Le parquet de Strasbourg a classé sans suite la plainte de l’étudiante qui a prétendu avoir été agressée parce qu’elle portait une jupe en septembre 2020. L’enquête de police avait révélé plusieurs incohérences dans le récit de la jeune femme proche du groupuscule Stras Défense.
Sous les cheveux blonds, un cocard à l’œil droit… L’image a choqué Strasbourg, puis toute la France. En septembre 2020, une étudiante strasbourgeoise témoigne d’avoir été agressée à proximité de la médiathèque Malraux. La femme de 22 ans disait avoir été traitée de « pute en jupe » et frappée par trois hommes. Elle a porté plainte le lendemain des faits. Mais 18 mois plus tard, le parquet de Strasbourg confirme à Rue89 Strasbourg que la plainte a été classée sans suite. La procureure de la République Yolande Renzi n’a pas donné plus d’explications sur ce classement.
Marlène Schiappa se déplace malgré les doutes des enquêteurs
Marlène Schiappa, alors ministre (LREM) chargée de la Citoyenneté, avait cru bon de venir à Strasbourg pour dénoncer cette affaire de harcèlement de rue. Selon L’Obs, la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, aurait tenté de dissuader la ministre de se déplacer pour cette affaire, en raison des doutes des enquêteurs qui ont relevé d’importantes incohérences dans le récit de la prétendue victime d’agression. Dans la capitale alsacienne, Marlène Schiappa avait annoncé le recrutement d’un intervenant social d’ici 2021 « afin d’améliorer le dialogue entre les victimes de violences sexistes et sexuelles et la police au moment du dépôt de plainte et après face au trauma qui ne relève pas de la mission de la police ».
Le téléphone de l’étudiante a d’abord procuré aux policiers une première raison de douter de son récit : elle affirmait avoir utilisé son mobile directement après l’agression. Or ce dernier n’a pas borné à l’endroit où les faits se seraient déroulés, mais à proximité de son domicile. De même, les images de vidéosurveillance n’ont pas permis d’apercevoir la jeune femme, ni son agression prétendue. Enfin, aucun témoin de la scène ne s’est manifesté, alors que la Strasbourgeoise évoquait une quinzaine de témoins…
Le lien de la plaignante avec Stras Défense
Une enquête de Libération a aussi révélé l’implication de la plaignante au sein d’un groupuscule très droitier, Stras Défense (dont Rue89 Strasbourg vous parlait ici). L’étudiante figure même parmi les membres fondateurs de ce petit groupe créé en juillet 2020 pour « lutter contre le harcèlement et les violences de rue ». Modératrice du groupe Facebook de Stras Défense, elle n’a jamais indiqué ce rôle lors des interviews accordés à de nombreux médias… mais elle a abondamment fait la promotion de Stras Défense sur les réseaux sociaux et lors des entretiens accordés à la presse, à la radio ou la télévision. Sur le groupe Étudiants de Strasbourg de Facebook, elle avait notamment indiqué que le fondateur de Stras Défense l’avait incitée à témoigner publiquement de son agression.
Après les doutes, le cyberharcèlement
Suite à la publication de ces différents éléments dans la presse, la plaignante a subi une importante vague de cyberharcèlement. Marlène Schiappa avait à nouveau pris publiquement la parole pour appeler « à ce qu’on arrête de lyncher cette jeune fille, qu’elle soit d’extrême droite ou pas, rien ne justifie qu’on la lynche sur les réseaux sociaux pour avoir déposé plainte ».
Contactée en début d’après-midi ce vendredi 6 mai à propos du classement sans suite de sa plainte, la plaignante n’a pas donné suite à nos messages.
Lors d’une assemblée de quartier à la Meinau fin mars, de nombreux participants ne se sont pas retrouvés dans l’ordre du jour. Les dispositifs de démocratie dans les quartiers permettent aux habitants de proposer de petits aménagements urbains, quant ces derniers souhaitent surtout des logements décents ou moins de rats.
« On a rarement de vrais impacts avec la démocratie participative » résume René Leboëdec, habitant de la Meinau qui s’investit depuis 2014 dans les assemblées et conseils de ce quartier du sud de Strasbourg. Début 2022, il a participé à la concertation pour la rénovation du parc Schulmeister. Lors de trois réunions, entre quatre et six habitants sont venus proposer des aménagements au service des espaces verts de la Ville de Strasbourg. Ils ont obtenu la plantation d’arbres fruitiers, une signalétique indiquant les essences des plantes, ou la mise en place d’une table de pique-nique.
Mais lors de l’assemblée de quartier organisée le 22 mars à l’école élémentaire de la Meinau, quand l’agent de la Ville, chargé de la démocratie locale à la Meinau, a présenté le résultat de la concertation de ce réaménagement, cela paraissait éloigné des préoccupations de son audience. La majorité des 40 personnes présentes était peu intéressée par le parc et voulait plutôt dénoncer une surpopulation de rats, l’insalubrité et les prix élevés des logements sociaux ou les rodéos urbains…
« Beaucoup d’habitants sont ressortis frustrés de l’assemblée », se souvient René Leboëdec :
« Il aurait fallu que des représentants des bailleurs sociaux ou de la police soient présents. À cause de ça, beaucoup de personnes pensent que s’investir dans la démocratie locale ne sert à rien, que ça ne règle pas les vrais problèmes. Les gens veulent surtout parler aux élus, aux personnes qui prennent les décisions. »
Ce soir-là, l’élu chargé du quartier, Abdelkarim Ramdane, n’était pas présent. Une représentante de la direction du territoire accompagnait le chargé de la démocratie locale. Claude, qui a participé à l’assemblée, résume :
« On a pu rouspéter et on a vu à quoi ressemblent ces fonctionnaires, mais le but n’était pas vraiment de nous faire participer. »
Martin, présent pour la première fois à un événement de démocratie locale, tempère un peu :
« C’est bien d’avoir quelques renseignements et de pouvoir discuter. Par exemple, certaines personnes ont demandé de rouvrir le commissariat de quartier de la Meinau pendant l’assemblée et la direction du territoire a expliqué que c’était très cher, qu’il y avait trop peu de personnes qui venaient et qu’il était plus pertinent de tout mutualiser au commissariat du Neuhof. »
Mais lui aussi convient qu’il n’est pas vraiment possible « d’avoir un impact important avec ce genre de dispositif, à part sur de petites choses ». Pour Carole Ziélinski, adjointe à la maire de Strasbourg, en charge de la démocratie locale, l’objectif est pourtant exactement inverse. Elle assure que « les Strasbourgeois ont déjà été inclus dans des réflexions sur les politiques publiques », mais plutôt à l’échelle de Strasbourg que d’un quartier :
Pour l’instant, ces groupes de travail avec les habitants ont été mis en place, mais n’ont pas encore abouti à des décisions.
Nouvelle municipalité, nouvelle politique de démocratie locale
Sous les municipalités précédentes, comme partout en France, des conseils de quartier ont été organisés dans le cadre de la loi du 27 février 2002. Il s’agissait de volontaires qui devenaient des sortes d’intermédiaires pour faire le lien entre les habitants et les élus.
À la Meinau, le conseil de quartier était composé de 26 personnes. Certains ont assuré une permanence tous les jeudis matin pendant deux heures, pour que les habitants qui le souhaitent puissent exposer leurs problèmes. « Il y avait à peu près un habitant qui venait toutes les deux ou trois semaines », relate Jean-Luc Allenbach, ancien membre du conseil. Une réunion mensuelle ouverte à tous était programmée, mais elle réunissait surtout les membres du conseil, et souvent l’élu référent et les services de la Ville.
Après l’élection des écologistes à la municipalité fin juin 2020, ces instances ont été dissoutes pour mettre en place une nouvelle organisation. Des chargés de mission spécialement dédiés à la participation citoyenne ont été embauchés par la Ville et un comité de suivi constitué d’habitants, la plupart du temps des anciens membres des conseils de quartier, organise trois à quatre fois par an des assemblées de quartier ouvertes à tous. Elles sont censées aboutir sur des ateliers, des groupes de personnes qui se réunissent pour faire avancer des sujets concrets.
« Avant, on avait plus accès aux élus et aux services de la Ville »
Des anciens membres du conseil de la Meinau ont donc suivi la démarche et lancé trois ateliers de quartier intitulés « cadre de vie », « accueil des populations exilées » et « lieux de vie, lieux de rencontre ». Mais selon René Leboëdec, à l’origine de l’atelier cadre de vie, seulement entre deux et quatre personnes sont venues à chacune des premières réunions de ces ateliers.
Avec le thème « cadre de vie », René Leboëdec imagine que des Meinauviens pourraient exposer des projets d’aménagement pour améliorer leur environnement. Mais certains anciens membres des conseils de quartier, comme Jean-Luc Allenbach de la Meinau, sont très critiques sur la nouvelle organisation décidée par la municipalité écologiste :
« Avant, on avait plus accès à Mathieu Cahn (l’ancien élu référent de la Meinau, NDLR), il venait aux réunions du conseil de quartier. Et lorsqu’il y avait un nouveau projet d’aménagement, on avait les plans sous les yeux et on pouvait faire des contre-propositions.
