinelle (premier ganglion de la chaîne sous l’aisselle) est sain. La réunion de concertation pluridisciplinaire (plusieurs spécialistes oncologues, chirurgiens, radiothérapeute, généticien) qui statue sur le meilleur traitement à donner à la patiente décide de compléter le traitement par une radiothérapie. Elle aura ensuite un traitement par Tamoxifene pendant 5 ans (c’est un anti-hormone).
La mammographie ne suffit pas
Comment faire pour diagnostiquer et traiter correctement le cancer du sein ?
La France a décidé de tout miser sur la mammographie tous les deux ans de 50 à 75 ans. Cette stratégie n’empêche pas que des dépistages individuels soient prescrits bien avant cet âge par beaucoup de médecins, alors que beaucoup d’études montrent que c’est la source de traitement abusifs et inutiles.
Voir ci-dessous un document édité par le gouvernement belge, qui explique bien le risque de surdiagnostic. Selon cette étude, une femme sur 1000 est sauvée grâce au dépistage systématique mais deux femmes sont traitées en trop.
Alors quoi faire ? Faire confiance aveuglément à cet unique examen n’est pas raisonnable, même si la France a fait ce choix. La plupart des autres pays ont fait des campagnes sur l’autopalpation des seins, qui n’est pas assez proposée aux femmes en France. Cette technique est intéressante parce que simple et surtout réalisable avant 50 ans et après 75 ans. Elle peut être associée aux mammographies entre ces deux âges.
J’ai vu il y a quelques temps , un joli clip de promotion de l’autopalpation qui passait aux USA. Regardez et rincez vous l’œil, ça vaut le coup même si c’est en anglais.
En attendant mon prochain billet, je vous souhaite une très bonne année 2014 et j’ose (eh oui) vous souhaiter une très bonne santé !
Aller plus loin
Sur L’Express.fr : « Dépister le cancer du sein peut sauver des vies mais en gâcher d’autres » (interview de Rachel Campergue)
Sur Cancer du sein.org : association Le cancer du sein, parlons en !
Sur La Strasbourgeoise.eu : course annuelle pour aider la recherche contre le cancer du sein
Sur Rue89 Strasbourg : le blog de Doc Arnica
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