Le conseil de quartier, c’était la garantie que des habitants soient au courant des projets comme des réunions étaient prévues spécialement pour ça tous les mois. Et on pouvait s’exprimer et communiquer dessus auprès des autres. Maintenant, je trouve qu’on n’a plus du tout notre mot à dire. Aux nouvelles assemblées, le sujet est fixé à l’avance. »
Chantal Cutajar était adjointe au maire jusqu’en 2020, avec l’ancienne municipalité, en charge de la démocratie locale :
« La dissolution des conseils de quartier a été très mal perçue par les anciens membres (21 d’entre eux ont co-signé une lettre ouverte pour dénoncer la situation, NDLR). Il y avait une progression et toute une réflexion autour de ce dispositif. Pourquoi ne pas avoir continué ce que nous faisions ? Nous avions une politique ambitieuse en la matière, avec notamment le pacte pour la démocratie rédigé en 2017. »
« Les conseils de quartier étaient peu suivis »
Carole Ziélinski, adjointe à la maire en charge de la démocratie locale, estime qu’il était nécessaire de changer de fonctionnement et considère que ce dernier est mal compris pour l’instant :
« Le but, c’est que les personnes décident elles-mêmes du mode de fonctionnement et de l’objectif des ateliers. Si elles veulent que des élus ou des fonctionnaires des services soient présents, c’est tout à fait possible mais elles doivent en faire la demande. Nous nous sommes basés sur le bilan des conseils de quartier 2019, qui étaient souvent peu suivis et réunissaient toujours les mêmes personnes. À la Meinau, ils étaient entre cinq et dix aux dernières séances. Lors de l’assemblée du 22 mars, une quarantaine de personnes étaient présentes, donc on observe un regain d’affluence avec ce nouveau format.
Les ateliers de quartier doivent permettre aux personnes qui en ont l’envie de s’investir sur le long terme, au moins dans une réflexion sur un sujet. Mais il est vrai que ces instances ne garantissent pas qu’il y ait un débouché concret à la fin. Il faut que les projets soient réalisables et en accord avec notre politique. »
« Je ne veux pas dire que c’était mieux avant »
Jean-Luc Allenbach reconnait que les impacts concrets de son conseil de quartier ont été très rares. Un seul exemple lui vient, même si lui n’était pas d’accord avec cette décision :
« Entre 2015 et 2018, lorsque l’avenue de Normandie a été réaménagée, avec une voie centrale dédiée aux bus, au départ, la Ville voulait couper les 250 arbres. Les autres membres du conseil ne voulaient pas qu’ils soient coupés. Ils ont réussi à en sauver 45 grâce aux négociations dans le cadre du conseil de quartier. »
Vincent Leport est aussi un ancien membre du conseil de la Meinau. Il mentionne qu’en 2012, sous l’impulsion du conseil, une réglementation claire a été établie afin de créer des zones de livraison et de stationnement pour le marché du jeudi matin, place de l’Île-de-France. Il a une vision moins négative du dispositif de la nouvelle municipalité :
« Je ne veux pas dire que c’était mieux avant. Ce qui manque le plus, c’est le sentiment que les services de la Ville étaient à notre disposition lors des réunions des conseils de quartier. Mais c’est surement possible de retrouver ça à travers les nouveaux ateliers si on le demande. C’est encore tôt pour juger. »
« Cela risque de prendre du temps »
Certaines démarches initiées par l’ancienne municipalité sont poursuivies par les écologistes. « Il n’y a pas du tout une volonté de faire table rase de ce qui a été fait avant mais d’améliorer certains points qui semblaient ne pas fonctionner », indique Carole Ziélinski. La Ville continue à organiser des concertations régulières sur des aménagements précis, comme pour le parc Schulmeister. Les informations sont disponibles sur un site internet dédié.
« Par exemple, à Cronenbourg, les habitants pourront construire avec les services le devenir d’une partie de la promenade des Arts et des Sports qui sera rénovée et dont les travaux sont prévus cet été », expose l’élue.
D’après elle, une troisième saison du budget participatif, qui permet aux habitants de proposer des projets, aura lieu prochainement, avec une enveloppe de deux millions d’euros. « Le calendrier n’est pas encore établi », précise-t-elle. Carole Ziélinski insiste sur le fait que la démocratie locale est en cours d’expérimentation : « Peu de personnes sont habituées à participer réellement, cela risque de prendre du temps avant que les habitants s’approprient massivement ces outils. »
Mais le caractère anecdotique des décisions prises dans les instances de démocratie locale est bien éloigné des envies de certains habitants. Non-informée de l’existence d’une assemblée de quartier, Kenza, la trentaine, fait par exemple partie des nombreuses personnes éloignées de ces dispositifs :
« Je pense qu’il y a beaucoup de gens découragés après toutes les promesses des élus qui n’ont jamais rien fait ensuite. On veut du concret. Je m’investirais si j’avais l’impression que ça peut vraiment changer quelque chose, mais là franchement j’ai d’autres problèmes et je n’ai pas le temps pour ça. »
Suite à une grève spontanée des éboueurs de l’Eurométropole de Strasbourg, l’administration a répondu à une partie de leurs revendications. Les éboueurs ont accepté ces propositions par un vote en assemblée générale ce jeudi matin.
Jeudi 5 mai vers 5h15 du matin, les éboueurs de l’Eurométropole de Strasbourg ont accepté par un vote en assemblée générale les propositions de l’administration pour mettre fin au mouvement social qu’ils ont débuté mardi 19 avril. Après une grève de deux jours, ils avaient suspendu leur grève une dizaine de jours dans l’attente des propositions de l’administration communautaire. Selon David Normand, un des organisateurs de la grève, les éboueurs sont « assez satisfaits » par l’accord et le préavis de grève a été levé.
Contacté par Rue89 Strasbourg, Jonathan Bisot-Lefebvre, directeur général adjoint de l’Eurométropole, confirme que l’administration est prête à accorder aux agents une « prime panier », de 40€ nets par mois. Elle reconnait la pénibilité du travail des éboueurs, seuls agents de l’Eurométropole sans lieu pour se reposer ou se soulager pendant la journée.
Meilleures conditions de travail
La collectivité s’engage à améliorer les conditions de travail des éboueurs. Les douches nécessitent des rénovations qui seront faites, du matériel supplémentaire sera commandé pour que les éboueurs puissent laver les camions. L’Eurométropole va également remplacer les vêtements trop anciens et les gants notamment, par du matériel de meilleure qualité. L’administration entend fournir ces remplacements de matériel avant le mois de juin.
D’autres revendications acceptées, comme de nouveaux camions par exemple, ne pourront pas être effectives avant juin. Dans ces cas, l’Eurométropole a présenté aux éboueurs « un plan d’action pour les mettre en œuvre », selon Jonathan Bisot-Lefebvre.
Certains éboueurs auront droit à des primes supplémentaires cet été. Selon Jonathan Bisot-Lefebvre, ces primes entrent dans le cadre d’un accord global avec les syndicats de la collectivité, qui concerne tous les agents de l’Eurométropole. De son côté, David Normand a précisé que les éboueurs attendent une augmentation du point d’indice, qui détermine directement le montant de leur traitement, de la part du gouvernement en juillet.
Deux anciens collaborateurs dénoncent chez Fonroche un « management brutal » et un manque d’expérience dans la géothermie. D’autres soutiens de la géothermie témoignent de leur déception face à l’échec de de la société à Vendenheim . . .
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L’enquête menée par sept experts confirme que Fonroche est bien à l’origine de plusieurs séismes au nord de Strasbourg depuis 2019. Le rapport commandé par la préfecture du Bas-Rhin déplore aussi un manque de transparence de l’exploitant, estimant qu’au moins un signal précurseur aurait pu être détecté par les scientifiques pour éviter les tremblements de terre les plus importants.
Fonroche peut trembler. Mercredi 4 mai, l’enquête commandée par la préfecture du Bas-Rhin a été présentée en comité de suivi du site de géothermie de Vendenheim. Sur commande de la préfecture du Bas-Rhin en février 2021, sept scientifiques (BRGM, Ineris, Université de Montpellier, École des Mines, Université de Lorraine, de Neuchâtel et CNRS) ont dû répondre à cinq objectifs : comprendre la sismicité au voisinage des puits fin 2020, rendre un avis sur les opérations de Vendenheim et l’activité sismique depuis novembre 2019 dans le secteur de la Robertsau, chercher d’éventuels signaux précurseurs des séismes, rendre un avis sur l’état du réservoir post-opération et établir un retour d’expérience pour d’autres projets.
Les conclusions des experts sont accablantes pour le groupe Fonroche, récemment renommé Géorhin : l’exploitant est allé trop vite, il a utilisé des débits d’injection supérieurs aux pressions autorisées et il est allé trop profond. Il a également manqué de transparence sur les données d’exploitation et s’est ainsi privé de l’expertise des scientifiques universitaires, qui auraient pu prévenir les risques sismiques.
« Un problème de structuration des données de Fonroche »
Jean Schmittbuhl a participé à cette enquête en tant que directeur de recherche au CNRS. Le géologue de l’Institut Terre et Environnement de Strasbourg décrit les difficultés rencontrées au début de la mission du comité :
« Il y avait un problème de structuration des données qui témoigne d’un manque d’expérience de Fonroche en la matière. Les formats de fichiers changeaient souvent, les unités de leurs données aussi. Leur protocole a évolué en cours de route… L’appropriation des données et du matériel scientifique disponible nous a donc pris beaucoup plus de temps que prévu. Au départ, on avait évoqué une vingtaine de jours de travail par chercheur. On a eu besoin de deux à trois fois plus pour s’approprier les données et le matériel scientifique. »
Interrogé sur ce point, Jean-Philippe Soulé, directeur général de Fonroche Géothermie, puis Géorhin, admet :
« On n’a pas l’habitude de travailler sur la structuration des données. En tant qu’opérateur, nous avons des besoins propres. Les experts ont une autre façon de travailler, avec un partage des données comme dans les centres de recherche. Un opérateur n’est jamais en partage des données ».
Ce rapport est une sorte d’audit des pratiques de Géorhin. L’équipe de chercheurs n’a pas pu réaliser de contre-expertise, qui aurait demandé encore plus de temps pour produire les données. Ce pourrait être une prochaine mission du comité de suivi de site.
Une extension de forage improvisée… qui donne lieu aux séismes
Sur les séismes survenus fin octobre 2020, les scientifiques du comité ont pu localiser une zone déterminante, au niveau d’une extension d’un kilomètre du puits réalisée en 2020, après les événements de novembre 2019. Pour rappel, à cette période, la préfecture avait demandé à l’exploitant de cesser les tests, tout en exigeant d’améliorer la connaissance des sols après le séisme du 12 novembre 2019.
Pour le comité, l’entreprise emploie de façon abusive le terme d’ »extension scientifique » pour ce forage, « qui n’était pas prévu au départ. Il a été improvisé par Fonroche. Ce n’était pas ce qui était préconisé par la tierce expertise scientifique, » indique le rapport. C’est ainsi qu’une opération censée améliorer les performances hydrauliques du puits a provoqué des séismes l’année suivante, comme l’explique Jean Schmittbuhl :
« Les événements sismiques de fin 2020 ont eu lieu dans une zone qui s’est retrouvée connectée grâce à l’extension du forage fin 2019. On peut dire que si Fonroche n’avait pas fait cette extension de forage fin 2019, il n’y aurait probablement pas eu les événements sismiques forts en 2020. »
Fonroche conteste toujours l’origine du séisme de novembre 2019
Jean-Philippe Soulé maintient le caractère « scientifique » de ce forage et promet « un retour détaillé sur les conclusions du rapport pour expliquer nos divergences de point de vue ». Le directeur général de Géorhin reconnaît la responsabilité de son entreprises dans les séismes qui ont secoué le nord de l’Eurométropole depuis le 27 octobre 2020 mais « pour l’événement sismique de novembre 2019, nous restons dubitatifs, » dit-il.
Le comité missionné par la préfecture a cependant confirmé cette responsabilité, confirmant les conclusions d’un premier travail d’analyse mené par l’École et observatoire des sciences de la Terre (Eost) sur le séisme survenu dans le quartier de la Robertsau en novembre 2019 : Cette étude publiée en août 2021 concluait notamment : « Le cluster sismique a eu lieu le long de la faille de la Robertsau (N015° E) qui est un lien structurel majeur avec le réservoir géothermal exploité au fond des puits géothermiques. »
Partage des données insuffisant
Y avait-il des signaux précurseurs de ces séismes ? Dans la présentation d’un pré-rapport en juillet 2021, la préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, avait accusé Fonroche « d’écarts importants » par rapport aux arrêtés préfectoraux. Le forage était plus profond (5 000 mètres au lieu de 4 800 mètres maximum) et la pression d’injection employée a pu atteindre 150 bars au lieu des 100 bars autorisées.
Mais là n’est pas l’indicateur le plus parlant, pour Jean Schmittbuhl. « Un autre indice aurait dû être observé », estime l’expert avant de décrire l’une des méthodes employées par Fonroche pour améliorer la connexion entre les puits : la stimulation hydraulique. Le directeur de recherche au CNRS continue :
« L’entreprise a eu accès à des milliers de mètres cubes de la nappe pour améliorer la taille des fissures existantes. Une surveillance plus stricte du volume d’eau injecté aurait permis de prévenir les séismes. Encore faut-il que la communauté scientifique puisse accéder à ces données. »
Tout en reconnaissant la nécessité d’un meilleur partage des données avec les scientifiques, Jean-Philippe Soulé parle d’un « raccourci de communication » sur le lien entre le volume d’eau injecté et le séisme de décembre 2020.
Manque de précaution de Fonroche
Le comité d’experts questionne aussi la méthode de Fonroche au regard de la situation qui a suivi l’arrêt de l’activité à Vendenheim. Selon Jean Schmittbuhl, l’événement sismique important six mois après la fin des opérations montre que le puits nord « a été fortement mis sous pression et que sa relaxation a été très lente ». Le scientifique estime donc que l’exploitant s’est précipité :
« Si on avait voulu travailler avec le plus de prudence possible, il aurait fallu attendre la relaxation du système entre chaque test. Ça aurait pris beaucoup de temps, ce que n’a pas fait Fonroche. Vu que ce temps n’a pas été utilisé, l’ensemble des tests réalisés, ce sont des actions qui se superposent et qui rendent la lecture et l’interprétation de ce système extrêmement complexe. »
« Une gestion de projet très surprenante »
Concernant les retours d’expérience, Jean Schmittbuhl parle d’une « phase préparatoire insuffisante » et d’ »un manque de connaissance précise du système géologique ». Le directeur de recherche du CNRS précise : « La plupart des grands séismes viennent de failles allant du nord-ouest vers le sud-est. Ces failles sont quasiment absentes des modèles géologiques de Fonroche. »
Sur ce point, le directeur général de Géorhin admet que le modèle de Fonroche a omis ces failles. Il estime tout de même que les séismes de la fin de l’année 2020 étaient aussi liés à d’autres failles, elles connues de l’opérateur. « Dans le fond, ici, l’écoute des scientifiques n’aurait rien changé », estime Jean-Philippe Soulé.
Le comité d’experts déplore en outre « une gestion de projet très surprenante ». Jean Schmittbuhl s’étonne par exemple de « l’absence de phasage du projet avec des évaluations et un regard extérieur à différentes étapes. Fonroche a eu des autorisations pour démarrer et quasiment tout de suite d’aller jusqu’au bout. » Il estime que l’exploitant s’est précipité et a pris trop de risques :
« Ils ont même construit la centrale en surface avant d’avoir validé tout le système de sous-sol. Je n’ai jamais vu de projet comme ça. Normalement, on construit le premier puits, on vérifie qu’il fonctionne, puis le second puits, s’il est suffisant, on fait des tests dans la durée… Et seulement si tout ça est suffisant, alors on attaque la construction de la centrale. »
Un avenir en suspens
Le 24 mars 2022, le tribunal administratif de Strasbourg a bouleversé le cadre de la mission confiée par la préfecture aux sept scientifiques. Leurs recherches s’inscrivaient jusqu’alors dans le contexte d’un « arrêt définitif du projet ». Mais l’arrêté ordonnant de mettre fin aux opérations de géothermie a été annulé par les juges administratifs. Jean Schmittbuhl se pose aussi la question de l’avenir du comité d’experts :
« S’il est à nouveau possible de relancer le projet de géothermie à Vendenheim, il faut repenser le projet et approfondir notre analyse. Cela passera surtout par une autre place de la communauté scientifique dans ce projet. »
Le Pelpass festival, le meilleur rendez-vous concerts de l’année pour les Strasbourgeois, revient dans sa case printanière, du jeudi 26 au dimanche 29 mai au Jardin des Deux-Rives, en warmup parfait pour la saison des festivals. Pensé comme une suite de découvertes, le festival propose de donner leur chance à une cinquantaine de groupes, tous passés par les tamis de l’équipe Pelpass.
La programmation musicale des rendez-vous de Pelpass, c’est la résultante d’une espèce de magie qui s’opère entre les hémisphères du cerveau de Jérémie Fallecker, le directeur de l’association, les coups de cœur de l’équipe à partir de ce qui les a marqués lors de précédents concerts, et les réalités pratiques, comme les montants des cachets, les disponibilités, les tournées… Ce bouillonnement chaotique-neutre se concrétise par la présence d’une cinquantaine de formations sur les deux scènes et demi du Pelpass festival : pas de têtes d’affiches mais des talents émergents, qui seront sur les grandes scènes dans un an ou deux (s’ils ne splittent pas avant).
Ce positionnement, toujours compliqué pour l’équilibre économique d’un festival qui attend 3 000 personnes par soir, est de plus en plus assumé par Jérémie Fallecker :
« C’est vrai que les gens ne peuvent pas se motiver sur des noms connus pour prendre leur billet mais on leur demande de nous faire confiance, de venir voir et écouter les groupes qu’on a sélectionné qui sont tous très bons. Ce sont tous des choix, validés collectivement… Il y a des gens qu’on cherche à programmer depuis longtemps, d’autres qui nous ont mis des claques lors de leurs concerts, certains explorent des musiques de niche… »
Chaque soirée affiche une dizaine de groupes, qui jouent alternativement sous les deux chapiteaux installés au fond du Jardin des Deux-Rives, splendide écrin sur les rives du Rhin, suffisamment proche de la ville pour y aller en vélo, suffisamment éloigné pour envoyer des mégawatts. Une troisième scène, appelée la Militente, accueille des sets de DJs en continu toute la soirée, ce qui permet de s’échapper si vraiment une formation heurte ses goûts musicaux. Plusieurs collectifs de Strasbourg et du Grand Est ont été invités à prendre en charge la programmation de la Militante, façon cartes blanches.
Nouveauté 2022 : le festival s’étend sur quatre dates, ce qui en fait la plus importante manifestation organisée par l’association Pelpass à ce jour. Déjà très adapté aux familles, avec les entrées gratuites pour les enfants, des jeux et un espace sécurisé, le festival sanctuarise le dimanche comme sortie familiale, avec une programmation adaptée.
Jeudi 26 mai
Jour férié, la soirée débute dès 17h avec notamment le Strasbourgeois La Sueur et son reggaeton éclaté. À l’affiche également les chants grecs de Johan Papaconstantino, le flow du rappeur suédois Prop Dylan mais surtout Sages comme des sauvages, une pépite de chanson et de sonorités du monde, découverte il y a trois ans par Pelpass et qui n’a cessé de se développer pour mûrir en une prestation enveloppante.
La soirée se poursuivra avec le rock anglais, nerveux, cuivré et très efficace, de Tankus The Henge puis changement d’ambiance avec La Tène, une musique planante à partir d’instruments traditionnels. Le festival met également ce soir Underground System à l’affiche, un groupe d’indie aux influences d’afro-beat en provenance de New York.
Autre groupe à noter toujours jeudi, l’ovni scénique de La Flopée. Cette formation de Strasbourg, composée par une dizaine de personnes d’October Tone dont Théo Cloux (T/O), Laura Sifi (collectif Noun), Delphine Padilla (Hermetic Delight), Adrien Morlen (Bang Bang Cock Cock) entre autres, ne se produit que sur scène puisque leurs morceaux sont accompagnés par d’autres performances artistiques…
Vendredi 27 mai
Jour de pont, les scènes du vendredi sont également bien fournies avec notamment le rock précis de The Psychotic Monks, rares en concert puisqu’ils se concentrent sur leur prochain album, ils seront secondés pour le rock de la soirée par The Guru Guru. Mais la claque du vendredi, c’est Annaël, du groove français plein d’énergie, à mi-chemin entre Stromae et Ben L’Oncle Soul. Il a été lauréat du Printemps de Bourges en 2021, typiquement le genre d’artiste qu’il sera compliqué de voir sur une petite scène ensuite…
Le festival programme ce soir-là son premier « versus », une création maison mêlant deux artistes hip hop du Grand Est : la strasbourgeoise Kamisa Negra et la rémoise Leys.
Samedi 28 mai
La pop toute en douceur et en longueurs de November Ultra aura la charge d’ouvrir la soirée tandis qu’une autre artiste pop, plus légère et vitaminée, suivra avec Aloïse Sauvage, Pelpass profite de son retour sur scène pour programmer cette chanteuse nommée aux Victoires de la musique en 2020.
Espoir du rap, Makala promet un show de feu selon les retours qu’a reçu Pelpass de ses précédents passages. La soirée proposera le second « versus » avec le post-pop strasbourgeois T/O et le « rock kaléidoscopique » messin de Chester Remignton pour une création que seuls les spectateurs du Pelpass festival pourront voir… À noter également, Serpent, le nouveau groupe post-punk du chanteur de Mathieu Peudupin, alias Lescop.
Dimanche 29 mai
Pour cette ultime journée, l’équipe de Pelpass s’est gardé ses petites pépites, comme MPL, un groupe sous les radars, mais connu parmi ceux qui aiment faire la fête en rires et chansons. Le groupe parfait pour un dimanche en musique avec les gamins. Autre amour de longue date, Black Sea Dahu, un groupe de folk rock orchestral que Jérémie Fallecker essaie de programmer à Strasbourg depuis quatre ans.
Des milliers de Strasbourgeois voient depuis l’automne 2021 leurs factures de gaz augmenter. Quasiment seul fournisseur local, Électricité de Strasbourg a choisi de s’extraire des tarifs régulés en 2018, empêchant ses clients de profiter du bouclier tarifaire.
Polina et Kaïdre déménagent en 2019 dans le quartier de la Montagne Verte à Strasbourg. Ils souscrivent un contrat de gaz chez Électricité de Strasbourg (ÉS) dès leur installation. Mais à partir de l’automne 2021, leurs factures ont triplé, elles passent d’environ 140€ tous les deux mois à 650€ en janvier 2022 pour un appartement de trois pièces.
Après une nouvelle facture de 590€ en mars 2022, le couple contacte son fournisseur et demande que leurs tarifs soient bloqués. Dans la Foire aux questions sur le site d’ÉS, il est inscrit que « les tarifs de l’ensemble des fournisseurs historiques dont ÉS fait partie sont concernés par l’application [du] bouclier tarifaire ».
Pas de solution proposée par ÉS
Pourtant, dans un courrier du 31 mars, le fournisseur explique au couple qu’il n’y est pas éligible : « dans votre cas, vous avez souscrit une offre de marché indexée dont le prix est révisé tous les trimestres en fonction des prix de marché du gaz. Ce contrat n’entre pas dans le périmètre du bouclier tarifaire », y lit-on. Plus bas, ÉS conseille à ses clients de « limiter [leurs] consommations de gaz dans la mesure du possible et d’opter pour le paiement mensuel, afin de lisser [leur] budget tout au long de l’année ».
« Nous nous sommes sentis captifs », explique Kaïdre. Après avoir réduit par quatre leur consommation de gaz en janvier, fait des travaux d’isolation et ajouté un chauffage à granule à leur domicile, leurs factures avoisinent tout de même les 600 euros, une somme trop élevée pour le couple.
Adrien Becker a lui aussi vu sa facture augmenter. La facture annuelle de cet habitant d’un T3 de 70 m² à Hangenbieten est passée de 727€ à 1 200€ pour une consommation pourtant réduite entre temps de 500 kWh. Son prix du kilowattheure (kWh) est passé d’environ 6 centimes en juillet 2021 à 11 centimes en mars 2022. Dépité, il a laissé un commentaire sur la page Google du fournisseur. Et la réponse est la même.
Ce fameux bouclier tarifaire, décidé par un décret du 23 octobre 2021, prévoit le blocage des Tarifs Réglementés de Vente (TRV) du gaz à leur prix fixé au premier octobre 2021, et ce jusqu’au 30 juin 2022 – soit environ 7,5 centimes HT en moyenne par kWh, selon la Commission de Régulation de l’Énergie. Une décision confirmée par l’article 181 de la loi de finance 2022 : les pertes des fournisseurs, qui revendront leur gaz moins cher qu’ils ne l’achètent, seront compensées par l’État. Sa dernière évolution, celle du décret du 9 avril 2022, étend cette protection aux habitats résidentiels collectifs (réseaux de chaleur, copropriété, HLM entre autres).
Une « stratégie commerciale » assumée par Électricité de Strasbourg
Dans la réponse reçue par Kaïdre et Polina, Électricité de Strasbourg indique que depuis 2019, il n’est plus possible en France de souscrire un contrat dont le prix du gaz est au Tarif Réglementé de Vente. Et ce à la suite de l’adoption de la loi Énergie Climat du 8 novembre 2019, ces tarifs ayant été jugés contraires au droit de l’Union européenne par le Conseil d’État en 2017. Ils ont donc vocation à disparaître, au plus tard le 1er juillet 2023 pour les particuliers.
Cependant, les fournisseurs peuvent encore choisir d’indexer leurs prix sur ces TRV. Ce mode de calcul est fixé une fois par an par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) – et le prix au kWh est donc moins volatile qu’un prix indexé directement sur le marché « réel » du gaz.
Mais ce n’est pas le choix d’Électricité de Strasbourg. Dans un message écrit, la communication de l’entreprise détaille :
« ÉS a choisi de proposer, à partir de septembre 2018, une offre de marché à prix indexé sur les prix de marché du gaz (indice PEG 3.1.3), comme un certain nombre d’autres fournisseurs en France, et, en parallèle, de ne plus commercialiser l’offre indexée au TRV (également comme d’autres fournisseurs historiques de gaz), dans l’optique de la fin programmée des Tarifs Réglementés de Vente de gaz. »
À Strasbourg donc, tous les clients d’Électricité de Strasbourg depuis 2018 ont un contrat dont les prix sont indexés sur les prix du marché du gaz, changeant chaque trimestre ou fixé sur un, deux ou trois ans. Les deux tiers des clients d’ÉS qui bénéficient encore du bouclier tarifaire ont souscrit leur contrat avant septembre 2018.
Après plusieurs articles et un appel à témoignage sur les réseaux sociaux, Polina et l’association Consommation logement et cadre de vie (CLCV) ont reçu chacun plus d’une centaine de messages de strasbourgeois et strasbourgeoises dans la même situation. « À ce stade, on ne sait pas si les arguments soulevés par ÉS traduisent ou non une mauvaise volonté de leur part », estime François Carlier, président de l’association CLCV.
… mais propre à chaque entreprise locale de distribution
Électricité de Strasbourg est une Entreprise Locale de Distribution (ELD) de gaz. Il en existe une vingtaine en France, telles que Gaz de Bordeaux ou Gaz et Électricité de Grenoble. Chacune peut, à sa discrétion, choisir ou non de proposer des offres de gaz à tarif fixe ou changeant, indexé sur les TRV ou sur un autre indice. « En choisissant mon contrat, j’avais bien conscience que le prix pouvait augmenter, ÉS me l’a bien expliqué », se souvient Adrien.
Mais toutes ces ELD n’ont pas adopté la même stratégie commerciale qu’ÉS. Chez Gaz de Barr par exemple, « le prix proposé aux consommateurs ne peut pas augmenter avant juillet 2022 », explique l’entreprise alsacienne. Il est en effet indexé sur les TRV, comme d’autres ELD le pratiquent, par exemple à Sallanches et à Bonneville en Haute-Savoie.
Une ouverture à la concurrence sans effet pour les Strasbourgeois
« La situation est différente dans les zones du territoire où il existe une concurrence entre les fournisseurs d’énergie, puisque les consommateurs y ont le choix entre plusieurs types d’offres proposées par plusieurs fournisseurs », explique Pierre-Laurent Holleville, chargé de mission pour le médiateur national de l’énergie à Rue89 Strasbourg. La loi Énergie Climat de 2019 vise en effet « [l]’ouverture du marché du gaz à de nouveaux fournisseurs proposant des offres compétitives par rapport aux TRV » selon le ministère de la Transition Écologique. Pour le code postal 67200, qui correspond à la Montagne Verte, les deux fournisseurs disponibles sont ÉS et Ekwateur, selon le comparateur du médiateur national de l’énergie.
Lorsque ÉS rappelle à Kaïdre et Polina qu’ils n’ont pas d’engagement de durée dans leur contrat de fourniture de gaz, le couple grince des dents : « Nous n’avons pas non plus d’alternative viable », expliquent-ils. Les prix d’Ekwateur sont également indexés sur le marché. Début mai, les tarifs proposés varient entre 9,5 et 13 centimes du kWh (contre entre 12 et 13 centimes pour ÉS selon le comparateur du médiateur).
Au final, les deux fournisseurs de gaz entre lesquels les Strasbourgeois peuvent choisir ont des offres tarifaires supérieures au TRV et non éligibles à la protection mise en place par les deux décrets et la loi de Finances. La dérégulation du marché de la fourniture de gaz naturel n’a donc pas bénéficié aux consommateurs strasbourgeois ni incité les fournisseurs à être plus compétitifs : les offres proposées ne font pas concurrence au prix fixé au niveau national.
Le médiateur de l’énergie impuissant
Kaïdre et Polina, tout comme Adrien, envisagent de saisir le médiateur national de l’énergie si la situation ne se débloque pas. « Il faut attendre deux mois après la réclamation auprès du fournisseur pour déposer un dossier », précise Kaïdre. La CLCV conseille aux consommateurs qui la contactent de faire de même.
Une saisine à laquelle la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg disent vouloir se joindre, dans un communiqué du 29 avril : « Si aucun geste n’est réalisé envers ces consommateurs, la Ville et l’Eurométropole se réservent la possibilité de saisir le médiateur de l’énergie pour appuyer leur demande ».
Joints par Rue89 Strasbourg, les services du médiateur de l’énergie tempèrent pour l’instant ses possibilités d’action :
« La commercialisation indexée sur les tarifs règlementés de vente est un choix commercial de la part des entreprises. Le médiateur ne peut pas les y obliger. Si elles proposent des offres de marché, elles ne peuvent pas bénéficier des subventions de l’État. »
Une mobilisation citoyenne, associative et politique
Adrien estime qu’il ne pourra pas récupérer les sommes versées au fournisseur. « Mais j’espère qu’il y a aura une solution pour l’hiver 2022 », souffle-t-il, inquiet. Même s’il ne se déclare pas « pris à la gorge » par les montants qui lui sont facturés, une augmentation continue risque de le mettre dans une situation précaire.
Après avoir créé une adresse mail (litigegazstrasbourg@gmail.com) visant à récolter les témoignages des foyers impactés, Polina constate que la situation devient intenable pour certains d’entre eux : « Des familles nous contactent car leurs factures avoisinent les 1 000 euros, qu’ils ne peuvent tout simplement pas payer ». Elle leur fait suivre un modèle de lettre de réclamation à adresser à ÉS, ainsi qu’un document résumant la situation. « Certaines personnes ont du mal à comprendre leurs factures, c’est un domaine qui peut vite devenir complexe », estime Kaïdre.
Leur but : trouver une solution à l’augmentation du prix du gaz, qu’aucun interlocuteur ne voit s’inverser dans les mois à venir. « Le but est de s’assurer que cet hiver, les personnes seront protégées et pourront se chauffer correctement », résume François Carlier de la CLCV.
La Ville et l’Eurométropole de Strasbourg ont adressé un courrier au Premier ministre Jean Castex le 28 avril, lui demandant « de proposer une solution équivalente au bouclier tarifaire » pour les personnes ayant un contrat comme ceux de Polina, Kaïdre et Adrien. Le même jour, les collectivités se sont adressées directement au directeur d’ÉS, Marc Kugler, l’incitant à un « effort commercial […] sur ses offres de fourniture de gaz ».
En 2021, un français sur cinq avait déjà déclaré avoir souffert du froid durant l’hiver, selon l’Observatoire de la Précarité Énergétique. « Ce n’est pas comme si on pouvait facilement se passer de chauffage, de gaz de cuisson ou d’eau chaude », ironise Polina.
Mardi 3 mai, il n’y a plus qu’une seule enseignante présente à l’école maternelle de la Musau. Elle doit théoriquement accueillir les élèves de trois classes, soit potentiellement environ 90 enfants. Dans cette école de six classes, l’absence régulière de deux ou trois enseignants non remplacés perturbe l’école depuis la rentrée.
Lundi 2 mai à 10h, Christine Lambert Mochel, la directrice de l’école maternelle de la Musau, a envoyé un mail à tous les parents d’élèves : « Nous vous demandons de bien vouloir garder vos enfants avec vous demain (3 mai, NDLR) dans la mesure du possible. » Le motif : trois enseignants ne travailleront pas. Une enseignante est en arrêt maladie depuis début novembre, deux autres seront absents et deux classes sont en sortie ce jour-là.
Dans l’école, qui compte six classes en tout, il ne reste donc mardi plus qu’une enseignante pour accueillir les élèves de trois classes, soit environ 90 enfants. D’après les parents d’élèves, cette situation est le point d’orgue d’une série d’absences régulières depuis le début de l’année scolaire.
Un long arrêt maladie jamais remplacé
« Une des enseignantes est absente à cause d’un accident depuis fin octobre », explique Isabelle Lonjon, mère d’une fille scolarisée à l’école de la Musau, et représentante des parents. Elle détaille :
« Son médecin prolonge son arrêt maladietoutes les deux semaines au lieu de lui donner un prolongement de longue durée. Des parents ont régulièrement demandé un remplaçant à la directrice de l’école et au rectorat, mais la réponse a toujours été la même : il n’y a pas de remplaçant disponible. Apparemment, le rectorat trouve plus rapidement un remplaçant pour un arrêt maladie de longue durée qu’une absence de deux semaines. »
Les élèves de cette enseignante sont dans une classe bilingue. Lundi et jeudi, ils ont une institutrice en langue allemande. Mais mardi et vendredi ils doivent être répartis dans les autres classes depuis le début de l’année.
Des enseignants d’autres sections sont régulièrement absents aussi. Selon Laetitia Ballarin, parent d’élève, « deux ou trois enseignants ont été absents en même temps cinq fois depuis septembre ». En raison du protocole sanitaire, le brassage des classes était interdit de novembre à janvier et les élèves ont dû rester chez eux à chaque absence.
Tout le monde souffre : élèves, parents, enseignants
Rue89 Strasbourg s’est entretenu avec six parents d’élèves. Tous témoignent des difficultés que génèrent ces changements de dernière minute dans leur travail et dans la gestion du quotidien. Une mère d’une élève raconte :
« Mon mari et moi travaillons à temps plein. Deux jours par semaine, j’ai dû garder mon enfant et travailler à distance, c’était difficile. D’autres parents d’élèves ont pris des jours de congé ou raté des rendez-vous… Nous avons décidé de mettre notre fille dans une école privée l’année prochaine, pour ne plus subir cela, c’était intenable. »
En février, la réautorisation du brassage des classes n’a pas fait disparaître les difficultés. Laetitia Ballarin décrit une situation vécue par de nombreux enfants :
« Ma fille se trouvait dans une nouvelle classe tous les deux jours. Mis à part les lundis et jeudis, elle ne savait pas qui serait son enseignant, ou si elle serait avec au moins une de ses copines. La maternelle, c’est le moment où les enfants apprennent comment être élève. Avec le Covid, et face aux incertitudes dans sa scolarité, ma fille n’aime plus l’école et ne comprend pas l’obligation d’y aller. »
Contactée, la directrice de l’école n’a pas répondu à nos questions. Le rectorat de l’académie de Strasbourg n’a pas non plus souhaiter répondre à nos questions.
Une parent d’élève a envoyé un mail aux parents de l’école maternelle de la Musau pour appeler à un rassemblement ce mardi 3 mai devant l’école à 8h10, afin de protester contre cette situation et demander des remplaçants.
Suite à l’alliance conclue entre La France insoumise (LFI) et Europe Écologie – Les Verts (EELV) en vue des élections législatives, la Nouvelle union populaire écologique et sociale va proposer des candidats dans toutes les circonscriptions d’Alsace. Trois seront réservées aux écologistes, dont celle de Strasbourg centre et la principale à Mulhouse.
Ce n’est pas encore l’union de la gauche, mais ça y ressemble. La France insoumise (LFI) et Europe Écologie – Les Verts (EELV) se sont entendus sur
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Pour sa mise en service prévue le 11 décembre, le futur REME, ou « RER strasbourgeois », n’aura pas les cadencements de trains prévus à l’origine . . .
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Seulement 90% des trains TER prévus circulent et la Région Grand Est, excédée, menace de ne plus payer sa facture. En gare et sur les lignes, les dysfonctionnements s’accumulent par manque de personnel et de matériel. Des agents témoignent alors que la SNCF peine à recruter tandis qu’en décembre, des centaines de trains supplémentaires sont programmés…
« Retards, annulations… On n’a jamais eu autant de réclamations », pointe François Giordani, président de la Fnaut (Fédération nationale des associations des usagers des transports) du Grand Est. « Nos responsables associatifs ont des remontées de personnes en pleurs dans les gares. C’est catastrophique, la situation génère de l’anxiété notamment les personnes avec un emploi précaire en CDD ou intérim. Et ça pousse des gens à retourner vers la voiture ».
Depuis septembre, l’impossible retour à la normale
Des dysfonctionnements apparus en série en septembre 2021, après 18 mois de service réduit en raison de la pandémie de coronavirus : le nombre de trains est revenu à la normale mais les équipes n’arrivent pas à suivre les exigences du planning.
Malgré cette situation déjà tendue, la Région Grand Est prévoit une hausse de 5% des Trains express régionaux (TER), soit une centaine de trains par jour en plus sur tout le réseau du Grand Est selon les modalités du « service annuel 2022 » (SA 2022). Ce que le vice-président en charge des Transports, David Valence (UDI), appelait un « choc d’offre » pendant la campagne des élections régionales en juin. Sauf que le choc n’a duré qu’une semaine. « Ce jour-là, Jean Castex est venu inaugurer la relance de la ligne Strasbourg-Épinal via Saint-Dié. Le samedi suivant, il y a eu 20 suppressions de trains », se rappelle un contrôleur. Depuis, le TER Grand Est fonctionne avec des Plans de transports adaptés (PTA) successifs, c’est-à-dire une fréquence réduite par rapport à ce qui est programmé, de l’ordre de 90% des trains.
Jean Rottner arrête de payer
L’actuel PTA court jusqu’au 29 mai. Après cette date, la SNCF doit rétablir un service à 100% tel que prévu par le SA 2022. Ensuite, le nombre de trains sera à nouveau allégé pour la période estivale.
Mais personne n’y croit. Vendredi 8 avril, Jean Rottner (LR), le président de la Région Grand Est a décidé de ne plus payer sa contribution au service de TER jusqu’à « un retour à la normale ». Il met en avant une « accumulation de dysfonctionnements ».
Une annonce tonitruante, mais qui n’a rien d’original selon Jean-Carl Millet en charge des conventions TER pour le syndicat Unsa ferroviaire dans l’ensemble de la France. Il met cette posture sur le compte du dénigrement de la SNCF :
« C’est une technique de rapport de force pour rappeler qui paie. Les Région Paca ou Auvergne-Rhône-Alpes l’ont déjà fait et plus récemment Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France, la veille de la primaire de la droite. Ça fait toujours son effet dans les médias, mais à la fin les Régions paient tout ce qu’elles doivent, car ne pas payer est tout simplement illégal. Si la SNCF ne remplit pas ses objectifs, il y a déjà un système de bonus-malus qui prévoit cela. Pour les TER, ce sont vraiment les régions qui ont le dernier mot et déterminent le niveau de service, la SNCF ne fait que des propositions ».
D’ailleurs, le coup de gueule de Jean Rottner n’a pas avancé la date de la fin du PTA. Les syndicats, eux, estiment avoir alerté sur ces difficultés prévisibles. Un mouvement de grève mi-novembre mettait un garde contre le SA 2022, intenable à effectifs constants. Cette action a d’ailleurs provoqué des projets d’embauches. « Un aveu que le plan de transports pour lequel s’est engagé la direction auprès de la Région était inapplicable », selon Louise Fève, représentante CGT qui siège au Conseil social et économique (CSE) du TER Grand Est. Mais entre le déclenchement des recrutements et l’arrivée de renforts dans les équipes de TER, il y a un gouffre.
Dès décembre, la Région constate que le SA 2022 ne fonctionne pas
Les équipes répètent travailler « à moyens constants » malgré la demande de trains supplémentaires, de l’ordre 100 trajets Strasbourg-Bâle par semaine en Alsace par exemple. La Région Grand Est a pourtant augmenté sa contribution de 5 millions d’euros, soit +1%, pour atteindre environ 496 millions d’euros en 2022 pour l’ensemble de la grande région. Surtout, elle a décidé d’augmenter les tarifs de 4% (tickets à l’unité et abonnements annuels) et 5% (forfaits mensuels, hebdomadaire et abonnement « télétravail »).
Côté SNCF, on a bien sûr peu gouté à l’annonce brutale de Jean Rottner. La direction a envoyé le jour-même un message aux salariés où elle dit avoir découvert cette décision « sur Twitter ». Et que « ces derniers mois ont effectivement été difficiles pour un certain nombre de nos clients, malgré votre engagement qui a été remarquable ». La SNCF n’a pas souhaité s’exprimer auprès de Rue89 Strasbourg sur ce sujet brûlant. La Région Grand Est, elle, n’a pas trouvé d’interlocuteur dans le délai donné, de près de trois jours.
Mais alors pourquoi ça déraille ?
Rue89 Strasbourg a interrogé des employés de cinq corps de métiers de la SNCF en Alsace pour comprendre les dysfonctionnements. Au centre opérationnel de proximité, par exemple, Julie (les prénoms des agents SNCF ont été modifiés) observe un changement de posture pour les TER depuis quelques mois :
« On commence à avoir une règle tacite : on arrête d’essayer de sauver des trains. Il vaut mieux supprimer un train que de trouver des solutions pour un départ. Car les battements sont tellement courts qu’ensuite cela engendre des retards sur toute la demi-journée.”
Car la SNCF doit tenir des objectifs vis-à-vis de la Région : un taux de régularité, le taux de ponctualité et un taux de suppression… Et selon ses calculs, mieux vaut supprimer un train qu’accumuler plusieurs retards. Le système de bonus-malus se répercute sur l’intéressement des agents en fin d’année.
Pour l’ensemble des personnes interrogées, les difficultés persistantes s’expliquent par deux principales raisons : le manque d’effectifs à bord et de matériel pour faire partir les trains.
La galère infinie du recrutement SNCF
Marc, contrôleur depuis douze ans, remarque les changements dans son quotidien :
« Même si nous travaillons à des horaires différents tous les jours, nous avons nos plannings six mois à l’avance. Mais en ce moment, toutes les semaines, on me demande si je peux modifier ma journée ou allonger mes horaires. Parfois c’est possible, mais parfois non et un train est annulé… Avant cette année, ça ne m’était jamais arrivé. »
L’employé rappelle que les contrôleurs ne s’occupent pas que de vérifier les billets, mais aussi de la sécurité des portes, ainsi que celle des passagers. S’il manque de contrôleur, malgré la présence d’un conducteur et du matériel, le train est donc annulé. Selon Louise Fève de la CGT et Laetitia Heim, également représentante au CSE, mais pour l’Unsa-Ferroviaire, il manque 30 à 40 contrôleurs pour les 150 postes, rien que dans le périmètre alsacien.
Les difficultés de recrutement sont palpables pour la SNCF : lors d’une session de recrutement pour 60 postes de contrôleurs, seuls huit candidats ont suivi la formation et deux sont allés au bout. Pour les conducteurs, quand la compagnie voulait créer trois groupes, un seul a pu être constitué. Et la promo n’a débouché que sur une poignée de recrutements… sur 39 possibles. Dans les ateliers, une séance de job dating n’a débouché sur aucun recrutement.
Depuis le début de l’année, la SNCF propose même aux mécanos une prime de 600 euros s’ils permettent un recrutement. Julien reste marqué par un départ récent : « On était super content d’un jeune qu’on avait formé pendant deux ans. Mais il est parti chez Kuhn à Saverne ». L’entreprise d’outillage proposait 500 à 600 euros de plus par mois.
Pour Laetitia Heim, les départs à la retraite n’ont pas été anticipés. Et des démissions sont passées inaperçues en raison du service allégé depuis mars 2020. Lors d’un CSE la dernière semaine d’avril, la direction a annoncé « des records historiques d’embauches », soit « deux fois plus que l’année dernière ». Par exemple, 35 des 71 embauches de contrôleurs sur le périmètre Grand Est seraient effectives.
Pour Marc, les conditions de recrutement strictes de la SNCF privent la société de certains demandeurs d’emplois :
« Il faut un casier judiciaire vierge. Il y a aussi des tests très poussés sur la consommation de drogue, qu’il ne faut pas avoir consommé les deux mois précédents. C’est parfois pris à la légère. Ça passe dans d’autres entreprises mais pas à la SNCF ».
Perte des avantages des cheminots, perte d’attractivité de la SNCF
Pour plusieurs métiers, le salaire de base est sous le Smic. Certes, les différentes primes permettent d’augmenter la rémunération d’un tiers. « Mais cela ne compte pas pour les retraites et ne s’applique pas dès qu’on ne roule pas, lors des congés payés, des congés maladie ou maternité », pointe Louis Fève de la CGT. Et pour recruter, la SNCF n’a plus les avantages du statut de cheminot (emploi garanti, couverture médicale, retraite anticipée, avancement) à mettre en avant pour contrebalancer ces inconvénients. En gare ou à bord, la plupart des métiers sont concernés par les horaires et jours de travail décalés. « Des personnes en formation se rendent compte qu’elles peuvent avoir un salaire équivalent, mais sans les horaires décalés », estime Ludovic Wintenberger, secrétaire général de l’Unsa ferroviaire à Strasbourg.
La fin du statut de cheminot et les réductions d’effectifs (-5 000 postes en 2020, soit -1,8% selon un rapport sénatorial) sont justifiées par la compétitivité et l’ouverture à la concurrence. Mais François Giordani relève qu’en Alsace, la SNCF fait face à une autre forme de concurrence… celle de la Suisse et l’Allemagne. « Les conditions de travail ne sont pas les mêmes, mais le salaire peut aller jusqu’à 8 000 euros. De plus en plus de personnes, même au sein de la société, se posent la question », explique Philippe, conducteur à Mulhouse. Lors d’un CSE en novembre, la direction a convenu des difficultés de recrutement, notamment « dans le bassin d’emploi de Mulhouse », près de la Suisse donc, mais aussi des usines Peugeot ou Alstom à Belfort pour les mécaniciens.
Un matériel sous tension permanente
Mais même quand les effectifs sont suffisants, il faut encore avoir un train prêt au départ. Au centre opérationnel, Julie se retrouve quotidiennement avec « 5 engins pour faire partir 6 trains. » Sur certaines lignes, une technique consiste à « couper les trains en deux », c’est-à-dire ne mettre qu’une voiture. Avec les Régiolis (« ceux en forme de suppositoire »), pas besoin de locomotive puisque chaque unité possède sa propre traction. Pratique, mais quand la taille du train est réduite de moitié, les trains sont deux fois plus bondés pour les passagers. Contrairement à une suppression, le fait d’être serré ou rester debout ne suscite pas de pénalités. De manière générale, Julie dit devoir composer avec « le même nombre de véhicules et de personnel » que les années précédentes, malgré le SA 2022 plus exigeant. Elle doit organiser des changements de train « deux à trois fois par jour ».
En revanche, elle doit composer avec un problème plus récurrent avec les trains Régiolis : « l’enrayage de patinage », c’est-à-dire quand des feuilles mortes se glissent sous les roues et bloquent le train. Ce problème est plus fréquent avec ces rames pourtant plus modernes.
Conducteur à Mulhouse, Philippe pâtit également des difficultés matérielles :
« On circule régulièrement avec des restrictions, ce qui veut dire des trains avec le moteur avant ou arrière qui ne fonctionne pas. Ce qui empêche d’avoir le train à pleine puissance, rend plus difficile le fait de tenir les horaires, et use davantage les mécanismes. En cas de panne évidemment, le train s’arrête complètement et on doit gérer seul la situation avec les passagers quand il n’y a plus de contrôleur, comme sur l’étoile ferroviaire de Mulhouse. Récemment, j’ai eu le même train avec des restrictions 13 jours de suite. Ce qui devait être l’exception est devenu habituel. Même si on signale qu’il y a un moteur hors service, on ne peut pas l’envoyer plus tôt en atelier car on n’a plus de réserve. Même parfois des trains sortent de l’atelier, ils n’ont qu’un moteur, on ne comprend pas. »
Les ateliers doivent aussi composer face aux tensions mondiales sur les pièces, qui retardent parfois l’approvisionnement. Et les amplitudes augmentées des trains en journée poussent à davantage de créneaux de travail de nuit.
Signe que les commandes de matériel, à la charge de la Région Grand Est, peinent à suivre les commandes, les voyageurs ont récemment vu apparaître des rames siglées « Région Normandie », obtenues pour pallier le manque de véhicules.
Le spectre de la concurrence et la séparation en entités
Enfin, un des effets de la réforme de 2019 de la SNCF a été de « désimbriquer » les équipes, réparties en plusieurs sociétés. À Strasbourg, à la place d’un chef de gare, il y a désormais un responsable de Gare & connexions, un autre de TER Grand Est et un troisième de SNCF Voyageurs.
“On nous demande d’être vigilants uniquement sur ce qui se passe sur le TGV. Si un TER est en retard mais qu’il y a des gens qui ont une correspondance pour un TGV on ne le sait pas, ou juste quelques minutes avant si on a l’information”, raconte Maxime Kieffer secrétaire général de la CGT cheminots à Strasbourg. En tant qu’agent d’escale, il est lui-même est devenu « multi-tâches », il doit veiller au départ des trains à quais et à l’orientation des voyageurs vers les bornes d’achat. « On a séparé nos entités, diversifié nos tâches et dans le même temps on a vu arriver plus de prestataires : pour la propreté, pour le bar du TGV, pour les personnes à mobilité réduite… », raconte-t-il. Il dit « comprendre de plus en plus les voyageurs quand ils sont excédés », notamment la complexification entre les tarifs TER et TGV.
Même au sein de TER Grand Est, la société est divisée en plusieurs « directions de ligne ». Une manière d’évaluer précisément les coûts de chaque ligne en vue de l’ouverture à la concurrence. « Même entre lignes, on se facture des personnels quand quelqu’un vient donner un coup de main », raconte Laetitia Heim de l’Unsa. Cette réorganisation entraine aussi des modifications des missions qui alourdissent la circulation des trains.
Agnès, agente d’escale à Strasbourg, donne un exemple :
« Il n’y a plus de train Bâle-Nancy. Il y a un Bâle-Strasbourg puis un Strasbourg-Nancy, même si c’est le même train de bout en bout. Mais comme il y a un changement de numéro de train, il faut obligatoirement passer en revue tout le train à Strasbourg pour refaire un bulletin de freinage à transmettre au conducteur, alors que c’est le même train qu’au départ. »
Une opération incompressible qui mobilise deux agents et nécessite au moins 5 minutes, soit pile le temps de battement entre l’arrivée et le départ du train. S’il y a un retard, impossible de le compenser.
Des crochets courts qui ne laissent pas de marge
Pour réussir l’augmentation des cadences, la SNCF a réduit les battements entre les arrivées et départs. Ce que les agents appellent des « crochets courts », de 5 à 10 minutes. Ce faible laps de temps permet difficilement de rattraper un retard au cours de la demi-journée. Agent d’escale à Strasbourg, Agnès raconte :
« En gare de Strasbourg, le train de 7h47 arrive de Sélestat. Là on le sépare en deux, l’un repart à Rothau à 7h55 sur la même voie et l’autre va sur une autre voie, et doit faire un petit aller-retour qui prend 10 minutes pour partir à 8h08 pour Barr. La semaine dernière le train était à l’heure, mais le décrochage ne s’est pas bien passé car un capot ne se fermait pas. Donc les gens voient le train à quai, mais ne comprennent pas pourquoi il ne part pas. Il y a peu de marge et dès qu’il y a un seul incident, ça pénalise deux trains. »
« Incohérences » et manque d’investissements pour l’opposition
Parmi les groupes politiques du conseil régional, on ne critique pas vraiment le geste de Jean Rottner de suspendre le paiement, car on partage le constat sur les problèmes. Dans l’opposition, le socialiste Michaël Weber se rappelle qu’une menace similaire avait été brandie par Jean-Pierre Masseret, alors président (PS) de la Région Lorraine dans les années 2010. Il déplore « un contrat de confiance rompu » avec la SNCF et une « incohérence » avec la hausse des tarifs, qui arrive au moment où le service n’est pas rendu. L’élu local estime que l’ouverture promise à la concurrence n’incite pas la SNCF à se démultiplier en cas de problème. Chez les écologistes, on juge que la situation est conséquente d’un manque d’investissements « tant par l’État que par la Région Grand Est ».
François Giordani, lui, regrette le manque d’échanges avec la Région pour comprendre leur stratégie :
« Avec la SNCF, on a un contact régulier avec des réunions tous les trois mois, ainsi qu’avec les cinq directions de lignes. Avec la Région Grand Est, le contact est inexistant. Si on fait un courrier, on a au mieux une réponse quatre mois plus tard… Donc on n’arrive pas à savoir s’ils ne se donnent pas les moyens de leurs exigences, ou s’ils font trop confiance à la SNCF. »
Le Réseau express n’est pas prêt
Ces difficultés interviennent alors qu’à la fin 2022, une révolution bien plus importante s’annonce en gare de Strasbourg. Le « Réseau express métropolitain » (REM) doit fonctionner avec une cadence à la demi-heure, plus tôt le matin et plus tard le soir.
Le REM prévoit une hausse de 42% les jours de semaine (+150 trains quotidiens), 130% les samedis (+200 trains) et le double les dimanches (+110 trains).
« Inapplicable » pour Laetitia Heim de l’Unsa. « Il n’y a pas les 30 conducteurs nécessaires », ajoute Louise Fève de la CGT. Bien qu’un financement soit bel et bien prévu, 14 millions d’euros répartis entre la Région Grand Est et l’Eurométropole, la Région anticipe déjà un retard à l’allumage. Elle table plutôt sur une mise en place en deux temps par rapport à ce qui avait été annoncé pour le 11 décembre 2022 (voir notre article).
Le festival de danse contemporaine de Pole-Sud est de retour jusqu’au 19 mai. À travers huit créations abordant le travail à la chaîne, de l’oppression ou la démarcation des classes sociales, les spectacles questionnent l’évolution du monde et la manière dont la société s’imprime dans les chairs. Et pour dénoncer ces nouveaux maux, de nouvelles danses sont nécessaires.
Après deux ans d’annulation et un début de saison encore en pointillés en raison du Covid, le Festival Extradanse 2022 est le premier temps fort de Pole-Sud, Centre de Développement Chorégraphique National, à pouvoir se maintenir dans toute l’étendue de sa programmation. L’occasion pour les spectateurs de se plonger pendant plus de trois semaines dans une danse contemporaine et politique. Elle s’empare, plus que jamais, des enjeux de son époque.
Cette année, le festival est rythmé par huit propositions réalisées par des artistes français, lituaniens, brésiliens, suisses ou encore portugais. Seuls en scène ou à dix, ils se produiront sur les scènes de Pole-Sud, du théâtre d’Hautepierre et du Point d’eau d’Ostwald.
Le corps face à la violence du progrès
Le corps est le reflet du mode de vie de chaque individu. Un geste peut signifier une classe sociale, une rigidité dans la posture peut découler d’une position ou d’une action répétées. Qu’on le veuille ou non, il est difficile au corps de mentir.
Dans son solo intitulé Workpiece, Anna-Marija Adomaityte se saisit de cette observation pour amener le spectateur à s’interroger sur les conditions physiques et sociales de la productivité. Nourrie par sa propre expérience de travailleuse dans un fast-food, l’artiste suisse renvoie face-à-face l’acte créatif de la danse et l’aliénation du travail répété.
Marco Da Silva Ferreira & Jorge Jacome questionne une autre innovation : celle de la technologie et du numérique. Soigneux mélange entre la danse et la projection d’images, la production de ces deux artistes portugais s’intitule Siri, à l’image de la petite intelligence artificielle cachée dans nos IPhones. Elle propose au spectateur de se projeter pendant une heure dans un monde post-humain pour interroger notre rapport au réel.
Quand les mots ne suffisent plus, l’expression de l’oppression par la danse
De son côté, Volmir Cordeiro s’attarde sur les « corps exposés », dans son coloré Trottoir. Le chorégraphe d’origine brésilienne met en scène six interprètes masqués qui s’incarnent dans une diversité de matière. Des corps qui contrôlent (policier, militaire…) à ceux qui travaillaient en passant par celui du SDF ou du bourgeois, tous finissent par passer par la rue et participer ainsi au collectif.
La chorégraphe Lia Rodrigues assume également pleinement la dimension politique de son art. Venue avec sa troupe de la favela de Maré, au Brésil, elle prouve que la violence ne peut étouffer la création. Née dans ce dangereux quotidien, son spectacle Fùria offre une place centrale aux exclus de la société, qu’ils soient Noirs, pauvres ou transgenres. D’abord timidement puis pleinement, ils sont invités à s’incarner entièrement dans leur corps, libérés de toute injonction à se cacher.
Une danse contemporaine et politique
Pendant toute la durée du festival, des bords de scène permettront à certains artistes d’échanger avec le public. Une « Rencontre double voix » est également proposée le 13 mai pour mettre en perspective et confronter deux artistes de la nouvelle génération : Anna-Marija Adomaityte et Sarah Cerneaux.
L’édition 2022 d’Extradanse qui se révèle complète et diversifiée. Que ce soit pour montrer, comparer, proposer ou dénoncer, la programmation propose un usage de la danse qui fait du bien.
Du 6 mai au 6 août, la « terrasse culturelle » appelée « La Grenze » rouvre derrière la gare de Strasbourg, avec une programmation variée, faite de concerts et d’ateliers. L’équipe dirigeante étoffe les aspects liés aux rencontres et aux familles.
La Grenze, « terrasse culturelle » établie derrière la gare centrale de Strasbourg, reprend vie à partir du 6 mai pour des concerts, des mixes, des ateliers et des tables-rondes les mercredis, jeudis, vendredis, samedis et dimanches soirs.
Mais jusqu’au 6 août seulement, car les porteurs du projet, la SNCF et les services de la Ville de Strasbourg se sont rendus compte qu’en zone d’activité ferroviaire, ce genre d’occupation temporaire ne pouvait excéder trois mois consécutifs… Tant pis pour l’été festif, le règlement, c’est le règlement, mais c’est décidément pas de chance pour La Grenze qui a connu des retards administratifs dès la première année, puis les restrictions liées au covid…
Jusqu’à 3 concerts par semaine
Néanmoins, La Grenze rouvre cette année le hangar clos pour les concerts payants (autour de 10€ la place), tandis que la terrasse reste accessible gratuitement. Les ateliers sont proposés à prix libre. La programmation, riche, propose jusqu’à trois concerts par semaine, avec plusieurs « temps forts » comme des soirées « carte blanche » confiées à des labels (Born Bad Records, Herzfeld, October Tone…).
Julie Goulon, aux manettes de la programmation musicale, avoue « s’être fait plaisir » :
« Y’a du rock, de l’électro, du hip hop… On a de quoi plaire à tout le monde, avec de belles découvertes. Le cube scénique peut accueillir jusqu’à 288 personnes, pour des soirées en deux parties : des groupes qui viennent d’Europe voire des États-Unis en tête d’affiche et des locaux en première partie. On accueille aussi deux résidences qui partagent les équipements : les Percussions de la Montagne Verte et Spleen Club. »
Parmi les venues annoncées, citons Dame Area, un duo catalan plutôt barré, entre performances vocales et percussions électroniques :
À noter également, la soirée du 1er juillet, avec le feu bruxellois de BRNS qui promet une belle séance de libération des chakras mais surtout avec en première partie l’un des groupes les plus prometteurs de Strasbourg, la pop soul chaloupée de Laventure :
Fabrication de tapis, sport, apéro-réparation de vélo…
Côté ateliers, la Grenze a abandonné ses séquences thématiques pour s’appuyer sur son réseau de partenaires, devenu conséquent au fil des ans. Les rendez-vous sont donc très éclectiques, allant d’apprentissages pour fabriquer des tapis à des fanzinothèques, en passant par des séances de sport et des apéros pour réparer son vélo. Ces ateliers à prix libre sont abrités sous une structure plus solide et plus confortable.
Deux week-ends pour se venger du Covid
Deux gros week-ends seront tout de même dédiés à la vie retrouvée après le Covid. Le premier, du 27 au 29 mai appelé « Déconstruire Reconstruire » vise à questionner notre modèle économique, avec parmi les activités proposées un escape-game pour sortir du capitalisme. Le second, « week-end du fun » du 3 au 5 juin, veut rattraper toutes les occasions manquées de faire la fête pendant les confinements et proposera une fête foraine, méga-boum, un karaoké géant, des barbapapa, etc.
La Grenze développe son côté familial, avec une nouvelle aire de jeux pour enfants appelée « Grenzimonstres » et créée par Mathilde Noirot après un appel à projets. Les dimanches sont aussi rallongés et prévus pour accueillir des familles avec des activités en cohérence.
Cuisine du monde et un bar solidaire
Installée juste à côté d’un centre d’hébergement d’urgence, La Grenze essaie de maintenir des connexions avec les bénéficiaires de ces structures. Ils disposent de jetons pour venir consommer des boissons sur la terrasse, d’un système de « boissons suspendues » qui leur est accessible et La Grenze participe au système de La Cloche, un réseau de solidarité à destination des SDF. Julie Goulon et Thibaut Philipp cherchent à maintenir ce lien avec l’univers de l’accompagnement social même s’ils avouent que leur ouverture temporaire sur l’année et tardive en journée les empêchent de construire des partenariats solides.
À la cuisine, La Grenze fera appel à Patricia qui proposera des plats africains pendant les trois premières semaines puis Élise proposera des plats d’univers différents. Ponctuellement, la terrasse proposera des tartes flambées ou des crêpes. La carte du bar, « entièrement locale » insistent Julie et Thibaut, est inchangée avec la pinte de Meteor à 5,50€.
Dans la nuit du 28 au 29 avril, des militants de Maquis Alsace Lorraine, un collectif d’opposants à la Coupe du monde au Qatar, ont réalisé de nombreux tags aux abords du stade de la Meinau et sur la billetterie. Ils dénoncent notamment les décès de 6 500 travailleurs depuis le début du chantier des stades censés accueillir la compétition internationale.
Des employés de l’entreprise de nettoyage Onet et du Racing Club de Strasbourg s’affèrent autour du stade de la Meinau pour effacer des dizaines de tags en cette matinée du vendredi 29 mars. Dans quelques heures, plus de 25 000 supporters afflueront pour assister au match Strasbourg-PSG, club détenu par Qatar Sports Investments.
Sur le sol, les murs de la billetterie, les blocs de béton pour empêcher les voitures de passer, près de l’arrêt de tram Krimmeri, d’où arrivent les spectateurs, sur le trottoir avenue de Colmar, on peut lire « Boycott Qatar », « Qatar pue la mort », « 6 550 morts, 2 500 000 esclaves, 1 coupe d’immonde », ou encore « QNB finance le terrorisme », en référence à la banque sponsor du club parisien.
Les tagueurs évoquent les travailleurs décédés sur les chantiers au Qatar
« Nous étions neuf pour cette opération. Pour la venue du PSG, nous voulions interpeller les spectateurs et l’opinion public : peut-on tolérer la propagande du Qatar (à travers la diplomatie sportive et la Coupe du monde, NDLR) malgré tous les scandales ? »
De nombreux passants s’arrêtent pour prendre les tags en photo. Une femme âgée souffle : « Il y a des inscriptions comme ça partout, je ne comprends pas ce qu’ils veulent dire et pourquoi ils font ça. » Les conditions de travail sur les chantiers et la mort d’au moins 6 500 travailleurs depuis l’attribution de la Coupe du monde au Qatar sont les principaux motifs de mobilisation de Maquis Alsace-Lorraine. Plus généralement, le collectif alerte sur le non-respect des droits des personnes LGBT au Qatar, ou la probable corruption de nombreux membres de la FIFA pour l’attribution de la Coupe du monde au Qatar.
À l’heure de publier cet article, le Racing club de Strasbourg ne s’est pas encore exprimé sur cet événement.
Pour la maire et présidente du conseil de surveillance des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), « il faut un plan d’investissement massif dans l’humain car les logiques purement financières et de rentabilité affaiblissent l’offre publique de soins . . .
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